Des éleveurs normands et Lidl renouvellent leur collaboration
Il y a quelques jours, à Bois-Himont, Lidl, la Socopa et la coopérative Natup ont signé le renouvellement du contrat tripartite "by Lidl". Avec, à la clé, un meilleur prix de vente pour les 300 éleveurs engagés dans la démarche.
Michel Biero, directeur exécutif achats et marketing de Lidl France partage, en toute décontraction, un repas sur le pouce avec 80 éleveurs normands. Une scène inimaginable il y encore quelques années et qui s’est déroulée ce 6 juillet au Gaec des Noisetiers à Bois-Himont. Jean-Charles Deschamps, président de la coopérative Natup, Laurent Boivin, responsable du groupe Socopa étaient aux côtés du discounter alimentaire pour renouveler le contrat tripartite "by Lidl". Une démarche qui vise à proposer une meilleure valorisation de la viande pour les éleveurs de Normandie. Est-ce le signe que les temps changent ?
80 animaux par semaine
Michel Biero le reconnaît : « On peut penser que je fais de la communication sur le dos des éleveurs ». Pour défendre le bien-fondé de la démarche, il souligne le développement de ces contrats par l’enseigne depuis plusieurs années. « Quand, en 2015, des agriculteurs ont saccagé plusieurs de nos magasins pour exprimer leur colère (en raison de la crise du lait, NDLR), je me suis demandé quoi faire », rappelle-t-il. Six ans plus tard, des contrats tripartites sont signés régionalement dans les filières lait et viande. « De vrais liens se sont créés dans la filière, note Jean-Charles Deschamps de son côté. Nous avons les mêmes interlocuteurs depuis trois ans, c’est un gage de fiabilité. »
En Normandie, la démarche a été initiée en 2019. « Nous avons réuni les éleveurs pour définir le prix qui nous semblait juste. Puis nous sommes allés voir Lidl qui a dit OK », résume Jean-Charles Deschamps. Les volumes concernés sont modestes, la coopérative fournissait 15 animaux par semaine au démarrage. Désormais, ce sont 80 animaux par semaine qui sont livrés par 300 agriculteurs. La viande, maturée 14 jours, est ensuite commercialisée dans la région, en Bretagne et en Ile-de-France. Michel Biero l’assure, il veut poursuivre dans cette voie et cherche des débouchés locaux supplémentaires, notamment du côté de la restauration collective scolaire.
Une entrecôte de 300 grammes
Pour bénéficier d’une plus-value de l’ordre de 35 centimes d’euros par kilogramme sur la carcasse entière, les éleveurs se doivent de respecter un cahier des charges précis. Il est notamment incontournable que les animaux pèsent moins de 420 kg. Un impératif pour que les pièces de viande aient une taille en adéquation avec les habitudes alimentaires des clients. Ainsi l’entrecôte pèse 300 grammes. C’est le point le plus délicat pour les éleveurs étant donné les caractéristiques de la race Normande.
Le prix proposé a convaincu Pascal Gouel, agriculteur à Allouville-Bellefosse, d’engager une dizaine d’animaux dans ce cadre. « Le cahier des charges est facile à respecter, estime-t-il. Mais il faut penser à annoncer les animaux à la coopérative à l’avance. » Et de conclure : « On a souvent l’impression que les industriels vont d’abord chercher à baisser les prix. Mais là, j’ai le sentiment d’être respecté. »
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont