Téléphonie mobile : faut-il avoir peur de la 5G ?
Personnalités politiques et citoyens continuent d’alerter sur les dangers de la 5G. Le manque d’études sur les risques encourus jouerait en faveur d’un moratoire. Mais ces risques sont-ils avérés ?
La 5G est un sujet clivant. Et comme avec tout sujet clivant, les promoteurs et opposants ont des arguments qui font mouche. Ces arguments, parfois trop réducteurs, méritent toutefois d’être approfondis.
Les ondes de la 5G sont dangereuses
Le principal argument des anti 5G est que l’impact sanitaire des bandes de fréquences utilisées reste inconnu. Mais de quelles fréquences parle-t-on ? Certaines seront reprises de la 4G, avec un risque qui sera donc identique à celui constaté aujourd’hui. Les autres fréquences, comme les 700 MHz, les 3,5 GHz et les 26 GHz, étaient précédemment utilisées et leurs effets ont été largement étudiés.
La vraie question n’est donc pas de savoir si l’utilisation de ces ondes est dangereuse en 5G, mais si elles sont dangereuses tout court. Dans ce domaine, les publications abondent, mais les études d’impact sur le long terme se font attendre… car nous n’avons pas encore suffisamment de recul pour les réaliser.
Les antennes 5G sont dangereuses
Si les usages s’accroissent, la densité des antennes va suivre, avec un impact sur la santé. Cet argument, recevable, n’en oublie pas moins un détail clé : il y a deux antennes à prendre en compte. Se trouver loin d’un pylône se traduit, en effet, par une plus forte émission d’ondes de la part de votre téléphone. Et c’est bien lui que vous allez coller à quelques centimètres de votre cerveau.
«La proximité du téléphone par rapport à l’oreille a pour effet une exposition de la tête aux ondes RF beaucoup plus importante (d’un facteur 100 à 1000) que celle reçue d’une antenne, même située à proximité», explique le site Cancer Environnement. L’addiction aux écrans pourrait donc potentiellement se traduire par des conséquences sanitaires inattendues. Pour mieux évaluer ce risque, l’Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire, préconise de renforcer la méthode de mesure du DAS (débit d’absorption spécifique) des téléphones.
Les antennes 5G ne sont pas écologiques
L’argument du coût écologique des nouveaux pylônes ne tient pratiquement que pour le déploiement des 26 GHz. Car là où la densité reste identique à celle de la 4G, l’autorité de régulation, l’Arcep demande de privilégier les sites existants. Bon point, à débit égal, les antennes 5G consomment environ cinq fois moins d’énergie que leurs homologues en 4G. Et lorsqu’elles ne fonctionnent pas à plein régime elles peuvent se mettre partiellement en sommeil.
Toutefois, le débat réside plus dans l’évolution des usages et l’effet rebond attendu sur les débits. Les opérateurs promettent ainsi déjà de nous permettre de lire des films en 4K. Cela doit nous interroger sur les usages de la téléphonie mobile au sens large. Est-il nécessaire de ‘streamer’ un film en 4K sur un téléphone ? Comment limiter l’impact de la télémétrie, des publicités et des spams sur le trafic ?
Changer de smartphone pour un modèle 5G, ce n’est pas écologique
Pour profiter de la 5G, il faudra changer de smartphone. Un désastre écologique en vue ? Prenons de la hauteur : avec 68,4 millions d’abonnements mobiles en France (source Arcep) et 17,3 millions de smartphones vendus en 2019 (GfK), le désastre n’a malheureusement pas attendu la 5G. GfK s’attend au mieux à un léger rebond des ventes en 2021.
Au demeurant, rien n’interdit d’attendre. Car la 4G ne disparaîtra pas demain. Son déploiement est d’ailleurs toujours en cours, inachevé. Il reste que la réutilisation de certaines de ses fréquences pour le futur réseau 5G pourrait avoir un impact sur le débit de ceux qui ne franchiront pas le pas.
Dans un premier temps, la 5G ne sera qu’une super 4G. Mais nous allons assister par la suite à l’arrivée des 26 GHz, l’explosion de l’IoT (objets connectés), voire une possible dérive des usages qui doivent nous interroger. Certains élus de gauche commencent à demander non plus un moratoire sur la 5G, mais une consultation plus large sur le numérique, ses usages et le déploiement des nouvelles technologies.
David FEUGEY