Weem : la cabine connectée multifonctions
Après deux ans de R&D, la start-up rouennaise prend aujourd’hui son envol. Elle a profité du confinement pour réviser son process de production et élargir sa gamme. Et le carnet de commande se remplit.
« Nous avons fait une levée de fonds il y a un an... Mais aujourd’hui, ce sont les fonds d’investissement qui viennent nous trouver ! » Emmanuel Ratel, le directeur général de Weem a le sourire. À peine quatre ans après sa création, l’entreprise est passée de l’idée à la production et voit son carnet de commandes se remplir : une cinquantaine de cabines connectées et insonorisées destinées principalement au territoire normand.
L’idée est née en 2016 dans l’esprit de Clément De Souza, président de Weem : créer des cabines de travail connectées destinées au microworking dans des lieux publics, et ainsi donner la possibilité à tous de transformer du temps d’attente en un temps productif. « Des cabines existaient déjà, raconte Emmanuel Ratel. Mais pour beaucoup, la cabine n’est qu’un meuble. Pour nous, elle est un moyen de partager un usage. » Après deux ans de R&D, le produit est au point, mais peine à trouver son public. Weem saisit alors « l’opportunité » du premier confinement pour affiner son process de production et élargir sa gamme en développant de nouveaux usages.
Santé et précarité numérique
Le plus en vue du moment, virus oblige, est, sans doute, celui dédié à la télémédecine. Des cabines avec ou sans instruments médicaux permettent de réaliser une consultation à distance. Mais pas question de fournir une prestation au rabais. « Nous ne sommes que des intermédiaires, insiste Emmanuel Ratel. Nos cabines sont destinées à de vrais médecins du territoire, qui ont l’envie et le temps de réaliser des téléconsultations ». Ce sont donc les groupements de médecins qui sont interrogés en premier lieu sur leur besoin, avant une prise de contact éventuelle avec une collectivité, soucieuse de maintenir une présence médicale sur son territoire.
Toujours en lien étroit avec les collectivités territoriales, Weem a aussi développé un produit d’inclusion numérique. Avec l’objectif d’apporter une connexion, bien sûr, mais surtout, un accompagnement pour la réalisation de démarches numériques. « On estime que 20 % des Français sont en précarité numérique, assure Emmanuel Ratel. La cabine est un outil pertinent pour y remédier, via la médiation numérique. » Weem propose ainsi des cabines équipées d’une solution web, permettant un accompagnement en direct des usagers par des médiateurs, salariés de l’entreprise.
Obsolescence refusée
Des salariés, justement, Weem en compte actuellement quinze. « Nous étions cinq, il y a moins d’un an, sourit le dirigeant. Et nous serons, sans doute, trente l’année prochaine et cinquante la suivante. » Recherche et développement, marketing et vente, médiation, donc... mais aussi construction. Weem a en effet fait le choix d’assembler elle-même ses cabines écoconçues. Soixante-dix sous-traitants, tous à moins de 100 kilomètres de Rouen, sont mobilisés et les matériaux utilisés sont aussi les plus « verts » possibles.
Cette éthique, Weem l’amène aussi sur des terrains sensibles en matière de technologie numérique : « Nous nous refusons absolument à toute obsolescence, défend Emmanuel Ratel. Nos cabines doivent durer au moins dix ans. Et chaque mise à jour logicielle n’est réalisée que si l’ensemble des cabines peut en bénéficier. » Et bien sûr, l’ensemble des données collectées sont immédiatement effacées à la sortie de la cabine...
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre
Weem fait partie des 12 start-up normandes à participer à la 5e édition de VivaTechnology à Paris qui se déroule du 16 au 19 juin.
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