Voyage dans le passé antique de Lillebonne 

Premier siècle, les rues de Juliobona (Lillebonne aujourd’hui) sont emplies de vie. La Seine participe alors à l’activité de ce carrefour commercial. De nombreuses infrastructures telles que les thermes et le théâtre ont été édifiés sous l’impulsion des Romains. Ceux-ci font de Juliobona la capitale de la cité des Calètes qui couvrait l’actuel Pays de Caux. « C’était la ville antique la plus importante au nord de la Loire », souligne Elise Cousin, responsable du service musées et patrimoine à Caux Seine agglo. L’aura de la cité s’étiole à la fin du troisième siècle et finit par devenir Lillebonne. Longtemps oublié, ce riche passé est aujourd’hui redécouvert et mis en lumière grâce à l’engagement de Caux Seine Agglo (voir encadré).

Un théâtre remarquablement conservé

Parmi les vestiges les plus impressionnants, se trouve le théâtre romain, partiellement adossé à une colline, dont les premières fouilles datent de 1812. Ouvert au public, son très bon état de conservation permet de se projeter dans ce bâtiment imposant, qui a connu trois périodes de construction, et dont l’arène mesure 47 mètres sur 35 mètres. Cet édifice, dédié au spectacle, est d’ailleurs l’un des plus grands et des mieux conservés du Nord de la France.

Durant les nombreuses fouilles qu’a connu Lillebonne, plusieurs pièces remarquables ont été découvertes, dont une grande mosaïque, représentant une chasse au brame, exposée au musée des antiquités de la Seine-Maritime à Rouen. Autre trésor, exhumé en 1823, un Apollon en bronze mesurant 1,90 mètre conservé au musée du Louvre.

Des absences qui ne manquent pourtant pas au musée gallo-romain de la ville qui possède d’autres pièces dans ses salles d’exposition. Cependant, ses collections ont été déménagées, par manque d’espace, pour laisser place à une exposition temporaire ludique et ambitieuse ouverte jusqu’au 30 novembre. « Un nouveau musée, plus spacieux est prévu, mais en attendant nous avons fait ce choix pour la qualité de cette exposition » explique Elise Cousin. Et le pari est réussi !

Un musée ambitieux

"Qui es-tu Apollon ? de Juliobona à la culture pop" vient fêter les deux cents ans de la découverte de la statue du dieu grec des arts. Un rendez-vous qui a transformé le musée, désormais méconnaissable même aux yeux des plus fidèles visiteurs. « Nous avons bougé des cloisons, refait les peintures », note avec amusement Elise Cousin.

Pièces archéologiques, films, outils numériques, œuvres d’arts contemporaines, BD, et même Playmobil se côtoient. Une façon d’offrir à chacun, selon son âge et ses appétences culturelles, des ouvertures sur les cinq aspects de la personnalité d’Apollon. Des associations futées et percutantes qui attisent la curiosité et illustrent de quelle façon chaque époque et chaque culture s’est emparé et a interprété le mythe d’Apollon, si cher au cœur de Lillebonne. « L’histoire de Daphné et Apollon symbolise au Moyen Âge l’amour courtois, quand elle est perçue négativement à l’époque post Me too » illustre, à titre d’exemple, Elise Cousin. En parallèle, un riche programme d’animations comporte des rendez-vous à destination des adultes comme des enfants.

« Certaines pièces nous ont été prêtées par le Musée du Louvre et le Musée d’Orsay…, se réjouit Elise Cousin. Et même s’il n’a malheureusement pas été possible d’avoir la statue d’Apollon, trop haute pour être installée dans les locaux, nous proposons une représentation interactive sur écran. » Une alternative qui permet d’observer la statue sous tous les angles à sa guise, de s’arrêter sur les moindres détails et de collecter de nombreuses explications. Au-delà de ce rendez-vous culturel, d’autres projets sont en cours. « Un circuit d’interprétation reliant différents lieux de Lillebonne permettra de mettre en valeur la richesse historique de la ville. Et les habitants qui le souhaitent sont également invités à participer aux fouilles archéologiques qui se déroulent cet été » conclut la responsable du service musées et patrimoine. Juliobona n’a pas fini de faire rêver !

Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont