Relocalisation industrielle : « Il faut oser, mais il ne faut pas le faire seul »
Le 30 novembre et le 1er décembre, le campus rouennais Neoma accueille la seconde édition du rendez-vous « Pour une France industrielle ».
Ce 15 novembre à Mont Saint-Aignan, il était question de relocalisation industrielle à Neoma Business School, l’établissement d’enseignement étant particulièrement mobilisé sur ce sujet. Les CCI Normandie, l’association Relocalisation.fr et plusieurs entreprises seinomarines étaient présentes pour évoquer le lancement d’un accélérateur "relocalisation-réindustrialisation" et le rendez-vous "Pour une France industrielle" le 30 novembre et le 1er décembre.
Une démarche dans la durée
« En juin 2022, avec Carine Guillaud, de l’association Relocalisation.fr, nous avions organisé une première rencontre qui comprenait un hackathon. Un rendez-vous très apprécié que nous réitérons le 30 novembre et le 1er décembre », introduit Denis Gallot, directeur du campus Neoma Business School de Rouen. Plusieurs groupes d’étudiants plancheront ainsi sur des projets d’entreprises normandes et présenteront leur travail. Conférences et ateliers seront également programmés et ouverts à tous. Une occasion, espère le directeur de Neoma Rouen, « d’attirer un peu plus les étudiants vers les PME du territoire ».
Une relocalisation incontournable pour la région, qui, selon l’Insee, comptait en 2022 15 000 entreprises industrielles représentant 203 000 emplois. Mais une relocalisation « qui devra s’inscrire dans la durée, puisque nous avons mis une génération à délocaliser, par cupidité », analyse Vincent Laudat, président de la CCI Rouen Métropole. « Mais nous ne pourrons pas tout relocaliser », constate-t-il avec pragmatisme, estimant qu’il faudra s’appuyer, notamment sur les pays européens et le bassin méditerranéen.
« Je crois qu’on peut faire beaucoup de choses dans ce domaine, et bien plus qu’on ne le pense. Il faut oser mais il ne faut surtout pas y aller seul », arebondit, pour sa part, Carine Guillaud. Pour la fondatrice de Relocalisations.fr, il faut développer ses idées en partenariat avec son écosystème. Un impératif qui a conduit l’association à se rapprocher des CCI pour lancer un accélérateur "relocalisation-réindustrialisation", dans un premier temps en Normandie, en Ile de France, en Bourgogne Franche Comté et dans les Hauts de France.
Le lin, source d’inspiration
Si "fabriquer français" comporte des défis, cela n’a pas effrayé les sept premières entreprises normandes qui ont intégré cet accélérateur et qui seront suivies entre 4 à 6 mois dans leurs projets. Parmi-celles-ci, Mijuin, entreprise seinomarine créée l’année dernière. « Nous voulons créer un atelier de confection en circuit court consacré au lin », résume sa fondatrice Pauline Beuzelin, lassée de voir la production normande de lin partir en Chine et en Inde. « A note échelle, nous voulons servir d’intermédiaire entre les industriels français – filateurs et tisseurs - qui reviennent au lin et les marques ».
Également dans le secteur textile, Amaury Catrice, fondateur de la sortie de bain évolutive Artus et Paola. « J’ai créé ce produit, fabriqué dans les Vosges, il y a treize ans en tant qu’auto-entrepreneur. L’idée fonctionne bien mais je n’ai jamais pris le temps de développer l’entreprise. La CCI m’a encouragé à sortir de ma solitude et à être ambitieux ». L’entrepreneur confie s’intéresser également au lin.
Même volonté d’avancer sur la voie du "made in France", du côté d’Amaury Piquiot, Guillaume Yrondelle, à la tête d’Human Mob, créée en 2023. « L’idée d’un vélo collectif fabriqué en Normandie est née ici, dans ces locaux, lorsque j’étais étudiant à Neoma », sourit Amaury Piquiot qui souligne qu’il s’est inspiré d’un concept en provenance des Pays-Bas. Le véhicule - dont le carénage devrait être en fibre en lin- est modulable pour transporter des personnes et des marchandises ou encore du matériel varié. Dans le cadre d’un hackathon les étudiants de Neoma travaillent sur les projets de ces trois entreprises. Rendez-vous le 30 novembre pour en savoir plus !
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont