Hervé Pruvost a les mains dans la terre et la musique dans les oreilles
Hervé Pruvost est potier depuis quatre ans. Par ailleurs musicien et gérant d'une entreprise de sonorisation, il a installé son atelier dans le hameau de Martincamp, réputé pour ses poteries depuis le Moyen-Âge.
Trompettiste, corniste, saxophoniste… bref musicien, et ancien intermittent du spectacle, Hervé Pruvost, artisan potier, n'est pas né les mains dans la terre, mais plutôt les oreilles baignées de musique. Gérant d'une entreprise de sonorisation, c'est en arrivant à Bully, hameau de Martincamp qu'il envisage de se lancer dans la poterie, sur les pas de son épouse, décoratrice sur céramique. « Nous avons relancé, rue des Potiers, une activité traditionnelle de Martincamp », explique-t-il.
Grès et faïences
Il aura fallu presque trois ans de formation à Hervé Pruvost pour maîtriser son art. Une formation de trois heures par semaine suivie auprès de Myriam Elmassian, artisan potier à Crasville-la-Rocquefort. En parallèle, il ouvre son atelier qui a aujourd'hui quatre ans d'existence. « C'est pour moi, surtout, un complément d'activité, souligne l'artisan. Mais c'est aussi par amour du travail de la terre et de l'artisanat. »
Cette passion pour ce métier, Hervé Pruvost aura du mal à la cacher. Tournant principalement la faïence et le grès, il produit bols, coquetiers, assiettes, saladiers, vases, carafes, photophores... et même des entonnoirs à confitures, et des cloches à fromage de Neufchâtel en forme de cœur. Bref tout ce qui lui fait envie, ou qui plait aux clients. « En poterie, on peut faire de tout. Certains clients me font des commandes très précises ; parfois un service complet », raconte-t-il. De quoi l'occuper un bon quart du temps, quand on sait qu'il faut environ trois semaines pour produire une fournée de faïences (tournage, tour-massage, décorations, émaillage et cuisson).
De retour sur les marchés
Saint-Saëns, Neufchâtel, Dieppe, Longueville, Auffay... Tout, ou presque, est vendu sur les marchés de la région qu'il fréquente chaque semaine avec son épouse. En parallèle, il participe aussi à des marchés artisanaux dans toute la région, jusqu'à 200 kilomètres à la ronde. Du moins jusqu'à l'an dernier... Comme pour d'autres activités, la Covid a sérieusement rabattu les cartes, les artisans d'art n'étant pas considérés comme des « essentiels ». « On repart complètement de zéro, s'alarme Hervé Pruvost. Cela fait plus d'un an qu'on ne travaille plus. On a mangé toutes nos économies, et nous n'avons eu droit pratiquement à aucune aide. » 450 euros, voilà ce qu'il a réussi à toucher en un an et demi...
Malgré cela, Hervé garde le sourire. Il a repris il y a peu la route avec son camion, profitant que son activité de sonorisation est totalement à l'arrêt, pour augmenter sa présence sur les marchés. Indispensable pour retrouver un peu de chiffre d'affaires et de trésorerie. Il envisage même d'organiser un nouveau marché artisanal avec quelques-uns de ces voisins à Bully, rue des Potiers.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre
Les poteries de Martincamp, réputées de longue date
Rue des Potiers à Martincamp... Il n'y avait pas d'endroit plus approprié pour installer l'atelier H.Poterie. Le hameau, tout proche du carrefour des Hayons, était en effet un grand centre de production de poterie en Seine-Maritime du XVIIe au XIXe siècle, et surtout le seul à avoir produit du grès. Bénéficiant d'une terre à grès à proximité, les potiers de l'époque disposaient aussi d'un privilège leur donnant accès au bois de la forêt d'Eawy toute proche, pour alimenter les fours. Les pots et plats de Martincamp ont connu un vrai succès dans toute la France.