La consommation responsable, victime de la crise ?
Les Français sont toujours désireux d’avoir une consommation responsable, d’après le récent baromètre Max Havelaar sur la transition alimentaire. Ils comptent sur les pouvoirs publics pour soutenir cette tendance menacée par l’inflation, par exemple dans les cantines scolaires.
Pour l’instant, l’achat de produits responsables alimentaires ( Made in France, commerce équitable, zéro déchet…) se maintient, en dépit de la hausse des prix: les Français tiennent à leurs convictions. Tel est le constat de la 4e édition du baromètre MaxHavelaar/OpinionWay de la transition alimentaire, publiée le 24 novembre dernier. D’après l’étude, le contexte inflationniste rend encore plus prégnant que d’habitude le critère du prix lors d’un achat : près de sept Français sur 10 le désignent comme « prioritaire », en hausse de 7 points en un an, et très loin devant la qualité gustative des produits, citée par 42 % des sondés. Partant, les trois quarts d’entre eux mentionnent le prix comme étant le principal frein à la consommation de produits alimentaires responsables. Et si, jusqu’à présent, ces achats se sont globalement maintenus, à l’avenir, 44 % des Français estiment que leur budget consacré à ce type de produits va augmenter (essentiellement, en raison de l’inflation), tandis que 22 % qu’il va diminuer, principalement par manque de moyens financiers. Le tiers restant prévoit un budget stable.
Aujourd’hui, la proportion des Français qui achètent au moins une fois par mois des produits responsables dans le domaine de l’alimentation atteint 81%, et celle pour l’hygiène beauté 46 %. Toutes deux restent stables, contrairement à la part de Français achetant des vêtements responsables, en baisse. Mais si la consommation risque de pâtir de la crise, la motivation des Français en matière d’achat responsable demeure vivace : près de la moitié d’entre eux ont envie d’en faire « davantage ». Avant tout, ils souhaitent apporter un soutien aux producteurs qu’ils entendent voir justement rémunérés (55%), veulent préserver leur santé (53 %), désirent agir pour la planète (49%) ou réduire le gaspillage ( 48%). Ainsi, les Français seraient prêts à privilégier l’achat de produits locaux (30%) ou made in France (18%), s’ils disposaient du chèque alimentaire mis en place par le gouvernement pour les ménages les plus modestes.
L’assiette à la cantine. Un mystère ?
Dans le même sens, un autre volet de l’étude montre qu’une partie des Français attendent un engagement beaucoup plus fort de la part des pouvoirs publics – entre autres acteurs – pour favoriser la consommation responsable. Ils sont par exemple 34 % à estimer que l’État ne mène pas une politique fiscale assez incitative pour ce type de produit (mais 28 % d’entre eux jugent que l’État en fait trop). Concernant l’information et les labels aussi, les opinions sont partagées : 45% trouvent que l’action des pouvoirs publics est insuffisante, contre 45% estimant que les pouvoirs publics font le nécessaire. Mais c’est au niveau des pouvoirs publics locaux que les attentes sont les plus fortes : plus de neuf sondés sur 10 sont favorables à ce que leur collectivité locale s’engage dans une démarche de promotion de l’alimentation durable, qu’il s’agisse d’aide aux producteurs, de sensibilisation de la population ou d’engagements quant à la qualité des produits dans les cantines scolaires. Un sujet sur lequel beaucoup reste à faire, illustre l’étude. En effet, 63% des parents interrogés croient savoir que la nourriture servie à la cantine où déjeunent leurs enfants est responsable (bio, locale, équitable…), mais moins d’un parent sur cinq (18%) en est tout à fait certain. Un certain flou règne : environ le tiers des parents ignorent si son enfant mange des produits locaux (27%), made in France (31%) ou encore issus du commerce équitable (37%), à la cantine. Globalement, les parents sont relativement peu au courant des initiatives de l’école de leur enfant. Cela ne les empêche pas de souhaiter que les cantines scolaires proposent plus de produits locaux (56%) et made in France (38%), mais aussi frais et non-transformés(48%). Et dans le contexte de la crise actuelle, ils attendent également des adaptations pour maintenir ce type d’offre, sans augmentation de prix. Quitte à inventer de nouvelles solutions, par exemple, en rationalisant les achats pour limiter le gâchis.