Eolien en mer : Fécamp accueillera 4 GW supplémentaires
Huit fois la puissance actuelle : deux parcs éoliens supplémentaires seront construits au large de Fécamp. Rien d’étonnant à ce que les ministres de la Mer et de l’Energie aient choisi la Seine-Maritime pour dévoiler, le 18 octobre, les futures zones d’implantation d’éoliennes en mer.
C’était une annonce attendue pour les mondes de l’énergie et de la mer. Le gouvernement a dévoilé, ce 18 octobre à Fécamp, ses décisions de planification de développement de l’éolien maritime pour les dix ans à venir. Une décision qui fait suite à un exercice de consultation publique (nommée Débat en Mer) censé intégrer les points de vue de l’ensemble des parties prenantes et des usagers de la mer, des scientifiques aux pêcheurs, en passant par les industriels… « Le fait que cette annonce intervienne moins d’un mois après l’entrée en fonction du nouveau gouvernement démontre tout l’intérêt que nous portons à ces questions », a déclaré Fabrice Loher, ministre délégué chargé de la Mer et de la Pêche. Une preuve aussi, sans doute, qu’en la matière au moins, le changement politique se fait surtout en continuité.
4 GW annoncés au large de Fécamp
Au total, ce sont ainsi 9,4 GW qui sont ouverts à appels d’offres, avec un objectif de mise en service à l’horizon 2035. Ils concernent La Manche, l’Atlantique et la Méditerranée. « Il était très important pour nous de valoriser l’ensemble des façades maritimes métropolitaines », a insisté Olga Givernet, ministre déléguée à l’Energie. Le tout en intégrant des contraintes techniques, mais aussi en essayant d’éviter les conflits d’usages. « Il nous faut trouver un équilibre entre sécurité maritime, souverainetés alimentaire et énergétiques, et la préservation de la biodiversité », a rappelé à plusieurs reprises Fabrice Loher. Les zones choisies sont ainsi situées à plus de 23 kilomètres des côtes et excluent les zones de protection fortes (ZPF) de l’espace maritime.
Au jeu de la distribution des gigawatts, c’est la Normandie qui tire son épingle du jeu avec 4 GW attribués aux deux futurs parcs de Fécamp Grand Large. Ceux-ci seront construits au large du parc actuel (500 MW), en éolien posé (avec des fondations gravitaires). Cette attribution de taille à la Normandie est, selon le ministère, liée notamment à la configuration du littoral : peu profond et facilement raccordable à la côte. De quoi réjouir les élus locaux favorables de longue date au développement de l’éolien maritime et qui accueillaient les ministres pour cette annonce nationale. « Nous espérions de belles annonces pour Fécamp », avoue Marie-Agnès Poussier-Winsback, ministre de l’Economie sociale et solidaire, ancienne maire de Fécamp et députée du territoire.
Eolien flottant : 5,4 GW en Bretagne, Gascogne et Méditerranée
Les 5,4 GW restants concernent de l’éolien flottant. 2 GW sont attribués au parc Bretagne Nord Est, au large de Paimpol. Dans l’Atlantique, 1,2 GW ira compléter l’actuel parc de Gascogne Nord, avec un prolongement au Sud. Enfin, la Méditerranée devrait accueillir au large d’Agde et de Port la Nouvelle, un parc flottant de 2 GW.
La planification, qui doit à la fois tracer la politique énergétique du pays et donner de la visibilité aux industriels, dépasse aussi le seul horizon 2035. D’autres sites sont d’ores et déjà préfigurés pour 2050, date à laquelle le Gouvernement vise une production nationale de 45 GW pour l’éolien maritime. Soit, rappelle Olga Givernet, 20 % de la production énergétique nationale. « C’est l’équivalent de 13 EPR2, insiste la ministre. C’est une chance pour nos territoires, et créateur d’emplois locaux. »
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre