Filière cuir : « Nous allons nous adresser aux marques qui ont un fort potentiel de développement en France »

Mettre en relation marques de maroquinerie ou chaussure et ateliers de fabrication spécialisés dans le cuir : Faire De Lance, dispositif mis en place par la filière du cuir, a déjà permis à de jeunes marques de réaliser des projets. Pour 2025, il ambitionne de changer d'échelle. 

Trois questions à Sébastien Voillemin, chargé du pilotage du dispositif Faire de Lance et responsable du bureau de style au CTC, Comité professionnel de développement économique de la filière cuir.
Trois questions à Sébastien Voillemin, chargé du pilotage du dispositif Faire de Lance et responsable du bureau de style au CTC, Comité professionnel de développement économique de la filière cuir.

Quel est l'objectif du dispositif « Faire De lance », porté par la filière du cuir et comment fonctionne-t-il ?

Les acteurs de la filière du cuir avaient fait un constat : trouver un atelier de fabrication en France est loin d'être simple pour une marque qui se crée dans la chaussure, comme pour la maroquinerie. C'est potentiellement très chronophage. Les ateliers sont dispersés sur le territoire ; ils ont des compétences très diverses... En 2022, la filière du Cuir, soucieuse d'irriguer le tissu industriel, a donc mis en place le dispositif Faire De Lance pour mettre en relation des porteurs de projets, les marques, et des ateliers de production. Le projet est porté par la Fédération française de la chaussure, celle de la maroquinerie, Alliance France Cuir et CTC, Comité professionnel de développement économique de la filière cuir. Via le site Internet, nous recevons les demandes de marques qui cherchent un atelier pour réaliser un prototypage ou une production. Nous nous assurons que le projet est mature sur le plan de la demande technique, mais aussi du modèle économique. Puis, nous mettons en relation la marque avec deux ateliers différents, afin qu'elle puisse choisir. Nous n'intervenons pas dans la relation commerciale.

Qui sont ces marques qui s'adressent à vous et avec quels types d'ateliers de fabrication les mettez-vous en relation ?

Parmi ces marques que nous avons accompagnées, figure, par exemple, RSVP, spécialiste de la petite maroquinerie sur un positionnement premium qui cherchait à relocaliser depuis l'Espagne. Ou encore, Stouls, pour des sacs en patchwork de cuir, Kreden pour des baskets et aussi Les Duchesses pour un projet de chaussures à talon avec pièces de cuir amovibles... En 2023, pour l'essentiel, ce sont des jeunes marques qui démarraient qui se sont adressées à nous. Depuis cette année, nous voyons arriver des marques plus établies. Côté ateliers, nous travaillons actuellement avec une trentaine d'entre eux, dont les deux tiers comptent entre un et 10 salariés. Ils ont des profils très différents sur le plan de leurs savoir-faire, mais aussi sur celui du degré de finition, et donc du prix qu'ils sont en mesure de proposer. Cela va de l'Esat, Établissement ou service d'aide par le travail, à l'atelier dont le niveau d'exigence correspond à celui des grandes maisons...En amont, nous avons réalisé un travail de recensement et de cartographie des savoir-faire. Il nous a permis d'identifier 200 ateliers, dont une centaine sont en capacité de répondre à ces demandes de sous-traitance ; nous les visitons régulièrement.

Quel chiffre d'affaires avez vous permis aux ateliers de réaliser et quels sont vos objectifs pour 2025 ?

Au total, ces mises en relations ont permis à des ateliers de réaliser 100 000 euros de chiffres d'affaires au minimum sur 2022 et 2023. L'an dernier, sur 157 demandes de marques reçues, nous avons réalisé 79 mises en relation qui ont abouti à 22 prototypages et 15 productions. Cette année, nous allons dépasser l'objectif de 100 000 euros de chiffre d'affaires que nous nous étions fixés pour atteindre au moins 140 000. Et pour 2025, nous franchissons une nouvelle étape. Nous allons nous adresser aussi aux marques établies qui pourront avoir des demandes de production plus importantes, celles qui ont un fort potentiel de développement en France. « Faire De Lance » peut les aider à développer leur activité ou relocaliser. A l'heure où la RSE, responsabilité sociétale d'entreprise, constitue un enjeu majeur, utiliser du cuir français, faire travailler des ateliers sur le territoire et limiter les flux logistiques fait sens... Et les projets déjà menés montrent qu'il est possible de réaliser des productions en France à des niveaux de prix différents, et pas exclusivement dans le segment de l'ultra-luxe.