Une solution pour repérer les intrusions de drones
Basée au Havre, la société Drone XTR propose une solution sans ondes pour repérer les drones volant à proximité des sites sensibles. Une technologie brevetée secret-défense, qui va être déployée chez une dizaine d’entreprises d’ici la fin de l’année.
2014 : à plusieurs reprises des drones sont repérés en train de survoler des centrales nucléaires françaises, provoquant l’émoi dans tout le pays… Voilà l’aventure de Drone XTR qui débute. C’est en effet en réponse à ces intrusions que Jean-François Adam, pilote de drones depuis 2011, intervient devant les employés d’une centrale pour leur faire comprendre ce qu’est un drone et ce que l’on peut faire avec. « Ce jour-là, on m’a demandé s’il y avait une solution pour détecter les drones », se souvient-il. Il n’y en avait pas, mais il en a trouvé une… Un système passif qui n’émet aucune onde et qui est capable de détecter 98 % des drones existants. Les premiers exemplaires vont être installés à partir du mois d’octobre, chez une petite dizaine de clients industriels. Et de nouvelles pistes se font jour. Le terrain très industriel des régions du Havre et de Rouen est propice au développement de l’entreprise qui cible notamment la protection des sites sensibles Seveso. « Il y a beaucoup de sites sensibles en France. La grosse activité industrielle de notre territoire nous ouvre aussi les portes de l’international… »
Plan de prévention des risques
Drone XTR a donc désormais l’espoir d’une croissance rapide. « Nous sommes sur un système simple et pas trop cher qui correspond bien aux besoins des industriels privés », souligne Jean-François Adam. Le système Drone XTR n’est pas vendu, mais loué à l’entreprise pour un investissement de 100 000 € sur deux ans. L’équivalent du salaire d’un agent de sécurité… La location assure aux clients une mise à jour régulière du système, et un vrai suivi de clientèle. Drone XTR détecte les drones survolant les installations, mais peut aussi repérer ceux volant à proximité des installations jusqu’à un rayon colossal de dix kilomètres. De quoi anticiper les intrusions, mais aussi les risques de chutes en cas d’engins mal contrôlés. Une fois le drone repéré, l’entreprise peut alors enclencher son plan de prévention des risques, et par exemple contacter la gendarmerie. Une option permettrait même d’abattre le drone. « La neutralisation est possible, mais pour l’instant elle n’est pas mise en œuvre, chez nos clients, explique Jean-François Adam. On parle d’une arme : ce ne peut pas être utilisé à la légère. Il faut des autorisations spécifiques. »
Une technologie brevetée
La technologie est brevetée depuis 2016. Elle a été développée grâce à un partenariat avec l’Université du Havre – ou plus précisément avec le Groupe de Recherche en Electrotechnique et Automatique du Havre – et a subi un test grandeur nature au sein d’une centrale nucléaire dès 2015. Le brevet a immédiatement été mis en diffusion restreinte secret-défense, par la Direction Générale des Armées. Après le dépôt du brevet, Drone XTR a lancé une levée de fonds pour lancer l’industrialisation du dispositif. Celle-ci est opérationnelle depuis 2019 auprès de l’entreprise Arelis à St-Aubin-les-Elbeuf, grâce notamment au soutien de la BPI, de la Région et du Feder.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre