Brittany Ferries annonce la commande de deux navires hybrides
La compagnie a annoncé la commande, pour un total de 400 millions d’euros, de deux navires hybrides GNL-électricité qui seront mis en service en 2024 et 2025. Une première transmanche qui vise à rebondir après le Brexit et la crise sanitaire.
Le Brexit et la crise sanitaire ont engendré une perte de 266 millions de chiffres d’affaires entre 2019 et 2020 pour Brittany Ferries. Pour rembourser les 117 millions d’euros de prêts bancaires qui lui ont permis de faire face à une chute de 70 % du trafic passagers, la compagnie bretonne a établi un plan de relance à cinq ans.
Celui-ci vise, notamment, à poursuivre le renouvellement de sa flotte qui relie le Royaume-Uni, l’Irlande et l’Espagne depuis Roscoff, Saint-Malo, Cherbourg, Le Havre et Ouistreham. En ligne de mire, répondre aux exigences environnementales grandissantes tout en augmentant la rentabilité. Les Régions Bretagne et Normandie accompagnent l’armateur dans ce projet, auquel elles sont associées via deux sociétés, respectivement la SAS Somabret et la SAS Somanor.
400 millions d’euros
Ce 20 juillet, Brittany Ferries a ainsi annoncé la commande, pour un montant total de 400 millions d’euros, de deux navires hybrides GNL/électrique, une première transmanche. Tous deux seront affrétés à Stena Roro, compagnie suédoise, pour dix ans, avec une option d’achat à quatre ans. Une solution portée par la Somabret et la Somanor, auxquelles Brittany Ferry versera un loyer couvrant l’intégralité des charges. Ce qui permet ainsi de diviser l’emprunt bancaire par deux et de le repousser de quatre ans. « C’est un modèle d’investissement que nous avons déjà expérimenté » souligne Jean-Marc Roué, président du conseil de surveillance.
Le Bretagne II et le Normandie II seront mis en service en 2024 et 2025 sur les lignes Saint-Malo-Portsmouth et Ouistreham-Portsmouth. Tous deux mesurent 194,7 mètres de long, et sont pourvus de 10 ponts. Le nombre de leurs cabines et leur capacité en voitures et camions sont optimisés par rapport aux navires qu’ils remplacent. Le Normandie II a ainsi un potentiel annuel supplémentaire de 15 000 passagers, 5 000 véhicules industriels et 3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Moins polluants
Autre atout de ces ferries, leur système hybride GNL/électricité engendrera une réduction totale de la consommation de pétrole et des émissions de gaz à effet de serre entre 10 et 20 %. Le gaz naturel liquéfié apparait aujourd’hui comme le carburant le moins polluant. En mer, les moteurs GNL rechargent les batteries qui servent au pilotage et à la manœuvre portuaires.
Cette annonce complète le programme de renouvellement de la flotte entamé en 2016 avec trois ferries. Début décembre 2020, le Galicia, également commandé par la compagnie Stena, a ainsi réalisé sa première traversée. Le navire possède « des scrubbers prototype très haut de gamme qui filtrent la totalité des oxydes de soufre » note Jean-Marc Roué. Le Salamanca et le Santona, navigant pour leur part au GNL, doivent le rejoindre respectivement en 2022 et 2023. Ces cinq E-flexer, construits par le chinois Weihai, ont la particularité d’être adaptés aux besoins spécifiques des clients.
Une démarche saluée régionalement. « Je veux souligner la capacité d’anticiper, même en période de crise, le besoin de renouvellement et d’adaptation de la flotte. Alors qu’il y a d’autres difficultés à traiter immédiatement, Brittany ferries a la capacité d’anticiper à l’échéance de 4 ou 10 ans », a résumé Pierre Vogt, conseiller et délégué à la mer de la Région Normandie.
Mais dans ce contexte qui reste incertain, Jean-Marc Roué espère que l’Etat poursuivra le soutien à Brittany Ferries, notamment pour sa volonté de n’employer que des marins français. « Le niveau des réservations en 2021 est très dégradé. Nous avions eu 500 000 passagers sur la période estivale en 2020. Pour cette année, les évaluations sont très difficiles, mais il est possible que nous n’atteignions que 350 000 passagers. »
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont
Un soutien régional de 85 millions d’euros
En 2020, l’entreprise a bénéficié de 35 millions d'avances remboursables consenties par la région Normandie et 30 millions d’euros par la Bretagne. Un allongement de la durée des amortissements des navires (de 30 à 35 ans) a été également accordé, portant l’aide des deux Régions à 85 millions d’euros.