Toujours des projets et des innovations pour Pochet du Courval à Guimerville
L’an prochain, le groupe Pochet du Courval fêtera ses 400 ans. Malmené comme d’autres grands nom du verre durant durant la pandémie, il a redressé la tête. Il vient d’annoncer poursuivre son ambitieux plan de décarbonation reposant sur le démarrage, fin 2024, du premier four français fonctionnant à l’électricité.
Pochet du Courval est un des acteurs majeurs du flaconnage de luxe dans la vallée de la Bresle. La belle histoire a débuté en 1623 sur le lieu-dit du Courval, voisin de l’actuelle usine de Guimerville, qui a célébré en 2021 ses 50 ans d’existence. La forêt d’Eu toute proche, du sable et l’eau ont fait de cette région l’endroit idéal pour cette activité spécifique. Un anniversaire qui sera fêté dignement l’an prochain par tout le groupe resté familial et comptant 1 623 salariés - avec les intérimaires - sur le site de production normand et les huit autres dans le monde dont au Brésil.
Transmission des savoirs ancestraux et exceptionnels
Son installation en 1971à Guimerville, sur 10 hectares, lui a permis de produire davantage : « Depuis, l’usine de Guimerville a évolué et s’est développée avec les années, passant notamment de un à trois fours, se digitalisant, optimisant ses outils de fabrication et de parachèvement et intégrant les enjeux environnementaux à ses process de fabrication, explique Benoit Marszalek, le directeur des opérations de Pochet du Courval. Toutefois, nous ne serions rien sans la transmission des savoirs ancestraux et exceptionnels. »
En effet, certains salariés travaillent ici depuis plusieurs générations. Mais, cela ne suffit pas pour recruter : « Afin de séduire les plus jeunes, à venir travailler chez nous, nous organisons des portes ouvertes à destinations des écoles, des lycées…, présente le directeur. Trop souvent, ce sont des métiers et des débouchés méconnus. La Glass Vallée est venue tourner des films sur les métiers qui sont ensuite postés sur les réseaux sociaux. Nous en réalisons nous mêmes. Un vient de sortir sur le métier de mécanicien. Trieur, régleur… vont suivre. »
Chaque jour, un million de flacons et pots sortent de ses quinze lignes de production alimentés par trois fours en gaz. Dior, Hermes, Chanel, Lancôme, Paco Rabanne, Givenchy… leș plus grandes marques de parfums et du soin font confiance au groupe pour repousser les limites du verre et se surpasser. Citons notamment le flacon "Gabrielle" pour Chanel, ayant le verre le plus fin, qui a demandé plus de sept ans de travail. Même Lancôme lui a fait confiance pour mettre sous verre son mascara baptisé "Hypnose". Dernière innovation en date, avec "Fame", le nouveau parfum féminin de Paco Rabanne. Il démontre la maitrise technique de Pochet de Courval pour les épaisseurs, les reliefs et les angles. A noter la finesse dans les papilles de la robe iconique de Paco Rabanne Couture ou encore le détail des bottes à talon.
Clients comme consommateurs sont sensibles
au développement durable
De plus en plus, clients comme consommateurs sont sensibles au développement durable. L’heure est à la transparence… En ce sens, la direction aime à communiquer sur la réduction de son impact environnemental destiné à agir pour un luxe autrement. Depuis 2014, le groupe a réduit de 20 % ses émissions de CO2 notamment grâce à la modernisation et à l’optimisation de ses trois fours au gaz.
L’objectif est d’atteindre -50 % pour 2033 grâce au premier four électrique français dédié au flaconnage de luxe qui sera opérationnel fin 2024 : « Il permettra de proposer aux marques de parfums, de soin et de maquillage, un soin considérablement décarbonaté moins polluant pour la planète et ce même si le prix de l’électricité augmente, poursuit Benoit Marszalek. Pour cet hiver, nous avons déjà passé nos commandes en gaz par rapport aux estimations de commandes de clients. Cela ne nous protège toutefois pas de possibles coupures… »
La composition des flacons évolue également. Celui du "Numéro 5" de Chanel sorti l’an dernier, pour les cinquante ans du parfum comprend 15 % de verre recyclé. Idem pour "Good Fortune", la nouvelle flagrance de Viktor&Rolf : « C’est vraiment la tendance. Nous avons aussi des demandes dans les flacons rechargeables… » Durant la pandémie, l’activité a baissé, comme dans tout le secteur verrier, notamment à cause de la fermeture des duty free dans les aéroports, et a rappelé le vieux dicton : « Quand Pochet tousse, c’est toute la vallée de la Bresle qui s’enrhume ».
Aujourd’hui, le site tourne à plein régime. Il est porté notamment par la fabrication de pots en verre pour la cosmétique qui représente 20 % de l’activité, un chiffre en croissance : « Après la pandémie, chacun veut prendre de soi que ce soit de son visage, de ses mains… », précise Benoit Marszalek, de quoi voir l’avenir au vert…