Métropole de Rouen : territoire décarboné à l’horizon 2050 ?
Du 21 au 26 septembre, à l’occasion de la Semaine européenne du développement durable, la Métropole Rouen Normandie s’est questionnée sur son avenir énergétique… pour devenir la Capitale du monde d’après ?
Et si la Métropole de Rouen devenait un territoire alimenté à 100 % par des énergies renouvelables ? C’est en tout cas l’ambition affichée par les nouveaux élus de la Métropole, qui souhaitent faire de la « Belle endormie », la « Capitale du monde d’après » ; une capitale totalement décarbonée d’ici 2050. Pure utopie ? « Nous avons pour objectif de poursuivre des utopies, a plaidé Marie-Atinault, vice-présidente de la Métropole en charge des transitions et innovations écologiques, à l’occasion d’un forum organisé au Hangar 106, fin septembre. Le sort même de l’humanité se loge dans ce terme ! » En tout cas, les nouveaux élus ne comptent pas baisser les bras face à la montagne qui leur fait face. Parmi les pionnières dans la mobilisation avec la signature fin 2017 de la Cop21 locale, la Métropole compte bien poursuivre le travail engagé avec tous les acteurs du territoire. « On ne fera pas la transition sans les entreprises, a insisté Nicolas Mayer-Rossignol, le nouveau président de la Métropole. Il nous faut créer un projet de territoire. »
Le solaire comme levier
« C’est un point important que nous avions tout de suite identifié dès 2018, a renchéri Marie-Atinault. La participation des industriels du territoire est indispensable. » L’industrie est en effet un levier important, tant vis-à-vis du volume énergétique que représente le secteur, tant sur les moyens technologiques dont il dispose. Voilà pourquoi 13 « coalitions » ont été mobilisées pour travailler chacune sur leurs dossiers. La question de l’énergie photovoltaïque, notamment, est sur le devant de la scène… Le Grand Port Maritime de Rouen (GPMR), par exemple se penche sur cette technologie, avec l’envie d’équiper ses bâtiments, voire d’installer des fermes solaires dans les zones portuaires ne pouvant accueillir une autre activité. « Le port s’est une petite ville, a rappelé Xavier Lemoine, directeur de l’aménagement territorial et de l’environnement au GPMR. Quand on a démarré, il y a trois ou quatre ans, on ne savait pas vraiment où on allait. L’implication de la Métropole et le travail au sein des coalitions nous a vraiment aidés. »
Un facteur d’attractivité
Néanmoins la production d’énergies renouvelable ne suffira pas à aboutir à un territoire 100 % décarboné… Les autres leviers sont connus. La rénovation des bâtiments pour une meilleure efficacité énergétique en est évidemment un. « Nous avons un plan pour rénover nos bâtiments, a poursuivi Xavier Lemoine. Dans dix ans, sur nos propres bâtiments, on devrait y arriver. » D’autres travaillent en même temps sur le stockage du carbone, en utilisant des matériaux biosourcés, notamment pour l’isolation. C’est le cas de l’ABBEI, une entreprise d’insertion qui favorise aussi au maximum le réemploi de matériaux, après déconstruction. « Nous voulons démontrer que c’est une activité économiquement viable », a insisté Patrick Lepage, le directeur de l’ABBEI. Un point crucial ! « C’est une source d’emploi et un facteur d’attractivité, assure Nicolas Mayer-Rossignol. C’est aussi une réponse à la désindustrialisation et à la perte de souveraineté. »
Pour atteindre ses objectifs, la Métropole aura décidément besoin de tout le monde. Elle aura même probablement besoin des territoires voisins, ayant un terrain plus favorable à d’autres énergies, comme l’éolien par exemple… ou même le nucléaire. Au moins dans un premier temps…
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre