Les PME industrielles, soutenues par le plan de relance
Fruit du plan de relance, des projets industriels, émanant souvent de PME, sont financés sur l'ensemble du territoire. A ce jour, 1,6 milliard d’euros d'aides publiques ont été distribuées, auxquelles répondent 6,3 milliards d'euros d'investissements, d'après le gouvernement. Les appels à projets sont prolongés jusqu'en septembre.
1,6 milliard d’euros d'aides publiques distribuées : tel est le bilan d'étape de la mise en œuvre du plan de relance pour l'industrie. Il a été dévoilé le 9 avril, lors du comité exécutif du CNI, Conseil national de l’Industrie. Les dispositifs mis en œuvre visent quatre objectifs : (re)localiser, décarboner, moderniser et innover. Et d'après le gouvernement, ils rencontrent un « fort succès ».
Au niveau de la participation, ce sont 4 570 entreprises qui ont déposé des dossiers et parmi elles, 1 367 ont déjà été lauréates. Les PME et les TPE sont majoritaires : elles représentent 60% des dossiers choisis, contre 23% d'ETI et 17% de grandes entreprises. En terme de montants, TPE et PME ont recueilli 708 millions d'euros, contre 388 millions d'euros pour les ETI et 493 millions pour les grandes entreprises. De nombreuses secteurs sont concernés par les aides nationales : 17% des montants sont consacrés à l'automobile, 17% à la santé, 15% à l'aéronautique, 14% à l'agroalimentaire... Et du point de vue de la répartition géographique aussi, les aides sont très dispersées : par exemple, l’Île-de-France
concentre 109 projets et 105 millions d'euros d'aides pour 370 millions d'investissements, les Hauts-de-France, 128 projets et 152 millions d’euros d'aides pour 783 millions d'investissements. La Normandie, elle compte 75 projets pour 80 millions d'aides et 769 millions d'euros d'investissements. Poids lourd, l'Auvergne-Rhône-Alpes concentre 201 projets et 333 millions d'euros d'aides pour 920 millions d'investissements.
Quant aux appels à projets qui adressent spécifiquement certaines filières particulièrement impactées par la crise (aéronautique et automobile), ils ont également reçu de nombreux dossiers : 1350, dont 492 ont été acceptés. Au total, les entreprises lauréates ont reçu 432 millions d’euros d'aides ( dont 235 pour l'automobile), correspondant à 1,18 milliard d'euros d'investissements (dont 711 pour l'automobile).
462 millions d'euros pour des projets de relocalisation
Au cœur du plan de relance de l'industrie, le volet « relocalisation » a vu 273 projets sélectionnés cette année, pour des aides à hauteur de 462 millions d'euros. Cela représente 1,8 milliard d'euros d'investissements industriels. Ils se répartissent sur l'ensemble du territoire et dans des filières diverses, de l'agroalimentaire à l'électronique, en passant par le médical... Par exemple, dans les Hauts-de-France, Hermes Boissons, une PME de l’Oise spécialisée dans la production de jus de fruits, va déployer une technologie novatrice de traitement des jus de fruits par pression à froid. Toujours dans l'agroalimentaire, mais en Normandie, Traiteur de Paris, groupe familial spécialisé dans les pâtisseries sucrées et salées, vise à accroître ses capacité de production. A la clé, une soixantaine d'emplois. De plus, en s'approvisionnant à proximité, le projet devrait engendrer des effets bénéfiques pour l'économie locale, et notamment les producteurs de champignons ou brocolis...
Autre secteur, l'électronique : par exemple, en Auvergne-Rhône-Alpes, la PME grenobloise Crocus Technology va mettre en place une filière de production automatisée pour fabriquer des modules d'interconnexion optique de haute technologie, dédiés aux systèmes électroniques embarqués, fonctionnant dans des milieux critiques.
Le secteur de la santé n'est pas en reste : en Île-de-France, une PME, BforCure, compte déployer des solutions innovantes de diagnostic in vitro modulables, facilement mobilisables en cas de crise sanitaire. Des automates seraient en mesure de produire des résultats en 30 minutes, à partir de prélèvements salivaires. Une trentaine d'emplois sont en jeu. Et une autre PME, Affinisep, basée en Normandie, entend, elle, développer et fabriquer de nouveaux kits d'extraction dans des matrices comme l'urine ou la salive. Objectif : faciliter les analyses en cas de contamination virale, mais aussi, la recherche et l’identification de biomarqueurs de cancer.
Objectif décarbonation, avec les chaudières biomasse
Parmi les autres volets du plan, celui consacré à la « décarbonation » de l'économie, a pour l'instant bénéficié d'un soutien public à hauteur de 324 millions d'euros. A ces derniers, correspondent 844 millions d’euros d’investissements. Au niveau environnemental, les projets choisis devraient permettre de réduire les émissions annuelles de CO2 d'une tonne environ. Parmi les appels à projets, l'un concerne la production de chaleur à partir de biomasse, pour des usages industriels. Le principe consiste à financer de nouvelles installations ou la conversion de chaudières existantes, qui, originellement, utilisent des combustibles fossiles. Au total, 38 projets ont été sélectionnés, qui devraient représenter 380 millions d’euros d’investissements industriels à l’échelle nationale. Ils bénéficieront d'aides diverses, pour un total de 292 millions d'euros. Parmi ces projets, figure par exemple celui de Solvay, géant de la chimie, implanté dans la vallée du Rhône. Il prévoit la construction d'une nouvelle chaufferie vapeur à base de biomasse d’une puissance de 30MW. Elle devrait permettre une substitution à hauteur de 57% du gaz naturel et sera alimentée par des déchets de bois. Bénéfice environnemental attendu : éviter l'émission de 48 400 tonnes de CO2 d’origine fossile par an.
Autre projet, breton, celui du site PSA de la Janais, l'une des principales usines française du groupe. Il s'agit d'implanter une chaufferie biomasse de 8 MW en substitution du gaz pour la production d’eau chaude. Les ressources proviendront essentiellement de Bretagne et des Pays de la Loire. Par ailleurs, l’installation sera associée à un réseau de chaleur, de manière à desservir d’autres usagers de la zone industrielle. Au total, les émissions de 6 600 tonnes de CO2 d’origine fossile devraient être évitées, chaque année.
Développement des accélérateurs pour PME
Cette année, une trentaine de nouveaux « accélérateurs », dans une quinzaine de filières, vont être lancés. Le dispositif consiste en des structures d'accompagnement sur mesure, afin d'aider les PME à « monter en puissance ». D'après l'expérience, le bilan est probant : plus 10 points de chiffre d’affaires pour les entreprises concernées. Le programme, opéré par Bpifrance, a été lancé en 2015.