Agriculture urbaine : UniLaSalle se penche sur la question des sols
L'agronomie reste un levier important de développement de l'agriculture. Mais en ville, les connaissances « campagnardes » sont remises en cause. Les étudiants d'UniLaSalle se penchent sur la question pour accompagner le développement de cette nouvelle agriculture.
L'agriculture urbaine a de beaux jours devant elle... En tout cas, elle se développe depuis quelques années sous la double impulsion d'une volonté de reverdir la ville et de consommer plus local. Jardins en permaculture, toitures – potagers, bacs en tous genres... et bien sûr, les initiatives privées côtoient des initiatives professionnelles.
Dans cette dynamique nouvelle, les repères des agronomes sont chamboulés. « Dans les jardins, les potagers, il y a souvent des sols importés d'ailleurs, explique Babacar Thioye, professeur en agro-écologie à UniLaSalle à Mont-Saint-Aignan. Et globalement, on manque de références. » D'autant qu'en milieu urbain, les sols sont aussi soumis à d'autres facteurs environnementaux qu'en pleine campagne.
Voilà pourquoi l'école d'ingénieurs en agriculture a intégré à son Master of Sciences Agriculture Urbain et Villes Vertes, une sortie d'étude des sols urbains cultivés à Rouen. En 2021, c'est le jardin de Repainville à Rouen qui a été visité. En 2022, le Champ des Bruyères à St-Etienne-du-Rouvray. « A partir du moment où l'agriculture urbaine commence à prendre une vraie place dans les agricultures, l'enjeu devient important », poursuit Babacar Thioye. Et il ne s'agit pas seulement de nature du sol ou même de sa structure plus ou moins tassée, ou même d'une pollution...
Collecter des indicateurs et constituer des références
En effet, au-delà d'être un support aux cultures, le sol rend des services écosystémiques importants. Les microorganismes qui l'habitent jouent tous un rôle qui peut influencer le devenir d'une culture. Les étudiants d'UniLaSalle ont donc réalisé des comptages de vers de terre, mais aussi des prélèvements de sols et de racines. En laboratoire, ils ont ensuite analysé les paramètres physico-chimiques de ces prélèvements, et mesuré l'activité symbiotique, notamment mycorhizienne, autour des racines.
La démarche est avant tout pédagogique pour armer les étudiants, futur conseillers ou agriculteurs eux-mêmes, dans ce domaine de l'agriculture urbaine. « Cela va les amener à mieux appréhender le fonctionnement biologique d'un sol urbain », résume le professeur. Mais elle pourrait aussi déboucher sur quelque chose de plus structurant. L'acquisition d'indicateurs physicochimiques et biologiques peut, si elle est réalisée sur les bases d'un protocole scientifique solide, devenir un atout important au développement de cette agriculture. Avec derrière des enjeux économiques bien sûr, mais aussi d'autonomie alimentaire, et d 'environnement.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre