Mif expo, un salon pour les pro ?
Né il y a onze ans pour promouvoir le Made in France auprès du grand-public, Mif expo est devenu – aussi - le lieu où les acheteurs professionnels trouvent de nouvelles pépites à proposer dans leurs enseignes.
Il est devenu une institution pour les Parisiens à la recherche d'un cadeau de Noël original. Mais pas seulement... La 11ème édition du MIF, salon du Made in France s'est tenue du 9 au 12 novembre, porte de Versailles. Pour les exposants, qui viennent de partout en France, ce rendez-vous annuel constitue une occasion rare de rencontrer les consommateurs, s'en faire connaître et vendre des produits. Et aussi d'échanger avec d'autres professionnels et de trouver des nouvelles opportunités de distribution. Ainsi, sur le petit stand de Quanailles, chaussettes aux motifs très originaux, fabriquées dans le Limousin, une quadragénaire s'enquiert des matières utilisées. Est-elle à la recherche d'un cadeau de Noël pour une nièce, ou d'une nouvelle marque à proposer chez Monoprix ? Seul son badge l'indique...Par exemple, Catherine Mennad, fondatrice de la boutique « L'Habit français » à Paris, qui propose une cinquantaine de marques MIF, a prévu de passer sa journée de jeudi à Mif expo, liste des exposants qui l'intéressent à la main. « Je viens sur le salon pour m'approvisionner, découvrir de nouvelles marques. Je suis venue la première fois en 2018, juste avant d'ouvrir ma boutique. J'y ai rencontré des marques comme 1083 et Le Slip Français avec lesquelles je travaille aujourd'hui encore. Et j'ai continué à découvrir ou rencontrer de nouvelles marques sur le salon », explique-t-elle. Ce rendez-vous annuel figure parmi ses ressources principales pour trouver des fournisseurs, avec Internet et Who's Next, salon bisannuel consacré à la mode.
«Il y a onze ans, le salon est né pour faire connaître le Made in France au grand public qui venait par curiosité découvrir quelque 78 exposants... Aujourd'hui, le salon s'est professionnalisé. Avec son millier d'exposants, il est devenu un vivier incontournable en matière de MIF pour les distributeurs. Pour les acheteurs des enseignes et pour les exposants, ce rendez-vous est l'occasion d'une première rencontre », explique Fabienne Delahaye, fondatrice et présidente de Mif expo. La grande-distribution est, elle aussi, concernée par la nécessité de trouver des fournisseurs MIF pour les produits qu'elle commercialise sous ses propres marques ou pour être en mesure de proposer d'autres marques MIF.
Acheter en Normandie et en Occitanie
A l'image d'eHo, par exemple. Cette marque de montres upcyclées s'expose dans l'espace « Occitanie » de Mif expo. Sur le stand, les particuliers sont manifestement séduits par ces produits soignés, à l'allure originale et issus d'une démarche écologiquement vertueuse. « Nous sommes venus pour rencontrer notre public. Mais j'ai également rendez-vous avec un acheteur d'Auchan avec lequel je suis en contact. Lorsque je lui ai dit que je serai au MIF, il a proposé de nous y voir car il comptait de toute façon s'y rendre », explique Jean-Luc Bernerd, Pdg de MGH, Manufacture Générale Horlogère, qui possède la marque. La PME (issue du rachat du fonds d'industrie Lip France) est basée à Lectoure. Dans la géographie un peu particulière du salon, cette petite localité du Sud (Gers) est très proche de la Normandie et de Cherbourg, avec le stand de la PME Le parapluie de Cherbourg. Mais les attentes des chefs d'entreprises de ces différentes régions se ressemblent. Cette année, Charles Yvon, président de Le parapluie de Cherbourg, a fait transporter une ligne de production des parapluies dans l'espace de l'Usine Éphémère présente sur le salon. « Nous sommes ici pour faire connaître au grand public la qualité et le savoir-faire de nos produits qui sont réalisés en France », explique-t-il. Mais lui-même n'aura vraisemblablement que peu de temps à consacrer aux visiteurs individuels sur le stand tenu par ses équipes. Son agenda est dense de rendez-vous avec des professionnels. Parmi eux, des acheteurs de marques de luxe qui peuvent passer commande pour plusieurs centaines de parapluies signés des deux marques. Par ailleurs, « l'an dernier, sur le salon, j'ai reçu des importateurs avec lesquels je travaille notamment pour la Belgique et la Corée, et que j'avais invités. Eux viennent chercher un carnet d'adresses, faire leurs emplettes. Je leur ai présenté d'autres entreprises, dans le textile, les bijoux ou la maroquinerie. L'inverse m'est arrivé aussi. Il y a beaucoup d'échanges entre exposants », souligne Charles Yvon.
Une tribune Made in France
Ces échanges constituent aussi l'un des motifs de la -première – venue au salon de Catherine Bréchignac dirigeante de la TPE Ça cartonne, basée à Quillan (Aude) . La société propose articles de classement, emballages, packaging, coffrets pour le e-commerce... Sa dirigeante compte bien vendre « aux particuliers, aux exposants et aux entreprises ». Mais aussi, « j'échange souvent avec d'autres entrepreneurs que j'ai rencontrés au fil d'événements. Nous nous sommes aperçus que nous serions plusieurs à être à Mif expo », explique-t-elle.
Progressivement, le salon est aussi devenu un lieu où convergent institutions ou organismes qui entendent se rapprocher de ce petit écosystème qui, depuis dix ans, s'est développé autour du MIF. Les agents de la DGCCRF, Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes, et ceux des Douanes sont présents pour répondre aux éventuelles questions des entrepreneurs. La FEEF, Fédération des entreprises et entrepreneurs de France est également là. « Le salon du MIF est devenu le lieu où il faut être. Depuis l'an dernier, nous venons présenter notre label PME+ aux consommateurs. Mais nous constatons que les exposants aussi viennent vers nous s'informer du rôle de la FEEF », constate Léonard Prunier, son président. « Nous avons tout fait pour que le salon devienne un lieu de rencontres, d'inspiration, de débats. Des exposants s'y rencontrent et des projets naissent. Et aussi, des porteurs de projets s'y rendent pour trouver un fabriquant ou un fournisseur », complète Fabienne Delahaye.
Mais Mif expo semble également jouer un autre rôle encore. Ce rendez-vous du mois de novembre place le sujet du Made in France sur le devant de la scène médiatique, offrant une tribune à ses acteurs. « Participer au salon a aussi son importance dans la mesure où c'est une manière de se rendre visible. Nous militons pour que les petites industries comme la nôtre restent sur les territoires ; il faut se battre pour cela et les collectivités ont leur rôle à jouer », explique Catherine Bréchignac, qui regrette de ne pas avoir beaucoup de commandes de leur part. Quant à Guillaume Gibault, président et fondateur de Le Slip Français, marque devenue emblématique du MIF, il a publié une lettre ouverte au président de la République. Et, en l'absence de réponse, explique la marque, une pétition est actuellement en ligne « pour un projet de loi en faveur des entreprises du Made in France ».