Mijuin fait tomber la chemise en lin à l’Elysée
Les 26 et 27 octobre, l’entreprise Mijuin, basée à Malaunay, sera au palais de l’Élysée à l’occasion de la Grande exposition du fabriqué en France. Elle y exposera une chemise en 100% lin circuit court.
« C’est une très belle visibilité pour notre entreprise et aussi pour la filière du lin. D’ailleurs, la France en est le premier producteur mondial », se réjouit Pauline Beuzelin, fondatrice de Mijuin, basé à Malaunay. Son atelier de confection de vêtements, accessoires et linge de maison en lin a été sélectionné, le 15 juillet, parmi plus de 2 200 candidatures pour participer à la Grande exposition du fabriqué en France. Les 26 et 27 octobre, cet événement parisien met à l’honneur 122 entreprises, artisans, producteurs, industriels et associations engagés dans une démarche de fabrication française.
L’entreprise, lancée en 2022, affiche déjà une belle activité. « Nous nous développons pas à pas. Depuis février 2023, nous avons déjà valorisé plus de 3 500 mètres linéaires de tissu pour une équipe de huit personnes », se réjouit l’entrepreneuse qui gère un atelier de 60 m². Avec le retour de filatures de lin en France, Pauline Beuzelin a voulu relancer la confection de textile sur le territoire. « 85% de la production mondiale est cultivée sur le littoral de la Manche, entre Caen et Amsterdam. Mais elle s’exporte, principalement en Asie, pour la transformation. »
Privilégier les circuits courts
Les visiteurs de la Grande exposition découvriront ainsi une chemise pour hommes et femmes, dont la matière première a été cultivée, teillée, filée et tissée dans les Hauts-de-France et la Normandie, puis assemblée à Malaunay. « Le lin, c’est agréable à porter, on respire mieux avec. C’est une matière thermorégulatrice, agréable au toucher », note la dirigeante. L’entreprise fabrique également des pantalons, jupes, nœuds papillons, pochettes, sacs… Des pièces produites en petites séries allant de 125 à 165 €. Son savoir-faire a conquis des particuliers, mais aussi des entreprises avec la customisation personnalisée des pièces. « Nous commençons également à produire pour d’autres marques qui souhaitent relocaliser leur production », renchérit la fondatrice de Mijuin.
En exposant ses produits à l’Elysée, la marque normande veut promouvoir son engagement pour le circuit court. Souveraineté nationale, réindustrialisation… Mijuin est persuadé que le lin peut s’inscrire dans une transition écologique et sociale. « Contrairement au modèle de fast fashion, les gaz à effets de serre liés au transport sont réduits. On peut retracer chaque étape de notre chaîne d’approvisionnement. Quant aux couturiers, ils sont amenés à travailler régulièrement sur des machines différentes, ce qui favorise la polyvalence et le travail en équipe », atteste l’entrepreneuse.
Des projets en tête
Face à la demande, l’entreprise prévoit de s’agrandir. « Nous aimerions atteindre plus de 220 m² de surface et automatiser certaines taches dans notre confection », projette Pauline Beuzelin. La gamme de produits pourra alors s’étendre plus facilement. Mais tout dépendra aussi des récoltes annuelles de lins et des prix. « Entre 2020 et 2023, le lin teillé est passé de 3 à 10 €. Nous espérons que cela va baisser ces prochaines années. Nous pourrions concevoir plus de linge de maison », conclut la fondatrice de Mijuin.
Pour Aletheia Press, Lucas Saleur
Bientôt des vêtements en chanvre ?
Tout comme les cultures, le lin doit faire l’objet de rotation pour assurer des rendements optimaux sans nuire à la qualité du sol. Il peut revenir sur la même parcelle après six à sept ans. Pour éviter toute dépendance et atténuer les aléas (climatiques, économiques) liés au lin, Mijuin pourrait aussi utiliser le chanvre. « Cette plante a les mêmes propriétés, la même couleur que le lin… La filière est en plein démarrage. Avec des recherches, du développement, on pourra aussi la transformer localement comme le lin. »