Londres, capitale culturelle
Si Londres sécrète un inaltérable pouvoir d’attraction où l’amoureux de cette cité cosmopolite n’en finit plus de découvrir ses trésors cachés, il ne faut pas oublier qu’elle recèle quelques-uns des plus grands musées européens offrant de superbes expositions. Soit l’occasion de traverser la Manche pour conjuguer culture et shopping. Visite express pour un week-end unique.
Stanley Kubrick
Commémorant le 20e anniversaire de la disparition de Stanley Kubrick, le Design Museum accueille l’exposition “Kubrick : The Exhibition” élaborée par le Deutsches Film Institut en 2004. Au long de nombreuses salles projetant des extraits de ses films, le public découvre ainsi accessoires, costumes, scripts, affiches ou photographies emblématiques de son univers cinématographique. Visionnaire et révolutionnaire, Stanley Kubrick imaginait son œuvre comme un terrain d’innovation technologique. Ainsi, dès 1968, l’ancêtre de la tablette figure dans 2001 Odyssée de l’espace, fruit d’une collaboration avec des ingénieurs d’IBM. Pour Barry Lyndon, il travailla avec la NASA pour concevoir une lentille photosensible lui permettant de tourner des scènes du film éclairées seulement à la bougie. Une plongée vertigineuse dans l’univers d’un génie du 7e art.
Exposition jusqu’au 15 septembre au Design Museum London, 28 Shad Thames, London SE1 2YD. Réservations sur www.designmuseum.org
Cindy Sherman
Cette rétrospective consacrée à l’une des plus grandes photographes d’aujourd’hui rassemble plus de 150 clichés, issus de collections publiques et privées, depuis ses travaux des années 1970 jusqu’aux toutes dernières photographies. Parmi celles-ci, les mythiques Untitled Film Stills, photographies en noir et blanc réalisées à New York entre 1977 et 1980, dans lesquelles l’artiste se métamorphose en héroïnes de séries B hollywoodiennes des années 1950, ou du néo-réalisme italien des années 1960. A travers ses mises en scène poétiques, l’artiste pose devant l’objectif, grâce à un travail de maquillage, de stylisme et de scénarisation toujours surprenant, révélant ainsi une vraie performeuse, maîtrisant à la perfection le langage du corps et de la mode. Un univers à la fois iconique, ludique et ironique où Cindy Sherman pose un regard saisissant d’acuité sur l’identité et les faux-semblants.
Jusqu’au 15 septembre à la National Portrait Gallery, St Martin’s Place, London WC2H 0HE. Renseignements et réservations au 00 44 30 3123 7344 sur www.npg.org.uk
Mary Quant
Cette exposition dédiée à la couturière anglaise dévoile comment la designer a révolutionné la mode en Angleterre à partir du milieu des années 1950. A travers 200 vêtements et accessoires, dont des pièces inédites provenant des archives personnelles de l’artiste, le public contemple les 20 premières années de la carrière de cette personnalité incontournable des “Swinging Sixties”. De 1955 lorsqu’elle a ouvert sa célèbre boutique Bazaar dans le quartier de Chelsea alors en pleine ébullition – fréquentée au fil des années par Audrey Hepburn, les Beatles ou les Rolling Stones… –, à 1975 au moment où elle a réussi à établir un empire mondial de la mode. Si son titre de créatrice de la minijupe a fait l’objet de controverses, sa personnalité singulière et son style si reconnaissable ont contribué à faire d’elle l’une des créatrices de mode les plus célèbres du Royaume-Uni.
Exposition jusqu’au 16 février 2020 au Victoria and Albert Museum, Cromwell Road. London SW7 2RL. Renseignements et réservations au 00 44 20 7907 7073 ou sur www.vam.ac.uk/exhibitions
Natalia Goncharova
Pionnière de l’avant-garde russe du début du XXe siècle, Natalia Goncharova (1881-1962) se désignait comme la première femme cubiste, puis accompagna différents mouvements comme le Néoprimitivisme ou le Futurisme. Célébrée de son vivant, son œuvre fit ainsi l’objet de deux imposantes rétrospectives à Moscou et Saint-Pétersbourg en 1913 et 1914, où elle explorait ce qui était considéré comme des sujets obscènes ou à mélanger les styles artistiques et les traditions. En 1918, elle s’installe à Paris pour créer des costumes et des décors pour les Ballets Russes de Diaghilev, s’inspirant des coutumes et cultures traditionnelles de sa Russie centrale natale. Riche de plus de 160 œuvres, l’exposition révèle une artiste qui a participé au cinéma d’avant-garde, à la création de livres et de textiles mais a également dessiné pour des maisons de couture à Paris et à Moscou, interrogeant les limites de l’art, les frontières sociales et le genre.
Jusqu’au 8 septembre à la Tate Modern, Bankside London SE1 9TG. Réservations sur www.tate.org.uk
Dale Chihuly
14 ans après sa dernière exposition européenne, le maître verrier américain présente une superbe exposition, Reflections on Nature, en parfaite osmose avec les célèbres jardins de Kew Gardens transformés en galerie d’art. Trente-deux œuvres créées au cours de cinquante années de carrière, qui fleurissent au cœur des jardins royaux ou dans les espaces intérieurs. Parmi elles, la Temperate House Persians qui culmine à 19 mètres et surplombe 10 000 plantes. Suspendue au plafond de la serre tout juste rénovée, elle fascine par sa beauté majestueuse. Amoureux de la nature et amateurs d’art pourront donc flâner afin de contempler les tiges du Turquoise Marlins and Floats ou observer, non loin du lac Palm House, les Niijima Floats, des boules de verre pouvant peser jusqu’à 60 kilos.
Exposition jusqu’au 27 octobre à Kew Gardens, Richmond TW9 3AB. Réservations sur www.kew.org/kew-gardens
Olafur Eliasson
Intitulée “In Real Life” (“Dans la vie réelle”), la nouvelle rétrospective de l’artiste danois d’origine islandaise Olafur Eliasson explore ses thèmes fétiches : la nature, la perception de notre environnement et la géométrie. Une quarantaine d’œuvres sont présentées à l’intérieur mais aussi à l’extérieur du musée, où est installée une impressionnante chute d’eau de 11 mètres de haut. L’artiste avait déjà fait sensation en 2003 avec “The weather project”, un soleil rougeoyant sur fond de ciel nuageux installé dans le hall de la Tate Modern. Poursuivant une quête esthétique nourrie par sa passion pour les sciences cognitives (l’étude de la perception), les œuvres d’Olafur Eliasson (tunnels de miroirs, verres colorés, projections lumineuses, fontaine renversées, spectres de lumière…) jouent sur les propriétés des matériaux que l’artiste manipule avec virtuosité.
Jusqu’au 5 janvier 2020 à la Tate Modern, Bankside London SE1 9TG. Réservations sur www.tate.org.uk
Patrick BEAUMONT