Second confinement : l’économie française à l’épreuve, les industriels prudents
Avec la mise en place du deuxième confinement, les chefs d’entreprise envisagent une régression de leur activité en novembre 2020. Dans l’industrie, ils prévoient une baisse de leurs investissements cette année.
La baisse d’activité devrait toucher modérément les secteurs de l’industrie et du bâtiment. Le repli anticipé sera plus accentué dans les services, à l’exception de certains services dédiés aux entreprises. C’est ce que prévoit la Banque de France, dans son dernier point de conjoncture, publié le 09 novembre.
Dans les services, les secteurs qui seront les plus pénalisés par les mesures gouvernementales de ce second confinement seront la restauration et l’hébergement. Alors qu’ils avaient retrouvé, respectivement, 62 et 47% de leur activité normale en octobre, celle-ci devrait tomber à 9 % et 17 %, en novembre. Les activités de loisirs et services à la personne, la réparation et la location d’automobiles seront également impactées.
Le recours au télétravail, devrait toutefois « sauver » la plupart des services aux entreprises pour lesquels les perspectives ne se dégradent que légèrement. Les activités juridiques et comptables, par exemple, connaissent une activité proche de la normale, en légère baisse ce mois de novembre.
L’activité s’est stabilisée dans l’industrie
Le repli serait aussi plus modéré dans l’industrie où l’activité s’est stabilisée en octobre, à l’exception de l’aéronautique et autres transports. Le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie est resté stable par rapport à sa valeur enregistrée en septembre (73%, contre 79 % avant la crise) La baisse serait plus marquée dans l’habillement. En octobre, l’activité s’est rapprochée de son niveau d’avant la pandémie dans l’industrie agroalimentaire (78%) et l’industrie pharmaceutique (81%), notamment. Une diminution a été toutefois observée dans la chimie, la métallurgie et l’habillement textile et chaussure.
Dans le bâtiment, l’activité a légèrement diminué au cours du mois d’octobre (96%, après 98% en septembre). Elle a atteint son niveau d’avant crise, aussi bien dans le second œuvre que dans le gros œuvre, mais s’inscrirait en repli en novembre, selon les chefs d’entreprises interrogés par la Banque de France, tout comme le niveau des carnets de commande.
De manière globale, les prévisions de l’activité pour le mois de novembre 2020 confirment que l’impact du second confinement sera moins accentué que le premier. À l’exclusion de l’hôtellerie/restauration qui affichera des niveaux d’activité proches à ceux obtenus en avril dernier .
Industrie : vers une baisse des investissements en 2020, léger rebond en 2021
L’attentisme des dirigeants quant à l’évolution de la demande, liée aux phases de confinement/ déconfinement, se traduit dans leurs prévisions d’investissement. Selon l’Insee, les investissements dans le secteur de l’industrie devraient nettement régresser en 2020. Interrogés par l’Institut de statistique, les chefs d’entreprise du secteur ont revu à la baisse leurs projets et tablent sur une diminution de 14% par rapport à 2019. Les industriels envisagent une reprise de leurs projets durant le deuxième semestre 2020. Le solde d’opinions relatif aux investissements prévus pour le semestre en cours remonte à +7 points pour dépasser ainsi sa moyenne de longue période (+4). Outre les anticipations sur le niveau de la demande (-3 points/ octobre2019), parmi les facteurs qui ont influencé les décisions d’investissement en 2020, on trouve le niveau d’endettement et les conditions globales de financement. Le solde d’opinions relatives à ces deux facteurs a chuté de 9 points. Viennent ensuite les perspectives de profit (-8), et le niveau des taux d’intérêt (-7).
En 2021, globalement, les investissements industriels, ne rebondiraient que de 4%. Avec une situation « contrastée » selon les secteurs. La hausse devrait être plus marquée dans l’agroalimentaire (+7 % en 2021, contre −7 % en 2020) qui retrouverait son niveau de 2019, ainsi que dans la fabrication de biens d’équipement (+10 % en 2021, vs −7 % en 2020). A l’inverse, les secteurs les plus touchés par la crise pensent encore réduire leurs investissements : c’est le cas de l’automobile, par exemple, de 7 %, plus globalement de 2 % dans fabrication de matériels de transport (dont l’aéronautique), précise l’Insee.
Jihane MANDLI et B.L