Entreprises

A quoi ressemble le mécénat du XXIe siècle ?

Peu affecté par la crise de 2019, le mécénat continue de se transformer pour face au défi nouveau de son rapprochement avec la RSE, Responsabilité sociétale d’entreprise, qui concerne tous les types d’entreprises, PME comprises. Mais aujourd’hui, moins d’une entreprise sur dix pratique le mécénat, note Yann Queinnec délégué général d’Admical, qui souhaite convaincre les autres…

La France est-elle une terre de mécénat ?

Le mécénat a bien résisté à la crise de 2019, comme le montre la dixième édition de notre baromètre du mécénat d’entreprise en France de 2022. En 2021, 3,6 milliards d’euros ont été consacrés au mécénat d’entreprise, contre 3,5 en 2019. Et le chiffre devrait continuer à croître : les entreprises mécènes prévoient de poursuivre leur engagement. Toutefois, avec la crise, leur nombre a légèrement baissé – de 4 % - On en compte à présent 104 756. Et plus largement, en France, la marge de progression reste très importante : seules 9 % des entreprises pratiquent le mécénat. Parmi elles, plus du tiers ne l’ont pas déclaré à l’administration fiscale, ne bénéficiant ainsi pas de la réduction de 60 % du montant des dons de leur impôt sur les sociétés. Et à peine 5% des PME mécènes ont exploité le dispositif alternatif du plafond de 20 000 euros conçu pour elles. Cela signifie que la motivation première des entreprises n’est pas fiscale, et aussi, que celles qui donnent pourraient le faire davantage encore…

A ses origines, le mécénat était souvent considéré comme la « danseuse » du président. A quoi ressemble-t-il au XXIe siècle ?

Actuellement, la tendance forte est celle d’un rapprochement entre mécénat et RSE, Responsabilité sociétale des entreprises, un enjeu toujours plus prégnant pour les dirigeantes et dirigeants. D’après notre étude, 29 % d’entre eux souhaitent que leurs actions de mécénat s’inscrivent dans leur stratégie RSE. Or, par nature, les premières se réfèrent à l’intérêt général, tandis que la seconde concerne l’activité économique de l’entreprise. Leur rapprochement constitue un véritable défi : mélanger les genres peut exposer l’entreprise à des risques juridiques et réputationnels. Cette tendance impose donc de professionnaliser les démarches de mécénat. Par ailleurs, l’importance croissante des exigences de RSE pour les entreprises, en particulier sur les enjeux climatiques et environnementaux, constitue peut-être une clé d’explication de la faible mobilisation sur le mécénat environnemental.

Les enjeux sont-ils différents pour les PME et les entreprises de taille intermédiaire ?

PME et ETI sont également concernées par les enjeux nouveaux du mécénat. C’est en particulier le cas pour les ETI, dont les plus mobilisées en matière de mécénat sont celles qui réalisent un chiffre d’affaires entre 100 et 500 millions d’euros. En effet, les grands groupes sont assujettis à un devoir de vigilance sur l’impact social et environnemental de leur activité qui couvre le périmètre de leurs relations fournisseurs. Aussi, pour une ETI, une démarche de mécénat bien menée peut constituer un atout convaincant face aux acheteurs de grands groupes. Par ailleurs, pour ces entreprises comme pour les PME, le mécénat constitue aussi un levier important d’attractivité des talents et d’ancrage territorial. Le baromètre montre que ces deux enjeux font partie des principales motivations à s’engager. Chez Admical, nous nous employons à accompagner les entreprises dans cette démarche. Nous sommes notamment convaincus du formidable potentiel de développement du mécénat de compétences qui permet aux collaborateurs de s’engager. Par ailleurs, depuis l’an dernier, nous avons mis sur pied un incubateur d’engagement collectif consacré aux projets territoriaux.