JOP/ Un été de sports

Les sportifs de haut niveau pour modèles

L’enquête BPCE menée auprès de 439 sportifs de haut niveau (SHN) propose un regard croisé entre la perception et l’image du grand public de ces champions et la réalité vécue par ces SHN. Les Français reconnaissent leur rôle de modèle, avec une attente d’exemplarité.

(c) Adobe stock
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« Lorsque l’on demande aux Français, ‘Qui sont pour vous les sportifs de haut niveau, est-ce que vous pouvez en citer un ?’ Evidemment, celui qui ressort en premier est Kylian Mbappé, puis Teddy Riner et Rafael Nadal, qui ne sont pourtant pas des sportifs de haut niveau au sens de la liste ministérielle », signale Perrine Lantoine, chargée de l’analyse des tendances sociétales et des comportements financiers des ménages et des entreprises au sein du groupe bancaire BPCE. La vision du sport de haut niveau est donc grandement influencée par le sport spectacle et le sport professionnel. En réalité, le statut de SHN s’obtient par l’inscription sur une liste arrêtée par le ministre chargé des Sports, répartie en quatre catégories ( Elite, Senior, Relève ou Reconversion) dont font partie quelque 5 000 athlètes. Cette même vision décalée revient dans « les premiers mots qui viennent à l’esprit », lorsque l’on évoque le sport de haut niveau : « La compétition arrive en premier, l’argent en deuxième. Or, l’argent ce n’est pas ce qui caractérise la majorité des SHN », précise Perrine Lantoine.

Sérieux et discipline

« Il y a une sorte de quiproquo entre la représentation du SHN par le grand public et la réalité », poursuit-t-elle. Ce décalage se retrouve dans les qualités premières de ces champions. Ces derniers mettent en avant le sérieux et la discipline, ensuite la détermination et la volonté de gagner, l’esprit de compétition. En miroir, le grand public valorise lui également le sérieux et la discipline, mais ensuite des « tics sportifs » tels que le fair-play, le respect des règles et de l’adversaire, puis l’honnêteté, l’intégrité. « On a quand même un petit écart entre la vision du grand public et des sportifs sur la hiérarchie des qualités qui sont demandées ». En outre, « il y a une attente du grand public d’une sorte d’exemplarité et d’éthique sportive qui est très marquée » : 64% des Français attendent des SHN qu’ils s’investissent dans des causes (environnement, inclusion sociale…) et 73% pensent que la figure du SHN constitue un bon modèle pour les jeunes à valoriser dans l’éducation des enfants.

Et incarnation de valeurs sportives

Interrogés sur leur rôle dans la société, les SHN de leur côté souhaitent faire rêver, inspirer ; promouvoir les valeurs de dépassement de soi, d'effort ; et valoriser la pratique sportive et l'activité physique. Et ils surfent sur quatre registres différents : l’incarnation de valeurs sportives, l’exemplarité (pour 84% d’entre eux), et le plaisir, le spectacle et le partage (67 %). Des rôles qui arrivent devant ceux citoyen (42 %) et d’attraction des talents (34 %).

Effet JO

Quant à leur statut dans la société, les SHN estiment qu’il est respecté et valorisé à 36%, mais dans le même temps 46% pensent qu’il est sous-estimé. « Ils ont le sentiment qu’aujourd’hui leur statut n’est pas assez reconnu. Néanmoins, – est-ce un effet JO ou d’évolution des mentalités ? s’interroge Perrine Lantoine –, ils sont 41% à penser que leur image en France a plutôt tendance à s’améliorer ». Explication avancée : « De plus en plus, les SHN gèrent leur image et leur réputation, surtout quand ils commencent à avoir une certaine notoriété, notamment sur les réseaux sociaux où ils sont très présents ».

Certains clichés semblent effectivement aujourd’hui dépassés. En témoigne ce verbatim recueilli auprès de certains d’entre eux pour l’étude : « A mon époque, je cachais que j’étais sportive de haut niveau parce que la vision du sportif, c’était tout dans les muscles, rien dans la tête » ; « Avant le surfeur, c’était le babou avec son camion qui fumait des pétards, ça a quand même beaucoup changé dans la tête des gens, et rapidement ! ». Ils témoignent également de la gestion de leur image : « Au début c’était juste pour remercier les sponsors, mais aujourd’hui la gestion de mon image et ma présence sur les réseaux, ça fait partie de mon quotidien » ; « J’ai de plus en plus de sollicitations et ça me plaît, ça me permet de m’évader, et de me montrer autrement ».

Charlotte DE SAINTIGNON