Les ports de plaisance doivent repenser leur business model
Jeudi 19 décembre à Cany-Barville, avait lieu la 3ème conférence des ports locaux et littoraux de la Seine-Maritime.
« La plaisance c’est l’pied » disait le chanteur Renaud. Certes. Mais si « l’envie de mer » est toujours une réalité en France, le profil du plaisancier, lui, a bien changé. Au point de remettre en cause l’équilibre économique des ports de plaisance. Voilà pourquoi les ports de Seine-Maritime ont consacré à cette thématique une large part de leur 3ème conférence des ports locaux et littoraux qui se déroulait le 19 décembre à Cany-Barville.
De nouveaux modes de consommation.
En effet, du Havre au Tréport et même au-delà, tous font le même constat : le temps des ports bondés et des listes d’attente à rallonge est bel et bien fini. Si chaque année plus de 100 000 permis sont délivrés en France, l’engouement ne se reporte pas sur l’achat de bateaux. Les marchés du neuf et même de l’occasion sont en recul constant, et l’âge moyen des propriétaires ne cesse de croître. « Aujourd’hui, il y a plus de gens qui arrêtent de naviguer que d’acheteurs de bateaux », constate Adrien Sanquer, du Cabinet Wiinch, à qui une étude a été commanditée par les ports normands.
A l’instar de ce que l’on voit dans d’autres secteurs économiques, les nouveaux plaisanciers se reportent donc sur de nouveaux modes de consommation. Les boatclubs, les plateformes de partage ou la location se développent… Et globalement la pression diminue donc sur les ports de plaisance qui peinent de plus en plus à faire le plein. « Nous étions dans un marché déséquilibré en notre faveur, note Gildas Gautier, directeur du port de plaisance du Havre. Aujourd’hui ce n’est plus le cas et nous avons l’obligation d’apporter un service irréprochable. » Ce service passe évidemment par des investissements de rénovation ou d’aménagement. Cela a par exemple été le cas au Havre où 5 millions d’euros ont été investis pour aller vers un port sécurisé, responsable et connecté.
Une expérience client à la carte.
Mais même cela ne suffit pas forcément à attirer les plaisanciers. Ils ont besoin de services supplémentaires : une offre d’entretien des bateaux, un coaching personnalisé ou même des formations d’aide à la manœuvre… Celles-ci pourraient être conduites en partenariat avec les clubs nautiques qui peinent parfois à retrouver du dynamisme, ou avec les bénévoles de la SNSM, qui joueraient ainsi un rôle de prévention important. « La plupart des permis sont aujourd’hui passés à Paris sur la Seine, note Adrien Sanquer. C’est une toute autre affaire quand il s’agit de rentrer dans un port ou de naviguer en mer. » Bref, il s’agit pour les ports de plaisance de proposer une expérience client à la carte, qui dépasse le seul modèle d’un emplacement et d’une durée. Et pas seulement sur le port… Les ports de plaisance ont aussi à mieux s’intégrer dans les dynamiques locales. En étant la porte d’entrée à l’offre touristique et commerçante locale bien sûr, mais aussi en étant reconnus comme un lieu de vie par les habitants. Accueil de conférences, de séminaires ; valorisation du patrimoine historique local… « Les ports normands n’ont pas tous les mêmes caractéristiques, conclut Adrien Sanquer. Il faut que chacun trouve son modèle en s’appuyant sur ses forces. »