L’industrie normande mobilisée pour valoriser ses déchets
Mi-février, l’association régionale des entreprises agroalimentaires a livré les résultats d’une enquête territoriale sur la valorisation des coproduits.
Enjeu stratégique et économique, la transition d’une économie linéaire vers une économie circulaire est plus que jamais au cœur des préoccupations. Voilà pourquoi les entreprises agroalimentaires de Normandie ont souhaité se pencher sur la valorisation de leurs déchets… L’Area Normandie (association régionale des entreprises agroalimentaires) et Réséda (réseau professionnel pour la sécurité et la qualité sanitaire des denrées animales) ont ainsi conduit en 2019, une enquête territoriale sur la valorisation des coproduits agroalimentaires. Les résultats de cette enquête, soutenue par l’Ademe et la Région Normandie, ont été présentés à la profession mi-février.
La valorisation par méthanisation se développe.
Pour 13 secteurs différents, l’enquête a permis d’identifier une soixantaine de coproduits et leurs voies de valorisation. L’alimentation animale reste une voie de valorisation privilégiée (61 %) devant les autres industries (IAA, pharmacie, cosmétique, santé…) à hauteur de 25 %, la valorisation agronomique et enfin, la production d’énergie. Bien qu’en dernière position, la méthanisation apparaît toutefois comme une voie de valorisation en net développement par rapport à 2010. Elle fait plutôt concurrence à l’épandage et au compostage, qu’aux voies de valorisation industrielles.
Toutefois tout n’est pas parfait. Des coproduits non valorisés ou sous-valorisés ont pu être identifiés par l’enquête. Pour l’essentiel, ce sont des coproduits issus de l’industrie de la seconde transformation. Aussi, pour l’Area et Réséda, il semble nécessaire de porter les efforts d’optimisation sur ce secteur. Il existe des leviers, tels que la recherche d’une meilleure maîtrise des pertes d’ingrédients lors du process ou d’une meilleure valorisation économique des coproduits.
6,3 milliards d’euros de chiffre d’affaire.
Au-delà des données collectées et analysées, l’enquête aussi a montré la nécessité d’améliorer la connaissance de la réglementation relative aux secteurs de valorisation, de sensibiliser les entreprises à l’intérêt de la contractualisation, à l’obligation de tenir un registre des déchets… A ce titre, elle devrait se poursuivre par l’accompagnement des entreprises à travers les dispositifs existants, que beaucoup d’entreprises agroalimentaires normandes maîtrisent peu. De plus, l’innovation, levier efficace pour identifier de nouvelles pistes de valorisation, devra également être encouragée. L’agriculture, la mer et l’agroalimentaire constituent une filière économique majeure pour la Normandie. En effet, elle compte plus de 30 000 exploitations agricoles, 630 entreprises agroalimentaires avec plus de 840 sites de production. L’agroalimentaire est le 1er secteur économique régional (17 % du chiffre d’affaires industriel régional). Il emploie 25 500 personnes (15 % des emplois industriels régionaux), et réalise 6,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont 1,1 milliard d’euros à l’export. Par ailleurs, la région compte 25 fabricants d’aliments pour animaux qui ont produit 750 900 t d’aliments en 2018, ce qui représente 3,6 % de la production française.