Les échappées belles des musées

Proposer une exposition qui va faire le tour du monde, collaborer avec les équipes des musées vietnamiens… Les musées sortent parfois de leurs murs, et c’est toujours l’occasion d’échanges fructueux.

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Business, culture ou les deux ? Le 27 avril dernier, Museum Connections organisait une table-ronde consacrée à « Exporter le savoir-faire français et rayonner à l’international ». Deux témoignages, celui des représentants du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse et du Musée des Confluences, à Lyon, ont montré la richesse et le potentiel de ces démarches qui favorisent toujours les échanges sur le plan culturel et aussi commercial.

Par exemple, le Muséum de Toulouse, deuxième muséum d’histoire naturelle de France avec 300 000 visiteurs par an, s’est lancé dans l’aventure de l’itinérance en 2011. Il propose aux autres établissements un catalogue d’expositions. L’une d’elle, consacrée aux bébés animaux, a été réalisée en collaboration avec le Muséum des sciences naturelles de Bruxelles. « Il s’agit d’une exposition importante, avec une centaine de spécimens. Elle a été présentée en France, en Suède, et en Espagne », témoigne Joy Latour, muséographe, cheffe de projet expositions et itinérance au Muséum de Toulouse. Aujourd’hui, l’institution fait circuler une autre exposition «Impact, la biodiversité en questions », réalisée par le Natural history Museum de Londres et enrichie du Toulousain. Elle se veut le plus écoresponsable possible (choix des matériaux, encres, travail avec des entreprises locales ... ) . « Il s’agit d’un tournant dans notre politique. Nous nous questionnons sur la manière de faire évoluer notre activité », explique Joy Latour.

A Lyon, la démarche du Musée des Confluences est complètement différente. Créé en 2014, ce musée d’anthropologie attire quelque 700 000 visiteurs, chaque année. Depuis l’an dernier, il a développé un projet de coopération culturelle avec des professionnels du patrimoine à Hô Chi Minh-City, Danang et Hué, au Vietnam. L’objectif consiste à les sensibiliser au développement, à l’évaluation et à l’étude des publics. « Nous avons été à l’écoute des demandes des musées vietnamiens. Aujourd’hui, nous collaborons avec cinq d’entre eux », explique Cédric Lesec, le directeur des relations extérieures et de la diffusion au Musée des Confluences. L’objectif du projet réside dans l’élaboration – par les Vietnamiens- d’un outil muséal conçu par le musée lyonnais, et adapté aux besoins locaux : des « cabanes à histoires ». Ces structures légères, placés hors des institutions muséales, permettent de faire rayonner leurs collections auprès de tous les publics.

Des millions de visiteurs en plus

Point commun entre les démarches si différentes des deux musées, hasard et rencontres ont largement contribué à leur démarrage. A Lyon, « nous avons bâti une politique de coopération sur la base d’opportunités qui se sont présentées dès l’ouverture du musée », explique Cédric Lesec. Sa spécificité, le caractère universel de son propos a, en effet, attiré l’attention d’acteurs culturels de l’étranger.

A Toulouse, une opportunité ponctuelle a ouvert la voie au museum : le succès de son exposition « Préhistoire(s), l’enquête » a retenu l’attention du Palais de la découverte, à Paris, qui a demandé le développement d’une version itinérante. « Nous avons saisi cette opportunité. A présent, lorsque nos expositions temporaires fonctionnent bien, nous travaillons sur des versions itinérantes. Cela représente une possibilité de rayonner, y compris à l’international », note Joy Latour. La démarche se concrétise par un rapprochement très fructueux avec d’autres établissements. « Nous sommes insérés dans un réseau de musées qui cherchent des expositions, et nous accueillons celles qu’ils créent. Nous présentons des expositions ‘clés en main’ qu’ils peuvent adapter, traduire… souvent, ils s’approprient des projets, les enrichissent et nous autorisent à utiliser ces nouveautés », précise Joy Latour. Cédric Lesec, lui, souligne une autre dimension d’échange des démarches d’itinérance. Le musée avait déjà développé des « cabanes à histoires » dans la métropole lyonnaise, et c’est l’expérience locale, son insertion dans le territoire, qui lui a permis de proposer une approche pertinente au Vietnam.

Quant à la dimension financière de ces projets, elle est hors-sujet pour le musée lyonnais,« notre logique est celle de la solidarité, et non de la fabrication d’un modèle économique d’expositions qui circulent », précise Cédric Lesec. En revanche, à Toulouse, l’activité d’itinérance d’expositions ( ingénierie comprise) génère 3 millions d’euros par an. Elle est devenue la troisième recette après la billetterie et la boutique. Et culturellement, elle représente 2,5 millions de visiteurs touchés... Hors du musée…


L’itinérance, un nouveau marché ?

Le site internet https://www.teo-exhibitions.com met en relations institutions et organisations culturelles qui présentent ou cherchent des expositions itinérantes, au niveau international.