Les Français vont-ils retourner au cinéma ?
Musées, cinéma, spectacle vivant… Le secteur de la culture (2,3% du PIB) qui devrait connaître une baisse de 25% de son chiffre d’affaires en 2020 en raison de la pandémie, va devoir reconquérir les Français : nombre d’entre eux sont réticents à reprendre leurs habitudes dans ce domaine, montre une étude du cabinet L’œil du public.
20% des Français projettent de ne retourner dans une salle de spectacle ou visiter une exposition qu’en… 2021. C’est l’un des enseignements, lourds en conséquences pour le secteur de la culture, de l’étude réalisée par L’œil du public, cabinet d’étude et de conseil. En juin, il a sondé les Français sur leur attitude vis à vis de la culture durant le confinement et leurs intentions pour l’après. Dans le contexte anxiogène de l’été, les réponses sont allées dans le sens d’une reprise des pratiques culturelles «lente et progressive», et dans des modalités restreintes, note l’étude. La crainte sanitaire et la prudence économique se conjuguent pour les freiner et conduire près de la moitié d’entre eux à envisager de réduire leurs sorties de loisirs.
Précautionneux quant à leurs finances, 43% des Français comptent réduire leurs dépenses culturelles, une proportion encore plus importante chez les moins de 44 ans (46%). Et au sein du public des abonnés, la moitié seulement est décidée à renouveler cette démarche. L’inquiétude concernant les conditions sanitaires pèse aussi : pour éviter les possibles contagions, le tiers environ des Français préfère attendre la fin de l’épidémie avant de reprendre ses activités culturelles. Toutefois, la moitié d’entre eux se déclarent prêt à retourner au spectacle ou dans les musées, avec une préférence pour les endroits en extérieur, et où le visiteur se déplace, à condition que les mesures sanitaires leur apparaissent satisfaisantes. Le dispositif attendu : présence de gel hydroalcoolique, port du masque et distanciation sociale.
Le numérique, globalement décevant
Les Français ont beau faire preuve de prudence, les activités culturelles ont manqué à un tiers d’entre eux durant le confinement, montre l’étude. En tête des activités qui leur ont le plus fait défaut : le cinéma, suivi du spectacle vivant, du patrimoine, et enfin, des médiathèques, parcs et musées. Privés de ces ressources, 70% des sondés se sont repliés sur celles qu’offrait le Web, passant notamment une partie de leur temps libre devant des films et des séries. Par ailleurs, 14% de Français ont regardé des captations de spectacles (théâtre, opéra, concert, danse, festival…) pendant le confinement. Ceux-là ont visionné trois spectacles en streaming, dont les trois quarts jusqu’au bout, fait exceptionnel par rapport aux taux habituels, note l’étude.
Par ailleurs, les usages culturels online varient sensiblement selon les âges. Les moins de 30 ans ont été – de loin – les plus actifs : 82% d’entre eux ont regardé films, séries et documentaires, contre 56% de leurs aînés. Au global, toutefois, le numérique n’a pas procuré aux Français «autant de plaisir et de richesse expérientielle que les activités vécues en présentiel (…) Rien ne remplace l’expérience émotionnelle ou esthétique vécue dans une salle de cinéma, de théâtre ou de concert », constate l’étude. Dans le même sens, les efforts menés par des bibliothécaires durant le confinement pour conserver un lien avec leur public, via les réseaux sociaux, n’a pas empêché les Français de souffrir de la fermeture du réseau des quelque 16 000 médiathèques et bibliothèques…
Le soutien du plan de relance
Dans le cadre du plan de relance de 100 milliards d’euros, présenté le 3 septembre par le gouvernement, le secteur de la culture bénéficie de 1,6 milliard d’euros au titre du soutien à la filière et pour les rénovations patrimoniales. Le programme pour les investissements d’avenir (Pia) comporte également un volet de soutien aux industries culturelles et créatives (400 millions d’euros sur cinq ans).
Anne DAUBREE