Conjoncture
Malgré un léger recul, l’attrait pour l’entrepreneuriat résiste
Bien que le contexte économique invite à la prudence, l’entrepreneuriat français semble résilient et la dynamique reste élevée en 2023. L’attrait pour le régime de l’auto-entrepreneur compense le repli des créations de sociétés traditionnelles.
En 2023, pour la première fois depuis sept ans, après une période de forte croissance entre 2016 et 2021, les créations d’entreprises s’essoufflent. Ce constat ressort d’une étude publiée mi- février par l’Insee. En effet, une légère baisse des créations est observée en 2023, mais le niveau reste soutenu, avec plus d’un million de nouvelles immatriculations
(1, 051 million), un nombre «près de deux fois supérieur à celui de 2015», souligne l’Insee. Le repli des créations, de 1% par rapport à 2022, représente 10 500 entreprises de moins. Ce « tassement» traduit « la fin de la bulle des créations d’entreprises liées à des opportunités nées pendant la pandémie », et l’impact négatif de la conjoncture « morose » sur les nouveaux projets entrepreneuriaux, analysait le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC), en janvier dernier. Dans le détail, parmi les structures créées en 2023, on dénombre 269 900 sociétés (en baisse de 8% sur un an), 114 100 entreprises individuelles traditionnelles (-6%) et 667 400 micro-entreprises (+3%).
Les services administratifs tirent leur épingle du jeu
Selon les données dévoilées, le ralentissement des créations touche la plupart des secteurs, à l’exception des services administratifs. La construction et l’immobilier, durement affectés par la hausse des taux d’intérêts, connaissent une forte réduction, de 8% et 12%, respectivement. Les activités scientifiques et techniques affichent également une baisse de 8%, après une augmentation de 15% en 2022. Le repli est également marqué pour le secteur de la santé humaine et de l’action sociale (-9%). A l’inverse, les nouvelles entreprises de l’information et de la communication progressent de 8%, celles spécialisées dans les services administratifs et de soutien de 17%.
Autre constat, les entreprises lancées en 2023 sont moins pourvoyeuses d’emplois qu’il y a dix ans. Au moment de leur création, seulement 2% d’entre elles comptent des employés. Pour les sociétés, cette proportion est descendue à 5% en 2023, alors qu’elle était de 12%, il y a une décennie.
Micro-entreprise : la formule reste prisée
Les micro-entrepreneurs dominent encore le paysage entrepreneurial français : ils représentent près des deux tiers (63%) des nouvelles entités, contre 48% en 2017. Malgré le fléchissement des créations, ce statut poursuit sa croissance, avec une hausse de 3% des immatriculations, atteignant un niveau record de 667 400, en 2023. La progression est cependant « beaucoup plus modérée qu’entre 2017 et 2021 (+19 % en moyenne par an)», note l’Insee. Cette «dynamique» compense partiellement la baisse des créations de sociétés (-8%), ainsi que celles des entreprises individuelles classiques qui reculent pour la seconde année consécutive (-6%). Cependant, toutes les immatriculations sous se statut ne se traduisent pas par une activité économique réelle : près d’un tiers des micro-entrepreneurs immatriculés au premier semestre 2018 n’avaient réalisé aucun chiffre d’affaires, dans les mois suivant leur immatriculation, rappelle l’Institut.
Des disparités régionales
La majorité des régions métropolitaines ont connu, l’an passé, un repli du nombre d’entreprises créées. Avec des disparités : les plus fortes baisses ont été constatées en Provence-Alpes-Côte d’Azur (-7%) et Auvergne-Rhône-Alpes (-4%) ; à l’inverse, l’Ile-de-France et la Corse affichent une hausse de 2% du nombre d’immatriculations.
AÏcha BAGHDAD et B.L
Davantage d’étrangers entrepreneurs
Les Français n’ont pas été les seuls à manifester une fibre entrepreneuriale. En effet, 16% des entreprises individuelles nouvelles de 2023 ont été créées par des étrangers, le plus souvent comme micro-entrepreneurs, en hausse de 3 points par rapport à 2018. Les entrepreneurs étrangers sont majoritairement des hommes jeunes (36 ans) et s’orientent en priorité vers les secteurs des transports et de l’entreposage (44%), notamment la livraison à domicile, les taxis (30%) et la construction (27%).