Axe Seine

Les maires du Havre, de Rouen et Paris font trois propositions pour le développement du transport fluvial

Après une première rencontre en février dernier, Anne Hidalgo, Nicolas Mayer-Rossignol et Edouard Philippe, respectivement maires de Paris, Rouen et Le Havre, se sont à nouveau réunis, cette fois dans la Cité océane, pour parler du développement du transport fluvial sur l'Axe Seine.

Patrick Ollier, président de la Métropole Grand Paris ; Anne Hidalgo, maire de Paris ; Edouard Philippe, maire du Havre et Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen. (Photo Ville du Havre)
Patrick Ollier, président de la Métropole Grand Paris ; Anne Hidalgo, maire de Paris ; Edouard Philippe, maire du Havre et Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen. (Photo Ville du Havre)

À la veille de la fusion officielle des ports du Havre, de Rouen et de Paris, sous le sigle Haropa, Edouard Philippe a invité, lundi 31 mai, Anne Hidalgo, maire de Paris et Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen ainsi que Patrick Ollier, président de la Métropole Grand Paris, pour parler du transport fluvial sur l'axe Seine. Après une première rencontre, qui avait eu lieu en février dernier à Rouen et qui avait permis de mettre en place une collaboration autour de l'axe Seine, l'acte II s'est déroulé au Havre.

Le développement du transport fluvial représente un défi majeur pour les trois métropoles, tant sur le plan économique que sur le plan environnemental. « 85% des marchandises sont transportées par la route et seulement 10% par le fleuve. Dans ces 10%, la Vallée de la Seine représente la moitié », énonce le maire du Havre, Edouard Philippe. « La question fluviale nous apparaît comme un élément déterminant de la compétitivité des ports », affirme-t-il. Et d'ajouter : « Le rééquilibrage multimodal est important pour nous et décisif pour le transport fluvial en
France.
»

Une trentaine de responsables économiques du privé et du public ont participé à cette réunion, à l'Hôtel de ville du Havre, durant laquelle les élus « ont beaucoup appris des acteurs économiques ». « La filière du fluvial ne s'est jamais construite dans une grande visibilité, mais elle apparaît aujourd'hui comme une solution notamment dans le transport », estime Anne Hidalgo, maire de Paris. « Aujourd'hui, plusieurs acteurs portuaires nous ont parlé de l'attente des clients, pour des raisons de RSE (responsabilité sociétale et environnementale, NDLR) mais aussi de modèle économique, note Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen. Le sujet n'est plus "faut-il ou pas ?" mais "comment on y arrive ?". »

Une convention d'affaires prévue en octobre 2022

À l'issue de ces échanges, trois propositions ont été faites pour développer la logistique fluviale. Les élus se sont engagées à intégrer, dans les cahiers des charges de leurs commandes publiques, de nouveaux critères de notation qui va valoriser le fleuve comme moyen de distribution. « Des collectivités l'ont déjà fait, on peut s'appuyer sur leur travail pour coordonner notre approche », précise Edouard Philippe.

Afin de valoriser le fluvial et de promouvoir ses métiers peu connus, les maires des trois métropoles ont décidé d'organiser une convention d'affaires d'envergure européenne, le "Riverdating", prévue en octobre 2022 au sein de la Cité océane, en partenariat avec VNF. « Ces métiers sont apparus assez injustement méconnus et pourvoyeurs d'emplois à terme », note le maire du Havre. L'objectif de cet événement sera aussi de renforcer les échanges entre les différents acteurs de cette filière.

Rapprocher les acteurs du fluvial

Le troisième volet, plus vaste, vise à « coordonner dans nos espaces urbains des écosystèmes favorables à l'utilisation de la voie d'eau ». Trois points ont été mis en avant pour avancer sur cette dernière proposition. Les équipes municipales vont construire, avec les agences d'urbanisme, une stratégie d'aménagement en identifiant les lieux de débarquement, en étudiant la mixité des usages et la réversibilité des aménagements. La mise en place d'un réseau d'accès à des carburants moins polluants ou de l'énergie électrique, que ce soit pour la mobilité ou l'alimentation à quai, est également à l'étude. « Il existe 13 bornes électriques pour le transport fluvial sur l'axe Seine, 70 devraient être construites », a annoncé Edouard Philoppe.  Les trois métropoles travaillent aussi à la création d'une structure commune centrée sur les énergies.

Enfin, ce dernier volet prend en compte un appel à manifestation d’intérêt pour expérimenter des nouvelles façons de desservir la voie d'eau en cœur d'agglomération. « Les acteurs économiques ont dit, de façon unanime, que l'innovation dont ils avaient le plus besoin est de travailler collectivement », pointe le maire du Havre. Et d'ajouter : « L'économie du transport fluvial n'est pas, à elle seule, assez forte pour supporter le coût de l'innovation technologique. Il faut impérativement rapprocher les acteurs. » Cet appel à manifestation d’intérêt sera mis en place au premier trimestre 2022.

D'autres thématiques à l'étude

Si la réunion du 31 mai avait pour thématique le transport fluvial, d'autres dossiers sont à l'étude à l'échelle des trois territoires. Du côté des énergies, Le Havre, Rouen et Paris réfléchissent à la création d'un opérateur territorial de soutien au développement de la production d'énergies renouvelables locales. Le domaine de l'énergie fera l'objet de l'acte 3 des rencontres de l'Axe Seine prévu à l'automne à Paris, avec la participation des élus d'EPCI se situant sur l'Axe Seine.

La culture fait également partie des domaines autour desquels les trois territoires veulent développer des actions communes comme la création d'un parcours sur les auteurs le long de la Vallée de la Seine. Autre thématique commune : l'agriculture et l'alimentation, avec une aide à la structuration de filière emblématique du territoire, l'organisation d'une logistique des circuits-courts ou encore l'accompagnement du développement de matériaux biosourcés.