Léa Lassarat, l’entrepreneuse normande aux mille vies
Entrepreneuse à la tête de plusieurs hôtels et restaurants en Seine-Maritime, un temps présidente de la CCI… Léa Lassarat a intégré le palmarès 2024 des 40 femmes Forbes France. Portrait.
Une vie professionnelle menée à cent à l’heure et un engagement auprès des entrepreneurs normands. Ce sont, sans conteste, les deux qualités qui ont conduit Léa Lassarat, à apparaître dans le palmarès 2024 des 40 femmes Forbes France. Une surprise pour la quinquagénaire qui découvre la nouvelle par hasard. « Avec le réseau Femmes et challenge que j’ai créé il y a sept ans, j’ai voulu aider les femmes à avoir l’audace d’oser, de prendre leur place. Alors je regarde régulièrement les listes, comme ce palmarès, qui mettent des femmes en avant. Et j’avais déjà dit que j’aurai aimé en faire partie, un jour… », s’amuse Léa Lassarat.
Si ce vœu est désormais exaucé, il est fort improbable qu’il mette un coup d’arrêt à la soif de créer de cette cheffe d’entreprise aguerrie, originaire du Havre. A son actif, elle compte aujourd’hui trois hôtels, trois restaurants et trois SPA en Seine-Maritime. S’y ajoute un hôtel dans les Alpes. Au total, ces établissements comptent une centaine de salariés. Et sa dernière idée, loin de manquer d’ambition, Léa Lassarat l’a lancée en juillet 2023, après la réhabilitation de l’ancienne école Jean Macé au Havre.
« Je ne trouvais jamais le restaurant qu’il me fallait »
La Grande Ecole compte ainsi un restaurant, un pub, un hôtel atypique et de quoi accueillir des évènements privés et d’affaires. « Je suis actuellement en train de préparer l’accueil de 1 000 personnes qui arrivent dans 15 jours », note l’entrepreneuse qui travaille à rendre parfaitement fluide le fonctionnement de sa jeune structure. « C’est passionnant, on touche à plein de nouveaux métiers », rebondit-elle.
Si Léa Lassarat a trouvé sa voie dans l’hôtellerie et la restauration, rien ne la prédestinait à ce secteur qu’elle choisit à 40 ans après un départ de l’entreprise familiale. « Je râlais toujours que je ne trouvais pas le restaurant qu’il fallait », sourit-elle. L’idée de gérer son propre établissement répondant à ses besoins germe. « Je suis allée travailler dans un restaurant. J’ai adoré cela, le travail en équipe, les coups de feu…On a deux heures à trois heures pour faire le job. C’est un métier passionnant », se souvient-elle.
Si sa passion pour l'hôtellerie lui est toute personnelle, sa fibre entrepreneuriale est un héritage familial. En 1977, « mes parents ont créé leur propre entreprise de meubles qui a grossit avec les années. J’ai occupé de nombreux postes, notamment au service marketing, et j’y ai tout appris », confie Léa Lassarat. Un modèle et une source d’inspiration. « Mes parents étaient géniaux et c’est d’eux que j’ai appris la nécessité de prendre des risques lorsqu’on est entrepreneur ». Confiante, elle a envie de créer sa propre entreprise.
Un plafond de verre jamais rencontré, mais…
Dans son parcours professionnel, Léa Lassarat ne s’est jamais heurté "au plafond de verre". « Mais en regardant les chiffres, j’ai constaté que les femmes étaient sous représentées dans l’entrepreneuriat ». C’est ainsi que prend naissance le réseau Femmes et challenges en 2017. Un réseau mixte qui compte aujourd’hui 1 300 membres et dont la présidence, depuis 2024, est tenue par Audrey Régnier. « Je suis satisfaite du développement du réseau, les lignes bougent. Mais évidemment, j’aimerai que cela aille plus vite. On a parfois l’impression que le problème est résolu mais ce n’est pas le cas », commente t-elle encore.
"Voir grand" forme le message que veut transmettre l’entrepreneuse à ses congénères. Un leitmotiv qu’elle entend s’appliquer à elle-même. « Un jour, on m’a proposé de me présenter à la présidence de la CCI Seine Estuaire. Mon premier réflexe, comme beaucoup de femmes dans une telle situation, a été de refuser », reconnaît-elle. Au final, elle ose et mène le cap à la Chambre consulaire durant cinq ans, jusqu’en 2021. « Nous avons vécu le Covid, la gestion des concessions des ponts de Normandie et de Tancarville, je me suis familiarisé avec le monde de l’industrie… » énumère-t-elle. Une période qu’elle ne regrette pas.
Aujourd’hui qu’elle a quitté la présidence de Femmes et challenges et de la CCI Seine Estuaire, Léa Lassarat explore d’autres voies quand ses établissements lui en laisse le temps. « Avec Femmes et challenges, j’ai commencé à faire des conférences au cours desquelles je partage mon expérience. Les retours que cela fait naître sont tellement riches », analyse-t-elle. Régulièrement, on lui suggère d’écrire un livre sur sa vie... « Avec l’aide de la journaliste Amélie Bonté, j’ai sorti, en mai dernier, un livre : Entrepreneur au féminin » ,conclut celle que l’on nomme la « serial entrepreneuse ». Qui n’a pas fini de faire naître des vocations.
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont