Michelangelo Antonioni : œuvres méconnues du maître italien
Carlotta Films réédite deux films du cinéaste italien qui fera basculer le 7e art dans l’ère moderne à l’orée des années 1960.
Né à Ferrare (Italie) en 1912, Michelangelo Antonioni fut, avec Ingmar Bergman, le héraut d’un cinéma empreint de métaphysique, auscultant l’âme humaine dans un style résolument novateur et opérant une véritable radioscopie des inquiétudes propres au monde contemporain. Tournant le dos à l’esthétique néo-réaliste hérité de l’après-guerre, le cinéaste n’aura de cesse de filmer, à travers sa célèbre trilogie – L’Avventura (1960), La Nuit (1961, L’Éclipse (1962) – le désengagement, la lassitude et l’ennui de la bourgeoisie dans l’Italie des années 1960, annonçant les ruptures idéologiques et morales des années 1970.
Les prémices de ce bouleversement thématique et esthétique apparaissent ainsi dans Chronique d'un amour (1950), son premier long-métrage de fiction. Le récit s'ouvre alors qu'un riche industriel milanais engage un détective privé pour enquêter sur le passé de sa femme. Se rendant à Ferrare, ville où Paola a vécu et fait ses études, l’homme apprend que plusieurs années auparavant, la jeune femme a aimé Guido, un modeste vendeur de voitures dont la fiancée a disparu suite à un tragique accident…
Michelangelo Antonioni peint avec sensibilité un portrait de femme fragile et contradictoire, magnifiquement incarnée par Lucia Bosé. Reflet d’un monde composé essentiellement de points d’ombre et de brouillard, l’esthétique du réalisateur de Blow-Up décèle le sens caché des choses, des non-dits et des métaphores. Avec cette œuvre qui mêle habilement film noir et chronique de moeurs, disponible pour la première fois en Blu-ray™ dans sa nouvelle restauration 4K, Antonioni entame son passage du classicisme au modernisme.
Premier film en couleurs du réalisateur italien, Le Désert rouge suit les pas de Giuliana – interprétée par la sublime Monica Vitti –, sujette à de fréquentes crises d’angoisse depuis son accident de voiture. Dans la banlieue industrielle de Ravenne, elle cherche le réconfort auprès de Corrado, un ancien camarade de son mari venu recruter de la main-d’oeuvre…
A travers Le Désert rouge, Michelangelo Antonioni dévoile l’ambiguïté du monde industriel, lieu du drame. Source d’angoisse, perçu par ses personnages comme inhumain et vide de sens, le paysage industrialisé invoque dans le même temps la beauté d’un univers de fumée et de métaux. Somptueusement photographié par Carlo Di Palma et disponible pour la première fois dans sa nouvelle restauration 4K, Le Désert rouge (Lion d’or au Festival de Venise 1964) est un joyau méconnu de la filmographie du cinéaste.
Carlotta Films.