Un investissement de 7 millions d’euros remis en question
Après l’annulation de l’autorisation d’exploiter de son site de stockage de Vieux-Manoir, près de Rouen, la coopérative NatUp fait ses comptes…
Un an après le début de son exploitation, le site de stockage de produits chimiques à destination agricole de Vieux-Manoir (au Nord-Est de Rouen) a vu son autorisation d’exploiter annulée par le tribunal administratif de Rouen. Une décision qui va sans doute faire l’objet d’un recours, mais qui démontre des questions soulevées autour des sites Seveso. Rendue tout juste un mois après l’accident de Lubrizol, la décision du tribunal de Rouen pointe le risque, en cas d’accident, de dommages aux personnes et aux biens, ainsi que de contamination de l’eau potable. Des risques, que le préfet avait alors estimés suffisamment pris en compte par l’exploitant.
Depuis plusieurs années déjà, l’implantation de cet entrepôt de produits phytosanitaires dans la zone d’activité de Vieux-Manoir soulève une opposition locale, même si on aurait pu penser la question réglée après l’autorisation d’exploiter délivrée par la préfecture en juin 2017. Au point que l’exploitant, la société Odièvre, filiale du groupe coopératif agricole Cap Seine – devenu depuis NatUp – avait rapidement effectué les travaux et entamé l’exploitation de ce site, situé juste à côté de l’un de ses silos à céréales.
4 150 tonnes de produits phytosanitaires
C’était sans compter sur l’obstination de l’Association de défense des cinq communes du plateau de Buchy qui a saisi le tribunal administratif en avril 2018 d’une requête en annulation de cette décision. Un soulagement pour ceux des riverains qui étaient opposés au stockage des 4150 tonnes de pesticides à proximité de leur lieu d’habitation… Mais un coup de massue pour la coopérative NatUp. « Nous avons investi 7 millions d’euros ; nous avons embauché et formé les collaborateurs ; nous avons revu toute notre logistique… » souligne-t-on chez NatUp. C’est un travail de 10 ans qui est en effet remis en question. Cet équipement, « équipé des dispositifs les plus récents en matière de sécurité », NatUp en avait fait un point central et stratégique de sa logistique destinée à ses 7 000 agriculteurs adhérents. Et NatUp s’interroge : s’ils n’ont pas leur place en périphérie des villes, ni sur les terres agricoles qui doivent être préservés, ni sur les zones d’activités rurales, comme celle de Vieux-Manoir « où faut-il positionner les outils de supports de nos agriculteurs ? »
En attendant, l’avenir du site est remis en question. Mais ni NatUp qui promet d’étudier tous les recours possibles pour protéger son investissement, ni l’association de riverains, qui sait qu’elle devra batailler sur le long terme, n’ont jeté les armes.