Un été record pour le tourisme

Inflation, aléas climatiques, inquiétudes liées au contexte international... Rien n'a empêché la bonne tenue de la saison touristique hexagonale, à laquelle ont contribué Français et étrangers, d'après les premières données de Bercy.

La ministre Olivia Grégoire
La ministre Olivia Grégoire

Au terme de deux années de pandémie, l'envie de vacances a prévalu et, au milieu des mauvaises nouvelles de la rentrée, les résultats de la saison touristique en France détonnent : le secteur de l’hôtellerie/restauration a retrouvé des niveaux de fréquentation équivalents à ceux de 2019, une année déjà record. Le 29 août, à Bercy, Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, a présenté un premier bilan touristique, qui devra être actualisé à la fin du mois. Mais déjà, la saison s'est révélée « exceptionnelle », après deux années et demie « compliquées », a commenté la ministre. Côté clients, 35 millions de Français sont partis en vacances, soit sept sur 10 d'entre eux, contre six sur 10 l'année passée. De plus, la clientèle étrangère est revenue en force : c'est notamment le cas des Européens, des Américains - qui bénéficiaient d'un taux de change favorable- et de la clientèle du Golfe. Seuls les Asiatiques, Chinois, Japonais et Coréens du sud ont manqué à l'appel.

Côté offre, l'ensemble des acteurs du tourisme a bénéficié de cet afflux. En particulier, l'hôtellerie de plein air, -le premier mode d'hébergement touristique en France - a affiché un volume des nuitées jusqu'à la mi-août en progression de 6% par rapport à 2021. A l'autre extrême, les hôtels de luxe, - les 5 étoiles parisiens notamment, désertés pendant la pandémie-, ont retrouvé leur clientèle. Dans les transports, la SNCF a vendu un montant record de 23 millions de billets en juillet et août, au point de devoir augmenter son offre. Et les parcs de loisirs ont vu affluer les visiteurs... Au total, les dépenses ont dépassé leur niveau de 2019 dans la plupart des secteurs liés aux loisirs. Dans hébergement et la restauration, les dépenses par carte bleue ont même dépassé de plus de 10 % celles de 2019, d'après Bercy.

Une transformation indispensable

« Les très bons résultats de l'été sont d'autant plus marquants que les conditions n'ont pas été simples », a commenté Olivia Grégoire. Ni l'inflation, ni les épisodes climatiques extrêmes, ni la pénurie de main d’œuvre n'ont finalement empêché la tenue de la saison. De plus, « ce n'est pas terminé, les signaux qui concernent l'arrière-saison sont très positifs », a ajouté la ministre. Les réservations de septembre dans l'hôtellerie laissent augurer une fréquentation importante. Et le tourisme d'affaires, qui a été très touché par la pandémie, devrait aussi reprendre. Pour Atout France, chargé de la promotion du tourisme, le pays devrait donc conserver sa première place de destination touristique mondiale. Le niveau de l'inflation, plus contenue que dans les autres pays européens, y a contribué.

Subsistent quelques bémols : « 30% des Français ne sont pas partis en vacances », rappelle Olivia Grégoire, qui entend développer le tourisme social. Par ailleurs, Atout France reste prudent sur l'issue de la saison hivernale : elle pourrait pâtir des problèmes de coûts énergétiques, de pouvoir d'achat et d'éventuels aléas climatiques.

Le secteur du tourisme représente environ 8% du PIB et deux millions d'emplois directs et indirects. Durant les deux années de crise, il a été soutenu à hauteur de 38 milliards d'euros, d'après Bercy. Et depuis novembre 2021, il fait l'objet du « Plan destination France », doté de 2 milliards d'euros sur trois ans, lequel vise à conforter la place du pays comme première destination touristique mondiale. L'objectif -quantitatif- devra pourtant se plier aux impératifs de sobriété énergétique fixés par le gouvernement pour les années à venir et qui s'imposent à l'ensemble de l'économie. Un défi qui implique une évolution vers des formes de tourisme plus durables.