Fécamp : Sepoa-Delgove lance son hareng « pêche française »
L’entreprise fécampoise de fumage et de salage de poissons Sepoa-Delgove vient de lancer un produit certifié 100 % pêche française. Un moyen de se différencier sur un marché concurrentiel.
Les temps sont à la relocalisation et à la traçabilité. Chez Sepoa-Delgove, à Fécamp, on l’a bien compris. L’entreprise de fumage et de salage de poissons vient en effet de lancer son hareng fumé certifié pêche française, commercialisé sous la marque La Mère Angot. Un moyen de se différencier sur un marché concurrentiel. « Du hareng, on en trouve partout, rappelle Matthieu Lagarde, responsable d’exploitation chez Sepoa-Delgove. Ce label pêche française nous permet d’avoir une position de leader sur ce marché qui est saturé. »
Pêché par des bateaux français
Concrètement, ce poisson est garanti pêché par des bateaux sous pavillon français de France Pélagique, avec qui Sepoa-Delgove a noué un partenariat. « La traçabilité est impressionnante, souligne Jean-Christophe Lagarde, le gérant de Sepoa-Delgove. Non seulement, on sait par quel bateau a été pêché le poisson, mais on sait aussi le lieu de pêche et la date de pêche à l’heure près. » Un moyen aussi de contrôler que le cahier des charges imposé par Sepoa-Delgove est bien respecté. Le hareng doit en effet être pêché à une période précise de sa migration, de septembre à fin novembre. « A cette période, le hareng est plein, mais il a un taux de gras qui correspond bien à nos méthodes de fumage », explique Jean-Christophe Lagarde, qui voit aussi là, l’occasion de maintenir les traditions fécampoises.
Sepoa-Delgove s’est aussi associé au néerlandais Cornelis Vrolijk, dont France Pélagique est une filiale. C’est en effet dans les entrepôts réfrigérés de celui-ci que le poisson est débarqué et stocké, avant d’être acheminé par camions vers Fécamp, au fil des besoins de l’entreprise de fumage. Le port seinomarin ne disposait en effet pas des infrastructures nécessaires à ces opérations. « D’autant que nous n’avons pas la capacité de prendre la totalité de la pêche d’un bateau », argumente Jean-Christophe Lagarde. Investir dans un entrepôt n’aurait pas eu grand sens.
Les distributeurs déjà séduits
Néanmoins, l’entreprise fécampoise a tout de même investi 120 000 € pour installer ce nouveau produit. Soutenue par le groupe d’action local pêche aquaculture Fécamp Caux Littoral, la Région et l’Europe, la société a aménagé ses locaux, réorganisé sa production, et formé une partie de son personnel. Le tout, notamment pour accueillir une fileteuse prêtée pour trois ans par Cornelis Vrolijk, qui permet de traiter les poissons congelés entiers. « Cela nous permet aussi de relancer cette technique du filetage qui avait disparu de Fécamp », souligne Matthieu Lagarde.
Malgré le surcoût induit, le produit séduit déjà les distributeurs. « Le consommer local s’inscrit dans les mœurs d’aujourd’hui, défend Matthieu Lagarde. Et les distributeurs sont demandeurs. Ils cherchent à retrouver une image à travers, notamment, leurs démarches de filières. » Peu à peu, ils franchissent le pas. Déjà, le groupe Auchan a intégré totalement ce hareng Pêche Française dans ses référencements. D’autres font le choix de conserver les deux produits : le hareng fumé pêche française et le hareng fumé classique.
Sepoa-Delgove produit chaque année 300 à 350 t de filets de hareng (60 % de l’activité de l’entreprise). « Notre objectif, c’est d’arriver à 100 % de hareng pêche française », poursuit Matthieu Lagarde. L’entreprise estime être à 60 % de ses capacités de production et espère donc se développer.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre