Mesnières : un château de la Loire en pays de Bray
S’inspirant de la Renaissance italienne reine dans la vallée de la Loire, le château de Mesnières-en-Bray se visite partiellement. Il abrite notamment aujourd’hui un collège et un lycée réputés. C’est aussi un lieu magique pour mariages, séminaires…
Situé au coeur de la commune bucolique de Mesnières-en-Bray, le château a été érigé en lieu et place d’une forteresse démantelée par les Anglais au XVème siècle. Charles de Boissay s’est inspiré de l’architecture de la Renaissance italienne féconde dans la vallée de la Loire. Il en accélère la construction après son mariage en 1521. Sa sœur, Suzanne, lui succède et la chapelle est bénie le 4 avril 1546.
Un château aux cent vies
Lorsque l’on se présente devant, on ne peut qu’être ravit de tant d’élégance, de quiétude et de ses faux airs de son cousin d’Amboise. Et pourtant, le château et ses vastes dépendances semblent continuer de cent vies à la fois. Se développant sur 24 hectares avec parc boisé, terrain de football, chemins de randonnées, il abrite avant tout l’institut privé Saint-Joseph. Il scolarise des élèves de la quatrième à la licence professionnelle dans les domaines de la forêt, de l’horticulture, de l'animation, de la santé et des services aux personnes, de l'hôtellerie-restauration. Le tout par voie initiale et par apprentissage. Il est possible d’ailleurs de déjeuner au restaurant d’application sur réservation.
Pas moins de 700 élèves, dont 350 pensionnaires sont scolarisés sur place. C’est aussi un établissement réputé pour des mariages, des séminaires d’entreprises même pour 20 personnes, des spectacles, des chambres d’hôtes, des colonies de vacances, des formations : « Le bouche à oreille est très bon. Les gens sont toujours contents de venir dans cet endroit merveilleux, de voir un château de la Loire en Normandie, à taille humaine et chargé d’histoire», confie Marie-Amélie Minel, chargée des accueils au château.
Revenons en effet à sa riche histoire. C’est le marquis Louis Fautereau qui l’agrandit vers 1660 en aménageant notamment les impressionnantes : chapelle, galerie des cerfs, plafond de salle des cartes et la salle de musique des Quatre-Tambours. Revendu plusieurs fois, le château est séquestré et transformé en prison pendant la Révolution Française. Il abrite alors jusqu'à 150 prisonniers. En 1835, l’abbé Charles Eude, vicaire de l'église Saint-Vincent de Rouen, le sauve de la démolition l’achetant aux enchères. Il y installe la communauté des Frères de la Miséricorde, un établissement d'enseignement avec orphelinat et pensionnat. Il serait arrivé avec sept enfants.
De vastes dépendances sortent de terre
En 1878, la direction de l'établissement est reprise par la congrégation des Pères du Saint-Esprit : « C’est à cette époque que les douves sont asséchées et que d’importantes dépendances dans le même style que le château sont construites, narre Marie-Amélie Minel. Cela présente un très bel ensemble. Une grande chapelle est construite. Celle du XVIème était trop petite. Le château était considéré comme le centre du village. Il y avait une ferme, des abattoirs, une porcherie, une boulangerie. De l’électricité était même produite sur place. Elle était revendue au village. »
Lors des deux conflits mondiaux, le château a été hôpital de guerre, occupé par les Allemands mais jamais les prêtes ne l’ont abandonné. Malheureusement, la chapelle est la proie d’un important incendie le 20 février 2004 : « Le feu, attisé par un vent violent, s’est déclaré dans la toiture du château, raconte encore émue Marie-Amélie Minel. Elle a été détruite aux trois quarts. La chapelle a été très endommagée. Ancien président de l’association Saint-Joseph, Michel Huet a oeuvré sans relâche durant plus de dix ans pour que le site continue de vivre et que les travaux de réhabilitation s’achèvent. Il est décédé l’an dernier. La chapelle a été rebaptisée espace Michel-Huet en sa mémoire. Durant ces longues années, nous avons pu compter sur le soutien sans faille des familles… »
Durant l’été, il est possible notamment de visiter en compagnie d’un guide quelques unes des pièces emblématiques comme les murs de la salle des cartes sur lesquels plusieurs cartes géographiques (la France, le monde…) ou des plans de villes (Rouen et Le Havre) ont été patiemment dessinés pour les petits hôtes des lieux, encore la grande chapelle ou espace Michel-Huet, qui revit après l’incendie dramatique, et désormais lieu de mariages, de séminaires…
Lorsque l’on redescend les 23 marches, on ne peut qu’être soulagés que ce château, unique en Normandie et partiellement classé monument historique, ait pu, malgré les vicissitudes de l’histoire, parvenir jusqu’à nous… Nous vous conseillons également de passer du temps dans le village labellisés quatre fleurs où il fait bon découvrir places et rues, avenue verte, maisons normandes typiques, aires de pique-nique…