Transition écologique
Fabrice Legentil, directeur de l’Ademe Normandie : « Les blocages idéologiques sont derrière nous »
Dans un contexte tendu alliant accidents climatiques et crise énergétique, l’Ademe a engagé 98,3 M€ d’aides d’Etat vers 372 nouveaux projets en 2022. Le point avec Fabrice Legentil, directeur régional.
Accompagner la transition. Voilà ce à quoi s’emploie l’Ademe en Normandie comme ailleurs. Avec deux sujets, véritable fer de lance, notoirement liés : la décarbonation et l’énergie. « En 2022, nous avons consacré un peu moins de 100 M€ à cette transition, chiffre Fabrice Legentil directeur régional de l'Ademe, dont 65 M€ sur le volet [de la sobriété] énergétique et 31 M€ sur la décarbonation de l’industrie. » Des fonds issus de France Relance (le plan déployé en réponse à la crise du Covid), et aujourd’hui du plan France 2030.
Plus précisément, ce sont 98,3 M€ (+30 % par rapport à 2021) qui ont été engagés dans 372 projets sur les cinq départements normands, dont 202 M€ concernent directement des projets industriels. « C’est une des spécificités de notre territoire normand, insiste le directeur de l’Agence. L’industrie y est le plus gros consommateur d’énergie finale. L’enjeu autour de ce secteur est donc très important. »
Un guichet de l’écoconception
Rien d’étonnant donc à ce que des projets comme le projet Socrate, qui prévoit une stratégie de décarbonation à l’échelle d’un groupe d’acteurs sur un même territoire, soient largement accompagnés par l’agence, via l’appel à projets Zibac. Ce sont ainsi 7,5 M€, sur quatre ans, qui sont déployés pour financer des études. Celles-ci sont destinées à préfigurer des projets plus pointus qui pourraient bénéficier d’accompagnements spécifiques.
Au-delà de ces grands projets industriels, l’agence déploie aussi des moyens pour un accompagnement « quotidien » des entreprises. Par exemple, elle vient de lancer cet été, en partenariat avec la Région, l’EcoDesign Hub, un pôle de conseil et d’accompagnement sur l’écoconception. « Il s’agit d’un guichet gratuit destiné à mettre à disposition des connaissances et des compétences pour les accompagner dans les prémices de leurs réflexions », commente le directeur de l’Ademe.
Soutien aux collectivités
Même logique pour les collectivités, dans une approche de territoires. « Nous accompagnons 47 EPCI qui représentent environ 80 % de la population normande, note Fabrice Legentil. Et nous déployons de nouveaux dispositifs pour aller chercher les autres. » Au menu : économie circulaire, économies d’énergie (notamment par l’isolation), production d’énergies renouvelables… « Les blocages idéologiques sont derrière nous, se félicite encore le directeur de l’agence normande. Mais certaines collectivités ont des difficultés à appréhender ces sujets complexes. Parfois simplement par manque de personnel ou de compétences. Nous pouvons fournir des outils et de l’ingénierie pour les accompagner. »
Au total, ce sont ainsi plus de 32 M€ qui ont été engagés sur ces projets territoriaux, dont le champ est large, allant de la valorisation des déchets à la mobilité. L’Ademe compte, par exemple, participer au développement de la géothermie, une énergie renouvelable très peu exploitée en Normandie.
Et pour les collectivités déjà bien engagées dans ces démarches de transition, l’Agence a aussi mis en place un accompagnement à la résilience, pour les aider à anticiper les crises. Lutte contre les îlots de chaleur, plan de prévention industrielle ou anti submersion, gestion du ruissellement et des précipitations… Les grandes villes normandes tentent d’anticiper et de contrer de futures conséquences du changement climatique.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre