Le Havre : l’Ecole de production forme les chaudronniers de demain
Les 12 élèves du CAP Chaudronnerie de la nouvelle Ecole de production de la métropole havraise, vont réaliser leurs premiers produits commerciaux début avril. À mi-chemin entre l’académique et l’apprentissage, cette école apporte une nouvelle réponse à la pénurie de main d’œuvre qualifiée et au chômage des jeunes.
L’école de production de la métropole havraise a officiellement ouvert ses portes fin décembre en accueillant la première promotion de son CAP chaudronnerie. Soutenue par de grandes entreprises, la mission locale et la Région, elle doit apporter un début de réponse à la pénurie de main d’œuvre qualifiée dans le secteur et participer à l’intégration de jeunes en difficulté avec le système scolaire.
L’histoire commence en 2019 avec la volonté de la ville du Havre de trouver des solutions pour les jeunes dits "en décrochage scolaire". Elle envisage alors d’ouvrir une troisième voie dans la formation professionnelle, à mi-chemin entre le parcours académique (les lycées professionnels) et l’apprentissage (les CFA). Les regards de la mission locale et de la Région se tournent alors rapidement vers les écoles de production, qui cherchent justement à se développer sur l’ensemble du territoire national.
2 000 heures de pratique
« Nous sommes la trente-cinquième école de production en France, mais l’objectif est d’atteindre 100 écoles d’ici 2028 », raconte Stéphane Lelièvre, directeur de l’école de production du Havre. Le choix de la chaudronnerie apparaît rapidement comme une évidence, tant le métier est en tension. De plus, il ouvre la voie à deux autres métiers également en recherche de main d’œuvre : la tuyauterie et la soudure. L’école propose d’ailleurs une qualification (CQPM) post-CAP en 3e année.
La première promotion compte 12 élèves dont 3 migrants. Des jeunes qui sortent de 4e, de 3e ou même de 1ère. « Pour nous, le seul critère d’admission, c’est la motivation…, assure Stéphane Lelièvre, directeur opérationnel. Les écoles de production offrent un bon compromis pour les jeunes qui ne se retrouvent pas dans l’éducation "classique" et qui ont des difficultés à trouver un contrat d’alternance auprès d’un employeur. » L’apprentissage se fait par la pratique : sur les 34 heures hebdomadaires, 23 se font en ateliers. Les essais et manipulations en atelier permettent de soulever le questionnement et d’aborder ensuite la théorie et la pédagogique. « Ce sont des métiers de gestes, insiste le directeur. Il faut du temps de pratique. Nous en proposons 2 000 heures ! »
Commercialisation des produits
Et pour que ce temps de pratique soit aussi formateur qu’un stage en entreprise, les écoles de production sont aussi des écoles entreprises. Elles répondent à des commandes d’entreprises marraines de l’école, se positionnant en quelque sorte comme des sous-traitants. Stéphane Lelièvre poursuit : « On compte sur une vingtaine de parrains dès cette année, dont les entreprises membres de notre association. La première fabrication de produits commerciaux est prévue début avril. »
« Bien sûr, nous n’avons pas vocation à concurrencer les sous-traitants du territoire », défend Stéphane Lelièvre. Les revenus issus de la production ne peuvent pas dépasser 30 % des recettes de l’école. Pour le reste, l’école se repose sur ses mécènes : les fondations Total principalement, mais aussi Air Liquide et PSA, ainsi que sur la mission locale, la Région et l’Etat. « Nous avons aussi un soutien important de la part de l’UIMM, avec qui nous avons un partenariat, et qui nous accueille dans ses locaux », poursuit le directeur de l’école. Le recrutement de la seconde promotion a d’ores et déjà débuté.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre