Rouen Normandy Invest mise sur l’Intelligence artificielle

Elle est tout aussi attendue que redoutée, mais son arrivée est désormais inéluctable. L’Intelligence artificielle (IA) débarque dans le monde de l’entreprise et pourrait bien tout chambouler. Rien d’étonnant donc à ce que Rouen Normandy Invest ait mis l’IA au cœur de sa grande soirée annuelle "Choose Rouen", le 29 novembre dernier à l’Insa de Rouen (St-Etienne-du-Rouvray). « C’est une vraie révolution qui est en cours », a martelé Frédéric Granotier, le président de RNI en guise d’introduction.

Etre acteur plus que consommateur

Si ses applications concrètes restent encore un peu obscures, il convient en tout cas de s’y préparer. Et même mieux : s’en emparer le plus vite possible. « Si La Poste avait compris toute la portée d’Internet à l’époque, il n’y aurait pas d’Amazon en France, rappelle Bernard Leroy, président de l’agglomération Seine Eure, financeur de RNI. Nous ne devons pas commettre les mêmes erreurs et saisir toute la portée de l’IA. Comprendre ce qu’elle va apporter. » Un message que partage son homologue de Métropole Rouen Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol. « Nous avons le potentiel. Comment à partir de ces atouts et de ces talents, nous pouvons devenir un territoire à l’avant-garde ? »

Pour les membres de RNI, il faut en réalité surtout accepter de franchir le pas. De ne pas rester au stade de la recherche. De devenir producteur d’intelligence artificielle et plus seulement consommateur, ou pire, observateur. « Voilà 30 ans que l’on fait de l’IA à Rouen, mais nous avons malgré tout du retard dans son adoption et sa production au cœur de l’économie », déplore Arnaud Müller, fondateur de Cleyrop, entreprise lauréate de French Tech 2030, et qui offre ses services aux entreprises pour réussir l’intégration de l'IA. « Les entreprises doivent s’engager dans l’IA, l’intégrer à leurs process, non pas en seulement en consommant ou en observant, mais en faisant », renchérit Magalie Cressy, Directrice de NWX, le cluster du numérique rouennais.

L’Open AI comme porte d’entrée

Reste à savoir comment s’y prendre. Car si tout le monde semble convaincu par l’outil, peu de personnes le maîtrisent et savent réellement quoi en faire. « La porte d’entrée, c’est les réseaux qui peuvent ensuite flécher les projets vers des financements », insiste la directrice de NWX. Et puis il y a l’open source… Alors que les Etats-Unis ont construit beaucoup autour du fameux Open AI, laboratoire à l’origine de Chat GPT, la France aussi s’est engagée depuis peu sur ce terrain. Financé par Xavier Niel, Rodolphe Saadé et Eric Schmidt (ex patron de Google), Kyutaï est un open-science lab à but non-lucratif qui travaille sur l’IA pour maintenir la France, voire l’Europe, à niveau par rapport aux USA. Un travail de recherche open source qui peut servir de base pour la production de produits d’IA par les entreprises françaises… comme l’a rappelé devant les membres de RNI, Patrick Perez, CEO de Kyutaï. Pour que chacun développe le produit qui lui est personnellement adapté, en toute sécurité.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre