Inclusion

Les professionnels du cuir se mobilisent pour les JO paralympiques

La Fédération française du cuir se mobilise pour soutenir les cavaliers de l'équipe de France de paradressage, avec la Fédération française d'équitation. Rencontre autour de l'intégration par le sport et le travail.

(© Adobe Stock)
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« Sultan est un cheval qui a beaucoup d'énergie », commente Alexia Pittier, postée à côté de l'écran géant sur lequel on la voit réaliser une impeccable séance de dressage, pirouettes, variation des allures… A la regarder, c'est imperceptible. Pourtant, Alexia Pittier, atteinte de la maladie de Charcot-Marie -Tooth, est l'une des cavalières qui compose l'équipe de France pour les Jeux Paralympiques de Paris (du 28 août au 8 septembre) , avec Vladimir Vinchon et Lisa Cez. Ce 4 avril, tous trois étaient présents à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), dans le centre de la FFE, Fédération française d'équitation. Une rencontre était organisée par celle-ci et la Fédération française du cuir (FFC), qui s'est engagée à soutenir l'équipe française de paradressage, laquelle pourra comporter jusqu'à six couples cavalier/ cheval. La somme allouée - 200 000 euros – qui transite par le fonds de dotation de la FFE, EquiAction va servir à accompagner cavaliers et montures tout au long de leur préparation pour les Jeux.

Le sujet de l'inclusion du handicap par le sport et dans les entreprises a été au cœur de cette journée à laquelle participaient professionnels du monde du cuir et de l'équitation. « Le combat que l'on doit engager, c'est de se dépasser, de revenir au niveau des autres. Ma famille voulait me surprotéger, mais cela m'enfermait dans une bulle qui m'excluait socialement. Le sport est le seul vecteur que j'ai trouvé pour progresser. Si on le veut, c'est possible », a témoigné Vladimir Vinchon, cavalier passionné depuis toujours, qui a perdu une jambe dans un accident de voiture.

L'effet d'entraînement

Pour lui, les Jeux de Paris ont un rôle à jouer pour transformer le regard de la société sur le handicap. « Même si nous passons après les JO, il y a une grande attention médiatique. Déjà, il ne reste plus beaucoup de places à vendre, c'est une première victoire. A Londres, les Anglais avaient placé la barre très haut en matière de communication. Il nous revient d'aller plus loin encore », explique le jeune homme. Lui-même, conseiller clientèle chez Enedis, se déclare « à l'aise partout » et n'hésite pas à aller témoigner dans les écoles ou les entreprises qui le souhaiteraient. De fait, l'intégration du handicap en entreprise passe aussi par l'exemple, selon Marylin Causse, directrice de Veta, l'association « Vivre et travailler autrement ». Fondée par un dirigeant du groupe Andros dont un fils était autiste, l'association accompagne les entreprises qui intègrent un autiste parmi leurs effectifs, selon des protocoles précis. « Il existe un effet d’entraînement. Andros a expérimenté dans une usine en Eure-et-Loir, puis ils ont communiqué. C'est important pour changer », témoigne Marilyn Causse, qui a vu la pratique se disséminer dans les entreprises.

Clémentine Colin Richard, administratrice de l'entreprise Richard-Pontvert (chaussures) et présidente de la Fédération française de la chaussure n'est pas très à l'aise avec l'idée de communiquer sur ce sujet. Dans l'entreprise familiale (200 collaborateurs ) qu'elle conçoit comme une « communauté », l'intégration de personnes qui s'écartent de la norme - étrangères, handicapées, éloignées de l'emploi- a toujours relevé de l'évidence et d'une pratique faite d'adaptation de chacun au quotidien. En prenant un caractère obligatoire et formalisé, cette intégration vire au « casse-tête des services RH », regrette Clémentine Colin Richard. Et la contrainte bouscule une pratique jusqu'alors spontanée.

Anne DAUBREE