A la veille du Brexit
La criée de Fécamp veut dynamiser la filière pêche
Le Département de Seine-Maritime est devenu, en octobre, l’actionnaire majoritaire de la criée de Fécamp. Un outil qu’il veut mettre au service des marins pêcheurs, mais aussi de tout le territoire.
Lorsque l’on est un département avec 110 kilomètres de côtes, on doit le valoriser. C’est en tout cas le choix fait par le Département de Seine-Maritime, qui, après avoir décidé de conserver la compétence portuaire en son sein, vient d’investir dans la Criée de Fécamp. Un outil important qui aurait pu disparaître. Depuis 2011, elle était gérée par une entreprise privée ayant le statut de SARL, dirigée par Yvon Neveu. Ce dernier a récemment décidé de faire valoir ses droits à la retraite mais, malheureusement, aucun repreneur ne s’est manifesté. Propriétaire des ports de pêche de Fécamp, du Havre et du Tréport, le Département a décidé de se jeter à l’eau pour assurer le maintien de la criée et soutenir pleinement l’activité économique maritime.
Un objectif de 4 000 tonnes
Après six mois consacrés à l’étude du dossier et au montage du projet, la Société d’économie mixte (SEM) de la Criée de Fécamp - Côte d’Albâtre a été créée. Détenant 72,5 % des parts, le Département est l’actionnaire majoritaire. Six partenaires lui sont associés : la chambre de Commerce et d’Industrie Seine Estuaire et celle des Hauts-de-France (toutes deux à hauteur de 8,33 %), Yvon Neveu (5,56 %), Stéphane Savoye (2,77 %), la communauté d’agglomération Fécamp Caux Littoral (1,67 %) et la coopérative des Artisans Pêcheurs Associés (0,83 %). Tous ces acteurs ont aujourd’hui à cœur de faire vivre cet outil de commercialisation des produits de la mer au service des professionnels et du territoire. « Cet outil donne des débouchés directs aux marins pêcheurs du département », rappelle Alain Bazille, le vice-président du conseil Départemental.
Néanmoins, l’outil fécampois reste fragile. Il nécessite un flux de 3 à 4 000 tonnes de poisson par an pour rester à l’équilibre. En 2019, petite année, 2 562 tonnes ont été débarquées ici… D’où l’importance de développer les apports. « Indépendamment de la criée, on va travailler la dynamisation de la mise en marché des produits de la pêche, précise Alain Bazille. Une criée, aujourd’hui, travaille en dématérialisé. On va donc équiper le port du Tréport en outils informatiques de pesage et de lavage, pour que les marins puissent vendre leur marchandise à la criée de Fécamp, plutôt qu’à celle de Boulogne. »
Dynamiser le commerce
De quoi assurer un apport suffisant pour rentabiliser l’outil fécampois. Chaque année, environ 12 000 tonnes de produits sont comptabilisées sur l’ensemble des trois ports de pêche départementaux, que sont Le Havre, Fécamp et Le Tréport. Alain Bazille : « Au Tréport, ce sont 6 000 tonnes de poissons qui passent au port, insiste l’élu. Si on en capte seulement un tiers pour être commercialisé sur Fécamp, c’est gagné. »
Reste aussi à attirer les clients, pour conforter la criée, et absorber le flux supplémentaire qui pourrait arriver du Tréport. Des pourparlers sont engagés avec un transformateur, qui pourrait s’installer durablement sur la côte d’albâtre. Parallèlement, des démarches vont être engagées pour attirer les restaurateurs, les consommateurs et les industriels seinomarins vers Fécamp. « Il faut habituer les locaux à consommer local », résume Alain Bazille.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre