Ressources humaines
Recrutement : pour éviter les mauvaises surprises, vérifier la fiabilité des CV
Outil majeur des processus de recrutement, le CV n’est pourtant pas toujours révélateur des réelles expériences et qualifications de chacun des candidats. Certains n’hésiteraient pas à y inscrire de fausses informations. EveryCheck, spécialisée sur le créneau de la vérification, liste les principaux mensonges utilisés par les candidats.
Dans le parcours de recrutement de candidats, le CV reste « indéboulonnable, estime Yohan Zibi, CEO et co-fondateur d’EveryCheck, société parisienne spécialisée dans la vérification de références. Si certains recruteurs veulent lui faire la peau, notamment les entrepreneurs digitaux qui ont tendance à lui préférer la plateforme LinkedIn, le CV reste un document indispensable pour les entreprises. » Reste que pour se mettre en valeur, certains candidats falsifient des informations ou présentent de faux diplômes. En moyenne, « 65% des CV contiennent des informations erronées ou des écarts mineurs », considère Yohan Zibi. « Il s’agit parfois simplement d’une amélioration ou d’un embellissement, qui n’a pas d’impact sur le recrutement. »
Des omissions de complétude d’informations
Au rang des plus grands mensonges mentionnés par les candidats au mois de décembre 2020 figurent, notamment, le CDD d’un an qui a en réalité duré un jour, un double master inexistant ou encore une fausse obtention de diplôme. « Les candidats peuvent se montrer très inventifs. Ce sont essentiellement des mensonges par omission, commente Yohan Zibi. Par exemple quelqu’un qui a suivi trois mois d’un cursus et qui le mentionne comme s’il avait effectué trois années, un candidat qui indique un poste sur deux années, alors que ce n’était en fait qu’une mission de deux mois, ou encore un poste important dans une entreprise alors que le candidat n’était que stagiaire. »
Le flou offert par le CV permet de jouer avec la réalité. En revanche, une candidature sur huit contient un mensonge majeur qui peut remettre en question l’hypothétique recrutement – faux CV, expérience inventée ou exagérée ou motif de fin de contrat mensonger. « C’est le cas, notamment, pour des postes de commerciaux, dans le secteur bancaire ou informatique où pour obtenir un poste, les candidats n’hésiteront pas à ajouter les mots-clés », explique Yohan Zibi. Il faut savoir qu’une mauvaise embauche coûterait au minimum 6 500 euros, soit trois mois de Smic, à l’employeur. « Mais en réalité, celui-ci lui coûte plus cher, puisqu’il faut prendre en compte la perte de temps, la formation dispensée, le coût de recrutement d’un nouveau candidat etc. »
Travail d’investigation en amont
Or, deux tiers des entreprises confient ne pas vérifier les diplômes ou les informations annoncées dans les CV de leurs candidats*. Et pour celles qui effectueraient des contrôles, ceux-ci se limitent souvent à deux actions : la demande d’une copie des diplômes obtenus et l’appel téléphonique des références fournies par les candidats. Or,« Il est très simple d’acheter un faux diplôme en France, en surfant sur Google ou si vous êtes doué en Photosphop », avertit Yohan Zibi. De même, s’agissant des références, le candidat privilégiera les contacts de personnes bienveillantes qui « iront dans son sens. En cela ces contrôles n’auront que peu de valeur ».
Pour éviter les mauvaises surprises et se prémunir avec certitude de fausses informations, les services RH ont donc intérêt à vérifier la fiabilité des informations inscrites. Mieux vaut, par exemple, appeler la formation ou le service RH de l’entreprise mentionnée par le candidat. « C’est un travail d’investigation à faire en amont, assez chronophage », reconnaît Yohan Zibi. Sachant que les leviers de contrôle sont parfois difficiles à actionner.« Il faut obtenir l’autorisation du candidat en amont, à cause du RGPD ».
Des entreprises comme EveryCheck se sont spécialisées sur le créneau et vérifie en moyenne 10 000 CV ou diplômes par an. Si dans les pays anglo-saxons, le métier s’est bien développé, en Europe continentale, il reste encore très à la marge. Pourtant, «cela permet aux entreprises de gagner en temps et en sérénité ». Pour justifier leurs embauches et s’assurer que les candidats détiennent les soft skills nécessaires, les entreprises multiplient les tests comportementaux. « Mais cela reste des critères affectifs et non factuels ou froids, comme des diplômes ou des compétences » relativise le CEO.
Charlotte DE SAINTIGNON
*Etude de Florian Mantione Institut de 2013