« Le Medef a pris de beaux virages depuis 2019 »
Entretien avec Jean-Philippe Daull, PDG du Groupe Candor et nouveau président du Medef Normandie où il a succédé à Pierre-Jean Leduc.
Comment voyez-vous le rôle de votre structure régionale ?
Jean Philippe Daull : Notre travail dépasse l’intérêt des seules entreprises adhérentes de nos structures départementales. Notre organisation a un rôle à jouer dans le développement économique de notre région, pour qu’il soit le plus dynamique possible. A titre d’exemple, depuis six ans, nous organisons l’Université des entrepreneurs normands (UEN) qui réunit plus de 1 200 personnes. Le prochain rendez-vous se déroulera d’ailleurs le 5 novembre à Deauville. A cette occasion nous parlons de sujets économiques qui intéressent tout le monde pour rassembler le plus largement possible.
Quelles sont les axes prioritaires durant votre mandat ?
J.-P. D. : L’Europe est un vrai sujet, notamment porté au niveau national par Patrick Martin, actuel président du Medef. Mais nous avons un rôle à jouer également à notre niveau en expliquant comment fonctionne l’Union européenne aux entrepreneurs normands et en construisant des échanges avec nos élus européens. Ce travail de dialogue, nous devons aussi le développer avec les élus locaux dans le but d’être un interlocuteur qui pèse dans les décisions. C’est d’autant plus essentiel dans cette période d’instabilité.
Nous travaillons aussi beaucoup à promouvoir l’alternance et faire découvrir tous nos métiers auprès des jeunes pour qu’ils puissent mieux choisir leur voie. Il y a encore trop de métiers qui souffrent d’une image passéiste, c’est le cas dans mon secteur, celui du nettoyage. On peut pourtant y faire des parcours très intéressants.
La Normandie présente-t-elle des problématiques spécifiques ?
J.-P. D. : Il y a le problème des transmissions d’entreprises normandes. Beaucoup, petites ou grandes, avec ou sans difficultés financières, sont reprises par des groupes certes français mais dont le siège social est hors de notre région. C’est toujours regrettable même si les emplois sont conservés. Je pense, par exemple, aux entreprises de construction Poulingue et Avenel. On sait bien que dans certaines situations, par exemple des difficultés économiques, la stratégie du repreneur ne sera pas la même.
Ces dernières années, le Medef Normandie a connu une belle dynamique. Etes-vous arrivé à un pallier ?
J.-P. D. : Nous avons encore beaucoup à faire, notamment dans le développement des adhérents. Par exemple, dans l’Eure, nous avons 300 adhérents alors qu’il existe 12 000 entreprises. Il y a une marge de progression gigantesque. Et c’est notre rôle d’épauler les Medef départementaux dans ce domaine. Même si nous avons beaucoup avancé, nous devons aussi continuer à agir pour que la barrière entre les anciennes Haute et Basse Normandie s’estompe.
On reproche parfois au Medef de ne représenter que de grandes entreprises…
J.-P. D. : En Normandie, 90% de nos adhérents comptent moins de 50 collaborateurs. Mais toutes les grandes entreprises du territoire cotisent également. En réunion, votre voisin de gauche aura 5 salariés et votre voisin de droite en comptera 1 000. Cette diversité est une richesse. Par exemple, lors du Covid, il y avait urgence à sortir des protocoles sanitaires. En dix minutes, nous avons pu transmettre à nos adhérents un protocole solide fourni par un grand groupe.
Sur la question des adhérents, comment procédez-vous ?
J.-P. D. : Nous prenons contact directement avec les chefs d’entreprises pour échanger avec eux. Et puis nous veillons à rester le plus dynamique possible pour faire passer nos messages. Le Medef a pris de beaux virages depuis 2019 avec la présidence nationale de Geoffroy Roux de Bézieux. Il s’agit d’agir dans l’optique d’une croissance responsable. Sur les sujets de l’inclusion, le Medef Normandie travaille depuis longtemps avec l’Agefiph Normandie. Ce sont des sujets qui intéressent de plus en plus la population.
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont