Normandie Granit recycle les monuments funéraires
À Lanquetot, Yohann Langlois récupère les pierres tombales des concessions abandonnées pour les retravailler et créer de nouveaux monuments funéraires. Un commerce qui, après seulement un an d'activité, a trouvé sa clientèle.
S'il y a bien un secteur dans lequel l'économie circulaire ne semble pas pouvoir s'appliquer, c'est bien le funéraire... Et pourtant. Tout n'est pas si définitif dans la mort. C'est en tout cas ce que démontre Yohann Langlois, gérant de Normandie Granit. Installé à Lanquetot, cet ancien magasinier recycle aujourd'hui les monuments funéraires abandonnés pour en faire de nouveaux. L'idée lui est venue en allant entretenir les tombes de ses aïeux. « J'ai vu un panneau "fin de concession" sur une tombe. Je me suis alors demandé ce que deviennent les pierres lorsque la concession n'est pas renouvelée. » La réponse : elles sont détruites par la mairie lorsqu'elle redevient propriétaire de la concession.
Pour éviter un tel gaspillage, Yohann Langlois décide donc de se lancer. Il signe des conventions avec plusieurs municipalités pour récupérer les pierres, qu'il retravaille ensuite. « Tout est récupérable et réutilisable, explique-t-il. Je n'ai quasiment pas de pertes. » Avec la commune du Havre, ce sont 400 pierres que Yohann Langlois doit ainsi récupérer chaque année. Et ainsi, il peut proposer un monument funéraire à des tarifs bien inférieurs à ceux du neuf.
Un tarif très compétitif
« Chez un marbrier traditionnel, un monument basique coûte entre 6 000 et 7 000 €. Moi, en moyenne, je suis à 1 300 €, même si avec certaines pierres, plus rares, on peut dépasser les 2 000 €. » De fait, une clientèle peu fortunée s'est rapidement rapprochée de l'entreprise, qui mise sur le bouche à oreille et une page Facebook très régulièrement animée. D'autres sont d'abord séduits par le « recyclage » réalisé par l'entreprise.
Le résultat, c'est qu'après un an d'activité seulement, Normandie Granit est aujourd'hui à l'étroit dans ses locaux. L'entreprise déménage donc dans l'entrepôt voisin, et double sa surface passant de 200 à 400 m2. Pour répondre à la demande, Yohann Langlois a aussi embauché un marbrier pour l'épauler. Et une seconde embauche est programmée pour septembre. L'objectif, pour lui, étant de se libérer du temps pour accueillir les clients. « J'aimerais me développer plus vite, avoue Yohann Langlois. Mais pour ça il faut des fonds. Je n'ai reçu aucune aide, à l'exception d'un accompagnement par la CCI pour monter mon projet. J'ai dû vendre ma voiture pour pouvoir m'acheter ma machine et le camion grue. »
Deux nouveaux points de vente
L'activité rayonne sur tout le pays de Caux, mais aussi dans l'Eure et dans le Calvados. Aussi, le dirigeant travaille à l'ouverture de deux points de vente sur ces départements, dès 2023. « J'ai déjà trouvé un local à Evreux, et je cherche activement dans le pays d'Auge ». En parallèle, pour assurer ses intrants, il discute actuellement avec plusieurs communes normandes. Plutôt de grandes villes, avec un grand besoin de places dans leurs cimetières...
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre