Transition énergétique : Les professionnels des ascenseurs se préparent à un avenir sobre
Dans un monde où l’utilisation de l’énergie sera réduite, disposerons-nous encore d’ascenseurs, pourtant indispensable à l’autonomie des personnes âgées ou handicapées ? La Fédération des ascenseurs s’interroge et plaide pour la rénovation du parc existant, obsolète et énergivore.
Demain, un déplacement en ascenseur relèvera-t-il d’un usage socialement restreint à des catégories de personnes spécifiques. Deviendra-t-il l’équivalent du voyage en jet des milliardaires d’aujourd’hui ? A Paris, le 13 octobre dernier, Philippe Boué, président de la Fédération des ascenseurs, qui représente 177 entreprises, exposait à la presse les enjeux du secteur. Le jour même se tenait la 7e édition des « trophées de l’ascenseur », dont les thèmes illustrent les orientations de la fédération. Ainsi, pour la première fois, l’un de ces trophées était attribué à une société, FAIN Ascenseurs France (une centaine de salariés) qui s’est distinguée dans une démarche « RSE » (énergie, insertion, responsabilité, diminution de l’empreinte carbone ...).
Mais surtout, cette année, les organisateurs avaient invité un intervenant bien particulier à prendre la parole devant les chefs d’entreprise : Fabrice Bonnifet, administrateur de Shift Project, lanceur d’alerte sur la nécessité d’un changement rapide face à l’urgence climatique. Avec un message sans cesse réitéré : celui de l’urgence de redimensionner l’activité économique en fonction des ressources (limitées) de la planète… « Nous avions envie de bousculer un peu notre profession. Elle est très réglementée pour des questions de sécurité, ce qui implique de travailler dans un carcan très strict. De plus, en collaborant avec des clients du BTP, nous restons dans des démarches traditionnelles », explique Philippe Boué. Or, s’il faut imaginer un futur où l’énergie et les matières premières doivent être utilisées avec parcimonie, que deviendraient les ascenseurs ? Leur usage pourrait, par exemple, se voir réservé aux personnes âgées ou handicapées, les autres individus devant payer pour ce service…
Les pistes de la sobriété
A plus court terme, des pistes pour améliorer l’impact écologique des ascenseurs sont à explorer, mais aucune n’est évidente. C’est notamment le cas de la recherche de nouveaux matériaux. En effet, « la question de prix est importante dans un marché de l’immobilier du neuf qui est très compétitif », pointe Philippe Boué, citant l’exemple des vélos contemporains plus légers que leurs ancêtres, mais dont le prix a été multiplié par cinq. Quant au recyclage et au ré-emploi des composants des ascenseurs, « nous sommes au début », explique Philippe Boué. Autre piste possible, celle de l’architecture d’intérieur : elle pourrait inverser la tendance actuelle qui consiste à mettre les ascenseurs au cœur des halls d’entrée et les escaliers dissimulés derrière des portes latérales. Aujourd’hui, pour la fédération, « en matière d’environnement, la principale mesure est la rénovation des ascenseurs. C’est ce que nous préconisons », avance Philippe Boué. Le parc français est constitué de 630 000 appareils dont le quart a plus de 40 ans. « Pour un usage répété, c’est beaucoup. Cela va générer des arrêts, des pannes qui engendrent de l’insatisfaction et des incapacités à rejoindre son appartement », explique le responsable.
Le sujet est d’autant plus sensible dans un pays à la population vieillissante. Pour la Fédération des ascenseurs, la rénovation des ascenseurs anciens permettrait de réduire de 65 % leur économie d’énergie. « Cela représente 3 à 5 % de la consommation énergétique d’un bâtiment. Aujourd’hui, on cherche les petits ruisseaux », note Philippe Boué. Cette voie présente aussi un autre intérêt : à condition de trouver des financements, elle constitue un marché potentiel pour les professionnels des ascenseurs, au moment où la construction neuve donne des signes de faiblesse.