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Les grands chantiers et attentes des DRH

Simplification, emploi des seniors, santé au travail… Face aux défis que représentent la transformation du travail, les accidents du travail ou encore le recrutement, les professionnels des RH définissent leurs priorités. Des priorités mises récemment en avant par l’Association nationale des directeurs des ressources Humaines (ANDRH).

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Première attente des DRH, la simplification des processus administratifs et réglementaires. C’est ce qu’ont mis en avant 67 % des répondants à l’enquête menée par l’ANDRH*, et tout particulièrement les RH de plus petites structures. Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH cite, pêle-mêle, « la complexité administrative, gérer son entreprise, la multiplication des contrôles, l’instabilité des textes, les inconnues avec la jurisprudence »…

Cdi senior et contrat d’apprentissage quel que soit l’âge

Autre chantier d’importance, l’emploi des seniors. Celui-ci s’est « un peu amélioré, sous un effet, le maintien dans l’emploi », juge Benoît Serre. Dans le top 3 des actions mises en place par les employeurs, les aménagements du temps et des conditions de travail, la politique de prévention de l'usure professionnelle pour les métiers pénibles et le mentorat inversé (jeune/senior). De son côté, l’ANDRH, pour améliorer leur maintien et leur accès à l'emploi, plaide pour la mise en place d’un CDI senior, pour la possibilité d’accéder à un bilan de compétences dès 45 ans et l'évaluation de la pénibilité. Avec 77 % des DRH en faveur de la création d’un « CDI senior » qui pourrait s’arrêter au moment où le taux plein est atteint (ou continuer, en cas d’accord des deux parties). L’association appelle les pouvoirs publics à des initiatives novatrices sur le sujet : « Il faut donner des outils supplémentaires aux employeurs : le CDI senior pour les recrutements, et l’apprentissage quel que soit l’âge (notamment dans les CFA internes) », confirme Benoît Serre. Et ce notamment pour les métiers les plus en danger ou en tension. « C’est de la recherche d’employabilité », note Audrey Richard, DRH du groupe Canal + et présidente nationale de l’ANDRH. Autre requête, connaître la date de départ en retraite, pour permettre aux employeurs d’anticiper et de mieux accompagner les salariés. Ainsi, 65% des RH souhaitent rendre accessible à l’employeur la date à laquelle le salarié aura acquis 100% de ses droits à la retraite.

Le développement des compétences, enjeu clé à l’heure de la transformation des métiers

Autre sujet clé, la formation et la transition professionnelle. « Avec les transformations profondes du travail lié à l’IA et autres, les métiers, et donc les compétences, sont touchées. La question de l’accès à la formation continue est fondamentale », signale encore Benoît Serre. Pour lui, il faut « concentrer les financements sur les métiers du futur ». « Avec la transformation des emplois, voire la disparition de certains métiers, nous avons un vrai rôle à jouer sur les reconversions », abonde Laurence Breton-Kueny, DRH du groupe Afnor et vice-présidente de l’ANDRH. Sur ce sujet des reconversions, les RH ont trois attentes prioritaires pour faciliter les parcours : la prise en charge du financement de la formation, le maintien de salaire pour le salarié en formation et la mise en relation entre entreprises demandeuses et bénéficiaires. En attendant, Benoît Serre pointe du doigt « la complexité du système financier » et le fait que le budget formation soit consommé « à 80% par la somme des mandatory ou formations obligatoires » : « Beaucoup d’entreprises nous disent ‘une fois que j’ai dépensé mon argent pour toutes les formations obligatoires, il ne me reste rien pour faire des formations en lien avec les métiers de mon entreprise’ ».

Pour l’heure, avec l’instabilité ambiante sur l’impact des éventuelles réformes fiscales et sociales, les entreprises se disent « incapables de construire un budget ». En conséquence, elles « gèlent » et sont dans une « position attentiste ». Autre point d’achoppement, la question du financement de l’apprentissage et de l’alternance qui est remis en cause, alors que celui-ci constitue « un vrai outil vers l’emploi », avec un taux de transformation de l’ordre de 70%. La simplification des dispositifs de reconversion professionnelle et la mise en place d’un contrat d’alternance quel que soit l’âge (94% y sont favorables), sont des attentes fortes des RH. « Lever les barrières à l’entrée du contrat d’apprentissage permettrait de répondre aux enjeux de reconversion indispensable dans un monde en transformation », signale Laurence Breton-Kueny.

Vigilance accrue sur la santé et les conditions de travail

Les questions de santé au travail montent en puissance dans les priorités RH, avec un accent mis sur l’usure professionnelle et l’absentéisme. 40 % des DRH ont mis en place des actions pour traiter l’absentéisme, incluant des suivis des absences de longue durée et des entretiens de ré-accueil. Et l’ANDRH de citer des verbatims de RH sur le sujet : « Nous proposons des entretiens de ré-accueil après un arrêt, un suivi des absences de longue durée, et avons des contacts avec la CPAM ». Pour Audrey Richard « Il est temps que les pouvoirs publics transforment les recommandations des Assises du Travail, partagées en septembre 2023, en actions concrètes ! ». Pointant le mauvais positionnement de la France en Europe en termes d’accidents du travail graves et mortels, elle se félicite de la tenue de ces Assises du Travail et des travaux menés sur l’usure professionnelle, la prévention et la transmission des gestes et appelle de ses vœux à un « volet 2 » de ces Assises.

Parmi les profils pris en compte par les RH, les familles monoparentales, dont « 20,3% vivent sous le seuil de pauvreté », rappelle Laurence Breton-Kueny : 40 % ont mis en place des actions pour elles, comme de la flexibilité des horaires, du télétravail ou des congés supplémentaires. Autres profils particuliers visés par les RH, les prestataires, ces « oubliés », comme les nomme Audrey Richard : 15 % des RH ont ainsi instauré des actions pour faciliter leurs conditions de travail. L’ANDRH cite les verbatims de certains d’entre eux : « Les sous-traitants IT ont les mêmes conditions de travail que les internes (horaires flexibles, télétravail, etc) » : « Les horaires de ménage sont sur le temps de travail (16h 18h) ».

Autre préoccupation sociale pointée du doigt par l’Association des DRH, le logement, avec 28% des répondants qui indiquent que la difficulté d’accès au logement dans leur région est un frein au recrutement, en particulier dans celles touristiques, comme la Bretagne ou la région Paca. Ainsi, 10% des alternants renoncent à une alternance faute de trouver un logement. En réponse à ces difficultés, 9% des RH ont mis en place des dispositifs d’aide au logement.

*Enquête réalisée auprès de 1 170 adhérents, RH issus de tous secteurs d’activité

Charlotte DE SAINTIGNON



Intelligence artificielle : une implémentation encore timide

35 % des RH sondés par l’ANDRH indiquent que l’implémentation de l’intelligence artificielle dans leur structure est un projet, 15 % ont mis en place des formations à l’IA pour certains métiers et 8 % des formations à l’IA pour tous.

6% ont mis en place une charte annexé à leur réglementation intérieure pour cadrer l’utilisation de l’IA.