Protection des données personnelles : les internautes ont du mal à adopter les bonnes pratiques
Selon le Baromètre « Les Français et leur vie privée sur Internet », l’utilisation des données personnelles est une préoccupation aujourd’hui largement partagée. Mais les internautes ont du mal à adopter les bonnes pratiques permettant de protéger leur vie privée sur le web.
À l’occasion de la journée européenne de la protection des données, le 28 janvier, Qwant (moteur de recherche), Proton (messagerie, agenda, VPN et stockage sur le cloud), Olvid (messagerie instantanée) et Murena (système d’exploitation mobile et services associés, smartphones dégooglisés) ont publié le premier baromètre sur les Français et leur vie privée en ligne, réalisé avec Kantar auprès de 1 000 internautes. Ces quatre sociétés, qui proposent des services sans collecte de données personnelles, veulent sensibiliser les internautes à la protection de leurs données personnelles en ligne.
Un sujet qui préoccupe nettement les Français
Il ressort tout d’abord de cette étude que 91% des Français interrogés ont déclaré être préoccupés par l’utilisation de leurs données personnelles. Et 72% être bien conscients de divulguer des informations privées lorsqu’ils naviguent sur Internet. Cette forte sensibilisation au sujet est sans doute intimement liée à la mise en œuvre du règlement européen sur la protection des données (RGPD), qui se traduit, notamment, par la généralisation des demandes de consentement aux cookies, et les amendes prononcées à l’encontre des géants du numérique pour collecte ou utilisation abusive de données personnelles.
Interrogés sur les données qu’ils jugent les plus importantes à protéger, les Français placent les informations relatives aux finances personnelles (76%) et à l’identification personnelle (69%) en tête, devant les informations médicales (37%) et leurs photos et vidéos ou celles de leurs amis (37%). Les recherches effectuées sur Internet (11%), les agendas (5%) et les informations liées à leur opinion politique (4%) n’arrivent qu’en fin de classement, alors que les recherches en ligne et les emplois du temps livrent énormément de données sensibles sur la vie privée.
Décalage entre la conscience des risques et la pratique
Les outils qu’il convient selon eux de sécuriser en priorité sont leur boite de messagerie (66%), leurs réseaux sociaux (59%), leur navigateur (47%) et leur moteur de recherche (46%). Mais les solutions adoptées pour se protéger sont en décalage avec ces priorités. Ainsi, 44% des personnes interrogées désactivent la géolocalisation sur leurs appareils, 39% utilisent un bloqueur de cookies, 25% ont recours à la navigation privée et 13% à un VPN (réseau privé virtuel).
Plutôt qu’adopter des solutions différentes, les internautes se contentent donc, pour l’essentiel, de modifier le paramétrage et d’utiliser les fonctionnalités préinstallées sur leurs outils. Enfin, les deux tiers déclarent ne pas renoncer à un service numérique pour des raisons de protection de leurs données personnelles, et la moitié affirme continuer d’accepter les cookies lors de leur navigation sur internet.
Un guide pratique pour acquérir les bons réflexes
Ce décalage tient pour beaucoup au fait que les internautes considèrent que la démarche consistant à identifier et utiliser les bons outils est compliquée. Ainsi près de neuf personnes sur 10 ont dit qu’elles aimeraient mieux comprendre et mettre en place des solutions, afin de protéger leurs données personnelles sur le web. C’est pour répondre à ce besoin d’accompagnement que Qwant, Proton, Olvid et Murena ont conçu et publient un guide pratique entièrement consacré à la protection de la vie privée sur Internet et accessible sur https://dataprivacyday.io.
Très pédagogique, ce dernier propose tout d’abord d’apprendre ou de réviser les bases. Quelle est la différence entre un navigateur et un moteur de recherche ? C’est quoi un cookie ? Un pisteur ? Des pixels espions ? Comment marche la publicité en ligne ? Les bulles de filtre ? Le chiffrement ? Puis, il liste les bons réflexes à adopter pour mieux maîtriser ses données, en expliquant à chaque étape comment procéder concrètement.
En commençant par « faire le ménage » : supprimer les cookies et son historique de navigation, revoir ses paramètres de géolocalisation, surveiller sa e-réputation et faire valoir son droit à l’oubli. Puis en adoptant les bons réflexes et en s’équipant d’outils adaptés : activer la localisation uniquement si l’utilisation du service le nécessite, refuser les cookies non essentiels, installer un bloquer de traqueurs, utiliser un VPN, choisir un navigateur, un moteur de recherche, une messagerie, un calendrier, une messagerie instantanée ou encore un smartphone plus respectueux des données personnelles.
« Je ne suis pas une data », la campagne de l’UFC Que choisir
L’association de défense des consommateurs l’UFC Que choisir a lancé le 25 janvier une campagne de sensibilisation à la protection des données personnelles sur Internet. Celle-ci s’appuie sur le site www.jenesuispasunedata.fr qui explicite quels sont et comment fonctionnent les droits d’accès, de modification et de suppression de ses données, ainsi que le droit obtenir des informations sur l’utilisation de ses données. Via cette plateforme, l’association cherche à sensibiliser les internautes au très grand nombre de traces numériques qu’ils laissent sur Internet et fournit des conseils pour « reprendre la main » et tenter d’en réduire la quantité. Parmi les solutions proposées figure un outil permettant de récupérer et d’analyser les fichiers comprenant ses données collectées par les principaux réseaux sociaux et plateformes de services (Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, Uber, Takeout, Tinder, TikTok, Netflix…).