La tendance au télétravail s’est accentuée en 2021
En 2021, 22 % des salariés ont télétravaillé, en moyenne, chaque semaine, dont 44% tous les jours, selon l’Insee. La pratique s’est installée de manière inégale, selon les professions, catégories de salariés et territoires.
L’Insee confirme, dans une étude publiée le 9 mars dernier, l’essor du télétravail, en 2021, avec un recours qui a varié au fil des protocoles sanitaires dans les entreprises. Ainsi, la pratique a été plus importante durant les cinq premiers mois de l’année, en raison de la propagation de l’épidémie. Suite à «des mesures d’incitation ou d’obligation», 31% des salariés ont opté pour le travail à distance, en moyenne chaque semaine, en avril, précise l’Insee. Avec la levée des restrictions sanitaires en juin, la part des salariés en télétravail a ensuite reflué à moins de 18%. Entre juillet et novembre, une nouvelle baisse de la pratique a été enregistrée, avant de rebondir à nouveau en fin d’année, avec l’explosion du nombre de cas de Covid-19. En décembre 2021, 20% des salariés étaient concernés. «Au total, 15 % des jours travaillés par l’ensemble des salariés en 2021 l’ont été en télétravail», note l’Insee.
Les cadres au premier rang
Globalement, et sans surprise, ce sont les cadres qui ont le plus exercé leur activité à distance en 2021 (55%, dont près de la moitié sur la totalité de la semaine), contre 22% pour les professions intermédiaires et 17% pour les employés qualifiés. Exerçant des métiers principalement manuels, seulement 0,4 % des ouvriers ont eu recours au télétravail. A noter : en 2021, les jeunes de moins de 30 ans et les salariés à temps partiel ont été moins nombreux à télétravailler (17% et 12%, respectivement). D’autre part, le recours au travail à distance est plus fréquent dans les grandes structures : 36% des salariés ont travaillé depuis leur domicile dans les entreprises comptant 250 salariés ou plus, contre 9% seulement de ceux employés dans des TPE (moins de dix salariés).
Le télétravail, plus fréquent dans les grandes villes
D’après l’Institut de statistique, il existe de fortes disparités au niveau des territoires en termes de télétravail, notamment selon le lieu de résidence. La capitale est l’endroit où le télétravail a été le plus pratiqué en 2021 : 56% des salariés parisiens ont travaillé de chez eux, contre 36% de ceux résidant ailleurs en Ile-de-France et 10% de ceux des DOM ou habitant de petites communes. Ce déséquilibre s’explique par des trajets domicile-travail plus longs et une dépendance plus forte aux transports en commun, pouvant être liés aux risques de contamination, comme c’est le cas en région parisienne. Il traduit aussi le poids de l’encadrement (plus de 60% des salariés résidant à Paris). Les disparités «reflètent aussi en partie les différences de qualification des emplois entre les territoires», note l’Insee. Et ces inégalités concernent aussi bien les cadres que les non-cadres.
Au final, en se référant à l’intensité du travail en distanciel, l’Insee distingue quatre groupes de télétravailleurs. Le premier, composé de personnes qui n’ont quasiment pas télétravaillé, parce qu’occupant des postes qui ne permettent pas d’y avoir recours, représente 47% des salariés, en 2021. Il s’agit essentiellement d’ouvriers et d’employés des secteurs de la santé, l’action sociale, le commerce ou l’hébergement-restauration. Le second groupe concentre 26% des salariés qui exercent des métiers avec un «recours médian au télétravail », soit des professions intermédiaires, des employés qualifiés et des fonctionnaires. La troisième catégorie (18% des salariés) se distingue par un recours fréquent au télétravail (plus d’un salarié sur deux). Il regroupe des cadres financiers ou superviseurs, ingénieurs informatiques et des journalistes. Quant au dernier groupe, minoritaire, il rassemble seulement 6% des salariés, ceux ayant pratiqué le télétravail intensivement. Ce sont exclusivement des cadres financiers, ingénieurs informatiques et enseignants-chercheurs dans le supérieur, précise l’Insee.
AÏcha BAGHDAD et B.L