En Normandie, les drones décollent
Si la filière concerne aujourd’hui 125 emplois, le Centre d’innovation Drones Normandie entend doubler ce chiffre en trois ans. Explications.
Cartographier en 3D un territoire, repérer des personnes en danger ou encore effectuer des livraisons… L’utilisation des drones est en plein développement. En Normandie, les entreprises utilisant ces engins volants autonomes se multiplient, comme un peu partout en France. « Dans la région, nous avons la chance de compter deux entreprises importantes que sont Abot et Roav7, mais nous avons aussi de nombreuses PME et start-ups », constate Samuel Cutullic, vice-président du Centre d’innovation Drones Normandie (CIDN), basé au Havre.
Expérimenter et former également
Le CIDN, qui compte aujourd’hui une vingtaine de membres, veut donc structurer une filière régionale en fédérant les acteurs locaux. En effet, d’autres régions mises également sur le drone, notamment Bordeaux qui s‘appuie sur sa filière aéronautique-spatial-défense. Il est donc essentiel d’être innovant et réactif. « Il existe trois autres centres d’essai en France, qui ont chacun une structuration propre, et avec lesquels nous échangeons. Notre spécificité est d’avoir un volet expérimentation et formation », remarque Samuel Cutullic.
Le centre remplit de nombreuses missions, comme faciliter les échanges d’idées et assurer une veille technologique. « La réglementation évolue, note Julie Gueville, responsable Business Unit ABot. Cette année, dans un souci d’harmonisation, l’Union européenne a réglementé le vol des drones. En France, nous sommes très exigeants et donc très proches déjà de ce qui est imposé. Mais dans d’autres pays, comme en Espagne, c’est plus compliqué. » L’entreprise seinomarine, qui offre des solutions "clés en main" à ses clients, fait partie des poids lourds du secteur, c’est également l’un des membres fondateurs du CIDN.
Air, eau, terre
Que ce soit dans les airs, sur terre ou dans l’eau, de nombreuses voies d’expérimentation sont explorées, comme la surveillance des pollutions des rivières ou encore les livraisons médicales. Fin 2023, des essais positifs de transport de prélèvements sanguins ont ainsi été réalisées par la start-up rouennaise Délivrone, « Nous travaillons également sur les articulations entre drones aérien/aquatique et terrestre », rebondit Samuel Cutullic.
Mais les utilisations concrètes quotidiennes sont déjà une réalité. « L’utilisation des drones se développe énormément et n’est pas réservée aux grands groupes, constate Julie Gueville, responsable Business Unit ABot. Par exemple, « on peut y avoir recours pour réaliser le bilan de l’état d’une toiture et faire un devis par exemple. C’est beaucoup plus rapide et plus simple que de monter sur le toit. »
Des objectifs à atteindre en trois ans
C’est pour cette raison que le CIDN compte également dans ses missions, l’accompagnement des entreprises, notamment dans le secteur industriel. « Les entreprises qui se posent la question de la faisabilité de l’utilisation d’un drone dans le cadre de leurs activités peuvent nous contacter, nous les aiderons à trouver la réponse », souligne le vice-président du Centre d’innovation qui s’appuie sur les compétences de ses adhérents.
Lequel rebondit sur les objectifs que le centre s’est fixé. « Aujourd’hui, le poids économique de la filière est évalué à 125 emplois sur la région. Nous voulons doubler cet effectif en trois ans. Sur la même période, nous voulons également faire émerger dix références industrielles au niveau national représentant au moins 1M€ ». En parallèle, le CIDN veut atteindre 80 membres.
Pour atteindre ses objectifs, le centre d’innovation se structure en cinq plateformes dédiées à des sujets spécifiques : l’utilisation de l’IA, l’automatisation et le traitement des données, leur sécurisation, les capteurs de la qualité de l’air ou encore les capteurs modulables géophysique… Si le chemin est encore long, les énergies et le dynamisme ne manque pas en Normandie quand il s‘agit des drones.
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont
Une collaboration entre NAE et l’université du Havre
C’est suite à une collaboration entre l’université du Havre et Normandie AeroEspace (NAE), dont Samuel Cutullic est le directeur général adjoint, que le centre d’innovation est créé officiellement en 2020. Il compte alors sept membres fondateurs. « Nos premiers sujets de travail était sur les vols en essaims », souligne le vice-président du CIDN. Une des utilisations possibles : les accidents industriels. « C’est un moyen de surveiller la qualité de l’air et de permettre aux pompiers de s’équiper en fonction de la toxicité relevée », poursuit-il.