En dépit des restrictions sanitaires, la relance se déploie
La relance a déjà bénéficié de 26 milliards d'euros. Pour Bercy, le plan fonctionne, dans une démarche territorialisée, et qui vise plus particulièrement les PME.
« Nous ne pouvons pas faire dépendre la relance des conditions sanitaires (…), c'est maintenant que cela se joue », a lancé Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, le 1er mars, lors d'une conférence de presse consacrée au plan de relance. Pour Bercy, il faut accélérer. Objectif : injecter 40 milliards d'euros et atteindre un taux de croissance de 6% du PIB en 2021. Mais la stratégie doit tenir compte d'une situation sanitaire encore loin d'être régulée : « Notre objectif, depuis le premier confinement, est de réduire l'impact des mesures sanitaires sur la croissance », a expliqué Bruno Le Maire, rappelant que le deuxième confinement avait eu un impact trois fois inférieur sur la croissance, par rapport au premier. Pour Bercy, en cas de nouvelles mesures sanitaires restrictives, il s'agira de maintenir ce principe : « Il existe deux économies en France. L'une est très durement impactée par les conditions sanitaires, et nous devons la soutenir. L'autre comporte de grands secteurs industriels, des services qui ne sont pas touchés, qui marchent bien et que nous devons aider à se moderniser, se digitaliser, se relancer », a précisé le ministre. Lequel voit dans la crise une opportunité pour pallier certains manques structurels de l'économie française, le retard dans la numérisation des PME, la désindustrialisation, l'absence de création de nouvelles chaînes de valeur.
Autre aspect de la stratégie, pour Bercy, c'est la vitesse de sa mise en œuvre qui compte, et non une potentielle amplification du dispositif. « Nous pourrions dire que nous allons rajouter, 20, 30 ou 50 milliards d'euros à la relance, mais si derrière il n'y a pas des projets industriels ou des emplois immédiats pour l'économie française, ce sera seulement de l'affichage », a déclaré Bruno Le Maire. Une réponse à la proposition de François Bayrou, haut-commissaire au Plan. Ce dernier a préconisé un plan de relance à hauteur de 250 milliards d'euros supplémentaires. « Le plan de relance se déploie vite, et il se déploie bien », estime le ministre de l’Économie. Au 1er mars, 16 milliards d'euros de crédits ont été décaissés, auxquels s'ajoutent 10 milliards d'euros de baisse des impôts de production.
Priorité aux PME
« Si on veut réussir la relocalisation, il est indispensable d'associer les collectivités », note aussi Bruno Le Maire. Avec les régions, sept accords de relance ont été signés, par exemple avec l'Île-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté, et le Grand Est. Bercy prévoit également la signature de contrats de relance et de transition écologique (CRTE). Le premier d'entre eux a été signé avec la métropole de Nantes. Objectif : 800 contrats signés avant le 30 juin prochain. Parmi les exemples cités par Bercy, les projets Territoires d'industrie. Le dispositif, à la main des préfets et des présidents de Région, consiste en des subventions accordées aux entreprises, par exemple, pour moderniser une ligne de production. « 260 millions d'euros ont financé 500 projets et les demandes continuent à affluer », constate Bruno Le Maire. Les projets soutenus sont très variés, dans des secteurs innovants ou patrimoniaux. Par exemple, Bernardaud, manufacture de porcelaine de Limoges, recevra 550 000 euros, afin de moderniser son outil de production. Et à Albi, le groupe Safra obtiendra 750 000 euros pour accroître ses capacités à produire des bus à hydrogène. A l'origine, 400 millions d'euros avaient été prévus pour les Territoires d'industrie, mais 150 millions d'euros supplémentaires ont été ajoutés.
Un autre dispositif fait l'objet d'une augmentation de budget significative, les aides pour accompagner les PME industrielles dans leur démarche de digitalisation : les 280 millions d'euros initiaux ont été abondés de 600 millions supplémentaires. Dans le plan de relance, « la préférence est volontairement accordée aux PME », précise Bruno Le Maire. Parmi les autres mesures qui visent à favoriser ces entreprises figure également l'allotissement des marchés publics. Par exemple, dans le bâtiment, un marché de 1 million d'euros pourra être alloti en dix parts, les mettant à portée des PME et allégeant considérablement les démarches, puisque le seuil d'obligation d'appel d'offres a été relevé à 100 000 euros. Au total, sur les quelque 30 000 entreprises industrielles, agricoles et commerciales déjà soutenues dans le cadre du plan de relance, sept sur dix sont des PME, d'après Bercy.
Inciter les Français à dépenser leur épargne
Pour nourrir la relance, Bercy entend aussi utiliser l'épargne accumulée par les Français depuis le début de la crise, un montant de l'ordre de 200 milliards d'euros. Une démarche qui sera « volontaire » a insisté Bruno Le Maire, écartant l'idée d'une taxation. Des mesures devraient être annoncées dans les semaines qui viennent.