NAE : tourner la page de 2020 et se projeter en 2021
Fauchée en plein vol par la crise sanitaire, la filière aéronautique normande a passé une année compliquée. Pour autant,elle reste solide et résolument tournée vers l’avenir. Entretien avec Philippe Eudeline, président de Normandie AeroEspace (NAE).
A l’aube de la nouvelle année, peut-on dresser un bilan de l’année 2020 ? Une annus horribilis pour l’aéronautique ?
Philippe Eudeline, président de NAE (Normandie AeroEspace) : Il est certain que 2020 aura été une année très très compliquée. Nous avons pourtant attaqué l’année avec un grand optimisme, et des carnets de commande pleins. Notre principale problématique, c’était le recrutement avec un rythme entre 1 500 et2000 postes ouverts chaque année dans les entreprises de la filière aéronautique normande. On ne voyait pas ce qui pouvait freiner cette trajectoire ascensionnelle. Et en quelques semaines, la situation s’est complètement inversée, pour devenir parfois dramatique, notamment pour les entreprises de l’aéronautique civile, parfois aussi engagées dans la filière automobile. Heureusement, ce n’est pas le cas pour la totalité des membres de NAE.
Justement, comment se portent les autres secteurs d’activité dans lesquels vos membres sont impliqués ?
P.E. :Outre l’aéronautique, nos membres touchent à plusieurs secteurs d’activité, comme le spatial, la défense et la sécurité. Quand on regarde les activités spatiales, elles sont stables.Même si, depuis les trois dernières années, Space X a un peu révolutionné le secteur, les grands acteurs ont désormais trouvé leurs marques et beaucoup de contrats ont été passés. Le secteur de la défense aussi se porte bien. Il faut remercier le ministère des Armées qui a vraiment joué le jeu en lançant les programmes comme il l’avait indiqué. D’autres entreprises sont diversifiées sur d’autres filières comme le nucléaire ou le médical. Elles s’en sortent plutôt bien.
Cette diversification, NAE la porte depuis plusieurs mois, en insistant notamment sur le secteur de la défense… Cela vous a conforté dans cette idée ?
P.E. :C’est effectivement un de nos axes stratégiques. Il était déjà inscrit dans notre plan d’action, que nousavons signé il y a trois ans avec la Région Normandie qui nous soutient très fortement. Cela concerne le domaine militaire, mais pas seulement. Nous avons pris contact avec d’autres secteurs comme le ferroviaire ou le nucléaire, pour voir comment les compétences disponibles dans nos entreprises peuvent être mises à leur disposition. Nous avons mis en place un comité défense, qui a pour objectif de présenter les grands marchés de la Défense et de faire venir les grands clients en Normandie pour qu’ils nous expliquent leurs besoins… Pour, bien sûr, essayer d’y répondre.
Dans cette optique, la recherche et l’innovation sont des atouts clés…
P.E. : Notre axe « recherche technologie innovation » a pour objet de repérer et porter de nouvelles technologies qui vont permettre à nos entreprises de se démarquer. Et derrière cela, notre rôleest de fédérer l’écosystème, de l’aider à se structurer et de nouer des partenariats. Nous avons par exemple lancé une plateforme avec Arkema, autour de la fabrication additive, avec un centre d’innovation à Serquigny. Et plus récemment, nous avons lancé au Havre, le Centre d’innovation drones Normandie. Cette recherche s’articule aussi avec les territoires voisins et notamment avec l’Astec en Ile-de-France, pôle de compétitivité, et qui peut conduire des recherches que nous avons instruites.