« Nous allons relancer notre deuxième levée de fonds »
Depuis 2017, Fleurs d’Ici met en relation fleuristes artisans et horticulteurs hexagonaux, afin de proposer des bouquets à une clientèle essentiellement professionnelle. Ce modèle, en rupture avec les pratiques habituelles du secteur, a été à la fois chamboulé et conforté par la crise.
Quelle est la mission de Fleurs d’ici ?
A trois, nous avons créé Fleurs d’ici en 2017. Il s’agit d’une entreprise à mission, et deux d’entre elles sont inscrites dans nos statuts : la sauvegarde de l’horticulture locale, très menacée, et le soutien au commerce de proximité. Nous sommes une société de tech et logistique. Dans notre solution digitale, nous intégrons plusieurs milliers de producteurs, livreurs décarbonnés et fleuristes. Nous en avons sélectionné environ 500, sur la base de leur savoir-faire artisanal, pour être présents sur notre site fleursdici.fr. Au début, nous avons choisi de nous concentrer sur le marché B to B, qui représente 80% de notre clientèle en temps normal. Nous sommes en mesure de répondre à des appels d’offres importants, comme Axa, qui dispose de 30 sites en France. Il s’agit de marchés pluriannuels, avec des livraisons hebdomadaires, ce qui permet de s’engager vis à vis des fleuristes et des producteurs. De plus, notre market place https://www.fermesflorales.fr/ une sorte de «Le bon coin »professionnel, met en relation producteurs et fleuristes.
Comment votre activité s’est-elle trouvée transformée, avec la désorganisation des circuits internationaux, durant la crise ?
Les événements ont joué le rôle d’accélérateur de notre démarche. En France, les fleuristes ont l’habitude de s’approvisionner à l’étranger, comme auprès des grossistes hollandais qui disposent d’une logistique puissante. Avec la crise, ces circuits n’étaient plus opérants. Durant le confinement, les fleuristes étaient interdits de réception de clients, mais non de commerce, alors, même des réseaux comme Interflora nous ont sollicités pour trouver des fleurs. Jusqu’à 100% de fleuristes supplémentaires se sont inscrits sur notre place de marché, soit environ 3 000. Quant à la demande des particuliers, elle a explosé, favorisée par le fait qu’en restant chez soi, on profite des fleurs, et par l’envie de faire un cadeau aux personnes auxquelles on ne peut pas rendre visite. En revanche, le B to B s’est arrêté. Nous avons donc monté une opération de solidarité en partenariat avec Korian : nous avons proposé aux entreprises que nous livrons habituellement, comme Orange ou Engie, de distribuer leurs bouquets dans des Epadh.
L’avenir est-il favorable à Fleurs d’Ici et, de manière générale, à la fleur hexagonale ?
Le redémarrage est assez long, et les craintes ne manquent pas. Comme entreprise du digital, avec des salariés jeunes, nous avions déjà la culture du travail à distance, alors, la crise ne changera pas grand chose à notre fonctionnement. Mais nous avons dû mettre plus de la moitié de l’équipe au chômage partiel, en raison de l’arrêt de l’activité B to B. Nous avons fait une demande de PGE [prêt garanti par l’Etat], qui est en cours. En effet, entre mars et juin, normalement, c’est la période de signatures de contrats : nous aurions dû en signer pour plusieurs millions d’euros….Le manque à gagner est considérable. Nous n’avons pas de problème de trésorerie immédiat, mais notre plan de développement est remis en cause. Nous allons relancer notre deuxième levée de fonds, importante, dont nous conservons pour l’instant le montant confidentiel. En 1919, nous avions déjà levé 800 000 euros. Pour nous, aujourd’hui, la preuve a été faite de la pertinence des valeurs du local. Le contexte pourrait bien être favorable.
Anne DAUBREE