Arelaune-en-Seine : Avec Brotonia, Marc Haffner défend une bière de terroir

Les brasseries artisanales fleurissent partout en France. A Arelaune-en-Seine, Marc Haffner cherche à se différencier en apportant un goût marqué des ingrédients du terroir.

Au total Marc Haffner propose 12 références différentes au fil de l’année. (©Aletheia Press / B.Delabre)
Au total Marc Haffner propose 12 références différentes au fil de l’année. (©Aletheia Press / B.Delabre)

En matière d’entrepreneuriat, la rencontre entre un homme (ou une femme) et un produit, crée souvent de belles histoires. Celle de Marc Haffner et de sa bière Brotonia est de celles-là. Installée à Arelaune-en-Seine (La Mailleraye-sur-Seine), la brasserie artisanale qu’il a créée connaît un succès grandissant. Au point qu’il a récemment décidé de construire un nouvel atelier et d’embaucher. « J’ai bien augmenté la production, mais j’ai encore du mal à répondre à la demande », avoue-t-il.

L’histoire commence il y a quelques années. L’homme, ténor et professeur de chant lyrique en région parisienne, cherche à développer une activité en marge de son métier. Il imagine une activité artisanale qu’il souhaite installer dans une maison familiale située à Arelaune. Originaire de Moselle, il pense rapidement à la bière. Les débuts sont à l’image de cette activité secondaire : modestes. « J’ai fait mon premier brassin en janvier 2018, se souvient-il. J’ai commencé petit, dans la cuisine, dans des marmites de 150 litres… »

Une houblonnière dans le village

C’est le grand confinement de mars 2020 qui change la donne. Du jour au lendemain, Marc Haffner perd tous ses élèves de chant. Il accélère donc l’augmentation de sa production avec notamment un passage à des cuves de 700 l. « Aujourd’hui je produis environ 200 hectolitres par an. Ça a créé un emploi. Mais je veux garder cette taille artisanale. Mon souhait a toujours été de réaliser une bière de terroir et je dois maîtriser la provenance des ingrédients. Je cherche une variété d’orge vraiment adaptée au terroir. Pour le houblon il y aussi des choses à faire. C’est un argument pour la biodiversité, mais aussi bien sûr commercial… »

Le brasseur cultive lui-même son houblon. 400 pieds sont cultivés au cœur de la Mailleraye-sur-Seine. (©Aletheia Press / B.Delabre)

Pas si facile… surtout lorsqu’on est labellisé "Agriculture biologique". Les produits bio et locaux sont parfois difficiles à trouver, et les variétés atypiques ne sont pas nombreuses. Pour sécuriser ses approvisionnements, Marc Haffner se rapproche ainsi d’un voisin agriculteur en cours de conversion en bio. Celui-ci devrait lui fournir 4 tonnes d’orge qui seront maltées à façon à Bayeux.

Pour le houblon, il a misé sur l’autoproduction. « Le houblon, c’est ce que moi, je pouvais apporter. J’ai commencé ici, dans le jardin avec 50 plants. Mais avec l’agrandissement il m’en fallait davantage… » Une houblonnière de 400 plants constituée de 6 variétés principales a ainsi pris pied sur un terrain communal au cœur du village de la Mailleraye. De quoi satisfaire les besoins du brasseur… et même un peu plus.

Se différencier plutôt qu’inonder

Avec l’augmentation de sa production et 12 références différentes, Marc Haffner fournit 60 points de vente. Des épiceries fines, des Biocoop, des cavistes … Il travaille aussi avec un intermédiaire spécialiste du Bio qui redistribue ensuite ses produits. De quoi écouler 90 % de sa production. Le reste est vendu en direct, à la brasserie, auprès de quelques Amap, ou lors de marchés ou fêtes artisanales. Et s’il espère augmenter encore sa production, il insiste surtout sur son souhait de conserver une dimension artisanale… « Je n’ai pas de grandes ambitions d’expansion. Je veux juste en vivre. Le marché devient un peu concurrentiel. Mais il y a encore de la place, à condition que chaque brasseur trouve sa particularité. Et on n’aura pas besoin de bouffer le voisin pour exister… »

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre